Religieux français de la Province d’Amérique du Nord.
Un assomptionniste chanteur et chantre.
Adrien est né le 13 février 1863 à Cendras près d’Alès (Gard). Il fait ses classes primaires chez les Frères des Ecoles chrétiennes de Tamaris (Gard) et entre à l’ alumnat d’Alès (1879-1880) avant de gagner Clairmarais (Pas-de-Calais) pour les humanités (1881-1882). Il prend l’habit religieux le 5 mai 1882 au noviciat d’Osma en Espagne et y prononce ses vœux perpétuels le 20 juillet 1884 entre les mains du P. Emmanuel Bailly qui écrit pour son rapport: « Agé de 21 ans, le Frère Adrien est un bon garçon un peu lourd et épais, mais docile et généreux. Il s’effraie et s’embarrasse facilement par timidité, faisant preuve encore d’une grande naïveté Quoiqu’arriéré sur le plan des études, il a fait des progrès considérables. Très humble, il ne voulait être admis dans nos rangs que comme frère convers, mais il pourra faire un frère de chœur en poussant les études. Il a de bonnes dispositions pour le chant et une très belle voix. Préférant s’occuper des pauvres et des petits, il irait avec bonheur en mission ». Il est du nombre de ces novices qui font le palpitant pèlerinage de Saint-Jacques de Compostelle à pied et sans argent. Après le noviciat, il continue sur place sa formation intellectuelle et spirituelle: il est ordonné prêtre le 5 mars 1887 à Osma où il reste jusqu’en 1889: « On m’a laissé tout jeune, supérieur à Osma, avec l’obligation de fonder un collège, ce que j’ai tâché de faire de mon mieux, bien que le P. Picard ne tînt pas beaucoup à garder ce couvent ». A peine ordonné, il maîtrise si bien le castillan qu’il est invité à prêcher à la cathédrale d’Osma devant des parterres choisis. Il garde de ce séjour en Espagne un souvenir ineffaçable et c’est toujours au bénéfice de fidèles hispanisants qu’il va exercer son ministère.
Un doyen qui se prépare à l’éternité. « Comme aîné de la famille et, je crois aussi, comme le seul de vos fils qui ait connu notre vénéré fondateur, je vous apporte l’hommage de mon respect et de ma filiale affection. Je crois que le manteau d’Elie est lourd sur vos épaules, depuis le jour où vous avez été choisi comme notre père à tous. Je pense faire partie du nombre de ceux qui vont en Europe le 19 janvier [1953], si Dieu le veut. Je désire aller en France saluer une dernière fois des parents. Que voulez-vous faire de ma pauvre personne, le reste de sa vie’? Je me retire d’Amérique pour rentrer en France me préparer quelque part au voyage de l’éternité. Le 13 février prochain, je vais entrer dans ma 91ème année et vraiment je ne puis être d’aucun secours pour mes frères. Eux travaillent généreusement au règne de Notre-Seigneur et je ne suis plus capable de faire grand’chose, en dehors de célébrer la messe et de confesser. Je suis presque toujours confiné dans ma cellule et je dis beaucoup de chapelets chaque jour. J’ai la vue très faible et je fais bien des fautes en écrivant. Excusez-les ». P. Adrien au P. Wilfrild Dufault.9.12 1952. New York.
Notices Biographiques A.A En mission au Chili et aux Etats-Unis.
Le P. Adrien est envoyé au Chili, l’année de la fondation de la mission (1890). Il y reste jusqu’en 1903, considérant ces années comme les plus belles de sa vie apostolique, en compagnie d’un ami de cœur le P. Darbois, également jeune missionnaire souvent par monts et par vaux, à cheval, protégé par un poncho. En 1903, le P. Adrien est envoyé à New York où l’Assomption accepte de répondre à la demande de l’archevêque, Mgr. Corrigan, de prendre en charge la chapelle de Notre-Dame de Guadalupe pour des fidèles de langue espagnole. Religieux aimable, adroit, aimant la galéjade comme un méridional, il ne tarde pas à devenir très populaire dans ce milieu. La chapelle ne suffisant plus, l’Assomption construit l’église Notre-Dame-de-l’Espérance, ouverte au culte en 1912. Le P. Adrien en est nommé curé et fait vivre ce lieu pendant plus de 36 ans! Mgr. Mac Intyre, d’abord évêque auxiliaire de New York, avant de devenir cardinal archevêque de Los Angeles, lui rend ce bel hommage: « De tous les prêtres de l’archidiocèse de New York, vous êtes celui qui m’a le plus impressionné par son caractère profondément sacerdotal, sa piété, son respect de la hiérarchie ». Le P. Adrien ne brille pas par l’éloquence, mais ses instructions simples, directes, bien préparées, ont le don de convaincre et d’émouvoir. Lui-même est souvent ému parce que, de nature sensible et même sentimental, le moindre souvenir le remue et lui fait venir les larmes aux yeux. Homme de conseil et de jugement, il est fréquemment demandé pour résoudre les cas de conscience difficiles ou embrouillés. Sa belle voix chaude sait régaler ses confrères des chansons françaises et espagnoles de son répertoire, tout comme il sait embellir ses histoires d’anecdotes pittoresques et humoristiques. Le P. Adrien est triste à 91 ans de quitter New York, mais la sagesse lui fait gagner Lorgues (Var) en 1953 où le P. Thomas le reçoit avec beaucoup de charité fraternelle. Il y meurt le 10 juillet 1954, ayant largement entamé sa 92ème année, doyen d’âge pour sa profession religieuse, légèrement surclassé par le P. Borromée Ferroux, son aîné de 6 mois.
Bibliographies
Bibliographie et documentation: B.O.A. juin 1955, p. 107-108. Lettre à la Famille 1954, n° 171,p. 73, 79. L’Assomption (Worcester), avril 1947, p. 188-189 (noces de diamant sacerdotales du P. Buisson). Dans les archives romaines sont déposées nombre de correspondances du P. Adrien (écrites entre 1888 et 1947). Certaines ont été publiées dans la Lettre à la Dispersion.