Adolphe (Alphonse Marius) BOUSQUET – 1890-1957

Nouvelles de 1’hopital, Troyes: 8 mars 1916.
« Ici à l’hôpital, j’ai toute facilité. Le matin sers deux messes et je
communie. J’ai toute ma journée 1ibre pour faire mes exercices de piété.
Quand je les ai achevés, je 1is les excellentes publications de la Bonne
Presse que vous avez la bonté de nous faire envoyer, ne reculant devant
aucun sacrifice quand il s’agit de
notre bien.
Voilà plus de deux mois que je suis à l’hôpital, mais je vais bientôt en
sortir. Le 21 mars j’ai aussi une petite opération à la main gauche. Je
suis resté
10 jours couché, maintenant je suis presque guéri. Je vais donc bientôt
retourner au dépôt. Cependant je ne crois
pas encore être mobilisable car j’a i deux doigts qui ne marchent pas mieux
qu’avant l’opération. Je suivrai donc encore un traitement pendant un
certain temps.
L e P. Marie-Emile est ici aux environs de Troyes, je voulais bien aller le
voir mais c’est un peu loin pour y aller à pied et je n’ai pas encore
trouvé de bicyclette. On est si heureux de se revoir. Le Fr. Louis est venu
me dire bonjour en partant au front, nous avons passé une bonne après-midi
ensemble ».
Fr. Adolphe . au P. E. Bailly.

Religieux de la Province de Paris.

Un compatriote du P. Louis-Henri Bélard.

Né le 29 décembre 1890 à Combe-l’Aire, commune de Montbrun, au canton de Sainte- Enimie (Lozère)à quelque 7 km. d’Ispagnac, berceau natal du P. Bélard, Alphonse-Marius est d’abord scolarisé chez les Frères des Ecoles chrétiennes à Ste Enimie (1904-1905) puis à l’école communale de Montbrun (1905-1906). Le pays lui doit, selon les lois de Taine, son caractère entier, ses apparences de dureté et son extérieur bourru mais aussi une bonté cachée et une endurance à toute épreuve. En 1906, il fait connaissance avec l’hospitalière Belgique pour commencer ses études secondaires à Sart-les- Moines (1906-1910). Il prend l’habit le 14 août 1914 sous le nom de Fr. Adolphe à Gempe, noviciat campagnard et inconfortable, y fait sa première profession le 15 août 1911 et va poursuivre sa deuxième année de noviciat à Limpertsberg au Luxembourg où il est admis à la profession perpétuelle le 15 août 1912. Cette expérience religieuse, de type monacal, n’est pas sans rigueur: il n’hésite pas et se rend à Louvain pour les études de philosophie (1912-1914). Mobilisé le 4 août 1914, le voici en campagne, de la Belgique à l’Artois, en tranchée dans ce qu’il nomme ‘la boyaupolis’ jusqu’au samedi 15 mai 1915 où dans le cimetière de Neuville il est enseveli sous un mètre de terre. Dégagé, mis à l’abri de la mitraille, il est blessé à la main gauche, mal soigné et réformé (24 décembre 1916). L’hiver fait rage, mais rien le ne retient: il traverse la Loire à pied sec pour gagner Saint- Maur (Maine-et-Loire). Il gagne l’installation de fortune à Bourville (Seine-Maritime) pour commencer ses études de théologie (1917-1918) qu’il poursuit à Rome (1918-1919) et achève à Louvain (1919-1921) où il est ordonné prêtre le 7 août 1921, à 31 ans.

Années de professorat et de ministère.

Ces années d’après-guerre sont des années de reconstruction et de suppléance dans l’urgence. Le P. Adolphe est d’abord nommé à l’alumnat Sainte-Odile de Scherwiller (Bas-Rhin) de 1921 à 1925, puis au collège de Sens (1925-1931) que la Province de Paris – à laquelle il demande son affiliation – a pris en charge, enfin aux alumnats de Poussan (1931-1933) et de Vérargues (1933-1937) dans l’Hérault. Il y retrouve le P. Marie-Lucien Couderc. En 1937, le P. Adolphe va épauler le P. Didier Nègre à Saint-Denis, près de Paris dans cette maison de vocations tardives que la guerre de 1939-1943 va anéantir. Le P. Adolphe est une deuxième fois ‘enterré’ vivant, cette fois dans un corridor. En 1947, il gagne le secteur de Montmirail dont l’évêque de Châlons-sur-Marne, Mgr. Tissier, confie l’animation aux Assomptionnistes. Le projet d’établissement à la ‘chapelle de Dormans’, domaine des ‘ex-voto’ de la guerre de 14-18 tombe à l’eau, du fait de la mort subite du P. Couderc en septembre 1948: Mgr. Piérard offre les lieux aux Salésiens qui y établissent leur noviciat. Revient à l’Assomption l’animation paroissiale du secteur de Montmirail. Déjà en 1938, Mgr. Evrard, évêque de Meaux (Seine-et-Marne) a chargé l’Assomption de l’animation du sanctuaire de Notre-Dame de Pitié à Verdelot: le P. Adolphe y prend la succession du P. Blaise Cherny en 1949 sur cette boucle du petit Morin. Il parcourt tous les hameaux de cette vallée et des plateaux à bord d’une vieille Citroën légendaire qui rend bientôt l’âme et qu’il échange contre une moto. A titre d’ancien combattant, il préside l’Association locale et pénètre dans bien des milieux indifférents, grâce à la complicité d’une sœur infirmière, Sr Marie-Damien, du prieuré voisin des Augustines de Meaux, à Verdelot. En 1954, fatigué, le P. Adolphe fait un séjour à l’hôpital de Coulommiers. Il est atteint d’une leucémie qu’il soigne pendant deux ans grâce à des transfusions. Le mal est le plus fort: le P. Adolphe meurt le 13 février 1957 dans la nuit, vers 2 heures, comme son confrère et ami le P. Bélard à Paris. Il est inhumé le samedi 16 février dans la tombe des prêtres au cimetière de Verdelot, à l’ombre de ce sanctuaire de Marie dont il n’a cessé de propager le culte.

Bibliographies

Bibliographie et documentation: B.O.A. octobre 1958, p. 27. Lettre à la Famille, 1957, n° 224, p. 21; n° 232, p. 84-87. L’Assomption 1957, n° 515, p. 20-22. La Croix de Seine-et-Marne, 24.02.1957. Ont été gardés du P. Bousquet de la correspondance (période militaire 1914-1916) et un rapport de Dormans (1948).