Adhémar (Pierre-Henri-Léon) MERCKX – 1889-1953

Option.
« Les Pères Provinciaux sont nos hôtes; ils ont été reçus comme vous le
fûtes l’an dernier. Je n’entre pas dans le détail, vous serez mis au
courant de tout. Je vous écris dans le but de faire régler ma situation par
rapport à la Province dont je dois faire partie. Me voici donc appelé à la
Roumanie et il semble que ce soit pour assez longtemps. Ne vaudrait-il pas
mieux pour moi que j’opte tout
simplement pour la Province dans laquelle je désire travailler toute ma
vie? Si je puis manifester un désir, je
demande à passer purement et simplement dans la Province de l’Est,
renonçant par conséquent, à la Province belge avec laquelle je n’ai aucun
rapport. Le P. Provincial de Lyon [Elie
Bicquemard] n’est pas opposé, vu les circonstances, à me recevoir dans la
sienne, le P. Provincial de Belgique- Hollande [P. Rémy Kokel] me laissera
filer sous d’autres
cieux.

Croyez, mon cher Père, à l’expression de mes sentiments les plus filiaux,
vous qui êtes
le protecteur de la mission d’Orient ».

P. Adhémar Merckx.

Religieux belge de la Province de Lyon.

De pérégrination en pérégrination.

Pierre Henri-Léon Merckx est né le 14 mars 1889 à Anderlecht, près de Bruxelles dans une famille belge très pauvre. A l’âge de 9 ans, sa mère, Louise née Depauw, le conduit à l’alumnat de Taintegnies (1898-1899). Avant de franchir le seuil de l’entrée, elle exhorte son fils à l’oublier pour qu’il ne soit plus que tout à son affaire. Elle meurt deux ans plus tard. Trop jeune, l’enfant reste quelque temps chez les Salésiens, dans leur pensionnat tout proche de Thernat (1899-1900). Repris par l’alumnat de Bure (1900-1902), Pierre Henri entreprend ses humanités à Saint-Trond (1902-1904) et vient les achever à Taintegnies (1904-1906). Le Il septembre 1906, il prend l’habit, sous le nom de Frère Adhémar, à Louvain. Profès annuel le Il septembre 1907 et profès perpétuel l’année suivante à la même date, il accomplit également à Louvain ses deux ans de philosophie (1908-1910). Selon la coutume, il est alors envoyé en maison d’œuvres en Asie-Mineure. Il assume une année de professorat à Eski-Chéïr (1910-1911), deux autres à Konia. En 1913, il commence sa théologie à Kadi-Keuï (1913-1914), puis il mène de front l’étude avec le professorat à Brousse (1914), à Philippopoli en Bulgarie (1914- 1915) et achève sa théologie à Rome (1916-1917) où il est ordonné prêtre le 17 mai 1916. Tous ces voyages sont pour lui favorables à la connaissance du monde, des situations et des mentalités, sinon aux études ecclésiastiques. Jeune prêtre, le Père Adhémar est versé à l’alumnat de Vinovo (Italie), de 1917 à 1922. Il y apprend l’italien et le dialecte piémontais qu’il est encore capable de parler en 1950. Il fait encore un passage rapide en France, à Scy-Chazelles (Moselle), de 1922 à 1923.

Pionnier de la Mission roumaine.

En 1923, c’est le grand mouvement de toutes les situations à l’Assomption, après la guerre, après la période transitoire du vicariat du P. Maubon, avec la mise en place d’une nouvelle Curie et l’organisation des Provinces. Le P. Adhémar est désigné pour la Roumanie où l’Assomption est sollicitée en Transylvanie par les évêques uniates. Professeur et confesseur au grand lycée des jeunes filles à Blaj, supérieur de la communauté en 1925, le P. Adhémar sel donne tout entier à ce nouveau champ d’apostolat. Il baptise la maison de l’Assomption en cette ville du nom monastique de Casa Domnului, maison du Seigneur. Lui-même, le 18 mai 1941, reçoit à Blaj la bénédiction abbatiale de rite oriental qui le crée archimandrite de l’Eglise roumaine unie. Grâce à une poignée de religieux, la mission connaît un remarquable développement (Blaj, Lugoj, Beius, Bucarest). L’inculturation des religieux est totale: langue, rite, culture. Le transfert de l’institut byzantin à Bucarest marque la consécration d’une présence et d’un apostolat qui servent le rapprochement des Eglises. Mais après la guerre, période difficile où les religieux, du fait des alliances politico-militaires, sont coupés de l’Occident, la santé du P. Adhémar s’altère. Le changement de régime politique qui s’en prend aux confessions religieuses, l’affecte beaucoup. En 1947, le Père Adhémar vient se reposer quelque temps, mais le visa de rentrée en Roumanie lui est refusé. Le Provincial de Belgique l’envoie se dévouer au centre de pèlerinages à Banneux dont il a toujours propagé le culte. n’a-t-il pas emporté, entre les deux guerres, dans ses bagages en Roumanie les plans de la ‘petite chapelle’? Après une année et demi d’apostolat marial, le Père Adhémar est envoyé au repos à la paroisse de Toulon-La Ginouse (Var). Il passe encore en 1950 à Scy-Chazelles (Moselle) où il trouve un emploi conforme à ses préoccupations majeures, l’Archiconfrérie de Notre-Dame de l’Assomption pour l’union des Eglises. En 1951, il repasse en Belgique et trouve sa dernière résidence à l’abbaye de Saint-Gérard. Directeur national de l’œuvre en Belgique, il sillonne les routes pour de nombreuses conférences et prédications, célébrant l’Eucharistie selon le rite oriental, en langue roumaine. Il meurt le 13 juillet 1953 et il est inhumé à Saint-Gérard. Toute sa vie a été donnée à la grande couvre de l’union des Eglises et au message évangélique de l’unité. Religieux enjoué, il a conservé jusqu’au bout l’esprit gouailleur qui excelle à Bruxelles dans la zwanze, ces réparties spirituelles qui émaillent les conversations de souvenirs pittoresques et croustillants. Son secret est sans doute dans la force de la foi qui transparaissait dans le don de sa parole simple et chaleureuse, accordée aux vérités surnaturelles qu’il savait partager et exprimer.

Bibliographies

Bibliographie et documentation: B.O.A. juin 1954, p. 70. Lettre à la Famille 1953, no 158, P. 7’l-72. Contact, 1953, no 21 (In memoriam) et Jeunesses (Bure) 1953, no 4. Lettre du P. Adhémar Merck au P. Gervais Quenard, , Blaj, 12 mars 1925. Dans les ACR, du P. Adhémar Merck, correspondances (1910-1953).