Adelin (Julien) AUBERT – 1888-1935

Evocation: le choix d’une province pour les religieux après 1923.
On sait qu’avec l’organisation de la Congrégation en quatre provinces en
1923, il était laissé au choix des religieux le soin d’indiquer leur
préférence pour une province d’élection, démarche qui ne fut pas toujours
simple pour eux, témoin cette lettre du 45 mai
1925 du P. Adelin au P. Gervais Quenard: « Je croyais de bonne foi que vous
aviez toute latitude pour me fixer dans une province à votre choix, et cela
sans inconvénients, dès lors que je m’en remettais à votre sage décision et
que je vous déclarais l’accepter de grand cœur, avec la plus entière
soumission. Dans ce sens, je vous avais envoyé une feuille d’option au mois
de novembre
1923. Je m’étais fait le raisonnement suivant: n’ayant jamais été affecté à
une maison quelconque en dehors de celle des malades, celle-ci étant
inter-provinciale, j’appartiens donc probablement à ma province d’origine
[Paris]… Puisque votre désir est que j’opte, je m’y résigne. La province
du Centre [Paris] aurait toutes mes préférences, si je savais pouvoir y
rendre service et y travailler. Mais j’opte pour la province de Lyon… ».
4 mai
1925.

Religieux français de la Province de Lyon.

Un parcours de formation déjà interrompu par la maladie.

Julien est né le 22 octobre 1888 à Tiranges dans la Haute-Loire au diocèse du Puy. En 1904, il rentre à l’alumnat de Mongreno, mais pour cause de santé, doit regagner sa famille (1905). Il est admis à nouveau à l’alumnat de Sart-les- Moines en Belgique de 1906 à 1909, puis de 1911 à 1912, après une interruption dûe aux obligations militaires qui se déroulent principalement à Arras. il entre au noviciat de Limpertsberg au Luxembourg en 1912 et prononce ses premiers vœux le 15 août 1913. La guerre éclate (août 1914), le Luxembourg est envahi et le fr. Adelin se trouve derrière les lignes avec dix autres compagnons; il réussit à les franchir pour gagner la caserne où il est réformé fin décembre 1914 mais où sa pleurésie se complique d’une tuberculose que même le séjour en sanatorium ne peut guérir.

Il se rend à Rome pour commencer sa philosophie, il y prononce ses vœux perpétuels le 6 janvier 1915. Le climat ne lui étant pas favorable, on l’envoie à la maison de repos de San Remo. Il est ordonné prêtre à Vintimille le 13 octobre 1918, après un parcours théologique un peu cahotant. Il reste à San Remo jusqu’en 1923, date de la vente de la villa Certosa et il est hospitalisé à San Carlo de Locarno (1923-1926). De 1926 à 1932, il réside à la maison provinciale de Lyon-Debrousse où il est heureux de pouvoir rendre quelques services à la procure et à l’aumônerie de la Réparation. C’est sa joie et sa fierté que de pouvoir assurer de petits services qui déchargent ses confrères d’un emploi de temps trop rempli. En 1932, la santé ne s’améliorant toujours pas,

Notices Biographiques A.A Page : 101/101 le P. Adelin est envoyé à Lorgues où il demande à s’occuper du soin du jardin et de la vigne. Un peu comme s’il s’oblige de lui-même à quitter ce statut un peu enfermant de malade continuel …

Les derniers jours.

Toute la vie du P. Adelin est marquée par la maladie: dès l’enfance, pendant les années de formation et même dans les premières années de son ministère. C’est pourquoi dès 1915 il ne fréquente guère que les maisons de repos de la Congrégation. Il n’est ordonné en 1918 qu’avec dispenses et pour la consolation de pouvoir célébrer quelques messes avant de mourir, comme cela se pratique à cette époque.

Cependant au grand étonnement de tous, sa vie s’est prolongée durant 17 ans et malgré une maladie toujours présente, il tient à rendre tous les services possibles grâce à une volonté d’acier. On dirait même que son énergie allait jusqu’à pouvoir vaincre son mal, au moins apparemment.

De passage à Lorgues, le 9 avril 1935, le P. Ernest Bouvy, frappé de son état squelettique lui propose le sacrement des malades qu’il accepte avec joie. Dans la nuit de cette semaine sainte entre le lundi et le mardi 16 avril 1935, il meurt paisiblement le jour anniversaire du décès du P. François Picard. La tuberculose l’a en quelque sorte rongé de longues années et complètement décoloré, sans que cela diminue en rien son courage et sa volonté comme si la maladie même le poussait à se rendre utile malgré tout. Il laisse le souvenir d’un compagnon très fraternel dans ses relations, absolument décentré alors que son état aurait pu le replier sur lui-même, admirable d’énergie malgré une insuffisance respiratoire très pénible qui lui faisait gravir très lentement les escaliers de la maison de Lorgues.

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Bibliographies

Bibliographie : Lettre à la dispersion 1935, n° 575, p. 160; n° 579, p. 185-186. Notice biographique par le P. Marie-Alexis Gaudefroy.