Adéodat (Pierre-Abel) DUGACHARD – 1892-1988

Fondation à Rio.
« Notre fondation est donc chose faite. J’espère que notre lère résidence
de Rio ne vous a pas trop scandalisé! Si l’extérieur semble riche,
l’intérieur reste pauvre et bien des choses encore nous manquent. Nous
avons pris ce que nous avons pu et ce que nous avons trouvé de moins cher
comme location dans ce quartier de luxe où le cher cardinal [Sebastiano
Leme da Silveira Cintra] nous a voulus. Dieu veuille que nous
puissions y tenir à trois, en attendant du renfort que l’on ne nous laisse
pas espérer avant un ou deux ans. Dieu veuille aussi que nous puissions y
faire aimer Notre- Seigneur, la très Sainte Vierge et l’Assomption. Le
dimanche
20 [décembre 1936] nous inaugurerons notre modeste chapelle, avec un autel
d’emprunt. Elle est placée sous le vocable de Notre-Dame de Consolation,
j’aurais préféré Notre-Dam e de l’Assomption, mais l’église paroissiale est
déjà dédiée à notre patronne. L’essentiel c’est que notre bonne Mère du
ciel soit notre gardienne et notre guide dans l’apostolat. Nous trouvons
pas mal de sympathies autour de nous, c’est encourageant et cela promet
pour l’avenir… ». P. Adéoadat Dugachard, Rio,
11.12.1936.

Adéodat (Pierre-Abel) DUGACHARD

1892-1988

Religieux de la Province de France.

Un temps de formation interrompue.

Pierre-Abel Dugachard est né le 19 décembre 1892 à Nassiet, dans les Landes. Il y est baptisé le jour même. Ses études secondaires se font dans les alumnats en Espagne, Calahorra, de 1905 à 1911. A Gempe (Belgique), il prend l’habit assomptionniste et le nom d’Adéodat le 14 août 1911. « Le Frère Adéodat a un caractère difficile, porté à la critique, défaut dont il a cherché à se corriger, grâce à sa franchise et à sa bonne volonté ». Après sa première profession à Limpertsberg (Luxembourg) le 15 août 1912, il fait une année d’œuvres au collège de Brousse (Turquie). En 1913, il accomplit son service militaire au 18ème régiment d’infanterie à Pau.

La vie militaire: caserne. guerre, capitivité.

De 1913 à 1919, le Frère Adéodat est sous l’uniforme, caporal mitrailleur sur le front de l’Aisne, passant Noël dans les tranchées du plateau de Craonne qui zigzaguent, distantes de 30 à 100 mètres des tranchées allemandes. On connaît, grâce aux chroniques du Frère Adéodat données à la Lettre à la Dispersion, les épisodes les plus tumultueux de cette vie dangereuse. Le 9 février 1915, un gros titre annonce sa disparition. En fait le Frère Adéodat n’est pas blessé, sinon légèrement au bras, mais fait prisonnier, depuis le 25 janvier. Il est déporté en Prusse, au Kriegsgefangenenlager de Limberg-an-der-Lahn. Le 20 juillet 1918, il est interné sur les bords du lac Léman (Suisse), à Glion-sur-Montreux. Il espère rejoindre Locarno, mais l’accès au Tessin est interdit aux internés français. Il s’inscrit à l’Université de Fribourg (10 octobre). En décembre 1918, il est en route pour Bordeaux. C’est la fin d’une odyssée qui le marque à vie. Démobilisé en 1919, âgé de 27 ans,

le Frère Adéodat retourne en Belgique pour continuer ses études: philosophie à Taintegnies et théologie à Louvain où il est profès perpétuel le 8 décembre 1921 et ordonné prêtre le 26 juillet 1925.

Premiers ministères et économat provincial de Bordeaux.

Pendant une année, le Père Adéodat se repose dans une famille de l’Aude, comme chapelain du marquis de Suffren. En 1926, il est nommé à la maison provinciale de Bordeaux-Caudéran. La chapelle Balaresque vient d’être agrandie et de passer sous le patronage de Notre-Dame de Salut. Pendant 10 ans, le P. Adéodat exerce son ministère auprès de cette population, fondant et dirigeant une œuvre ouvrière florissante dans les usines et ateliers de la verrerie Domec, l’Elite ouvrière. En 1935, la Province de Bordeaux décide de fonder une mission à Rio de Janeiro au Brésil. Le P. Adéodat et le P. Quirinus Thyssen, venu de Hollande, rejoignent le P. Chérubin Artigue (1889-1964), arrivé à Buenos-Aires trois mois plus tôt. Le P. Adéodat est supérieur du groupe, mais sa santé ne résiste pas au climat. Il rentre en France, septembre 1937. Le P. Alexis Chauvin lui succède. De 1937 à 1939, le P. Adéodat est économe au scolasticat de Layrac (Lot- et-Garonne). Il est ensuite pendant 7 ans supérieur et directeur de l’orphelinat de Toulouse (1939-1946). Nommé économe provincial en 1946, le P. Adéodat retourne à Caudéran où il est également chargé de la chapelle Sainte-Monique. Notre-Dame de Salut est devenue église paroissiale en 1937. En août 1951, la curie provinciale de Bordeaux émigre à la rue Croix-de- Seguey, au cœur de la ville de Bordeaux. En avril 1961, elle s’installe à Caudéran, rue de Lacanau. Un chalet y a été acquis en 1959 ainsi qu’un terrain sur lequel se sont élevés un spacieux bàtiment et une belle chapelle semi-publique. Pendant 23 ans, le P. Adéodat considère sa fonction d’économe comme un véritable ministère (1946-1969).

Dernières années.

En 1969 le P. Michel Roudault prend sa succession. Le P. Adéodat reste sur place. En 1982, l’Assomption quitte la rue de Lacanau. Le Père Adéodat a maintenant 90 ans, il a bien l’âge de se retirer à la maison de Layrac, aménagée en maison de repos. Il meurt le 26 décembre 1988 à 96 ans. Les obsèques sont célébrées le 28 décembre.

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Documents Assomption, Nécrologe (IV) 1987-1990, p. 45-46. Assomption France, Nécrologe année 1988, p. 153-155. Voulez-Vous? (bulletin de Layrac), 1989, n° 148, p. 3-6. Lettre du P. Dugachard au P. Gervais Quenard, 11 décembre 1936. Correspondances dans les ACR du P. Adéodat Dugachard (1915-1946) et rapports sur Rio (1936-1967). Le P. Adéodat D. a écrit des articles sur l’Assomption à Rio de Janeuro dans la revue L’Assomption et ses œuvres (1936) et a donné de nombreuses chroniques pendant la période de sa vie militaire (1914-1918). Notices Biographiques