Agapit (Léon-Eugène-Marius) GENEVES – 1881-1943

Nouvelles de Belgrano, 1936.
« Notre Provincial, le P. Michel [Pruvost] est en ce moment au Chili. Le 20
décembre, il se trouvait à Rengo et je sais qu’il devait passer les fêtes
de Noël à l’alumnat de Mendoza. Il sera de retour en Argentine au milieu de
janvier et retournera à Bordeaux sur le CapArcona le 10 février. Le P.
Chérubin Artigue nous a quittés pour aller fonder au Brésil la première
maison assomptioniste. Le P. Michel l’a accompagné à Rio de Janeiro pour
l’installer, après l’avoir présenté au cardinal Leme, grand admirateur de
notre Congrégation. Son Eminence nous désire depuis longtemps pour nous
confier des oeuvres importantes. De plus, il paraît que les
Brésiliens sont très sympathiques aux Français. Beaucoup d’entre eux
parlent notre langue, de sorte que nos Pères là-bas se sentiront comme chez
eux. Le P. Romain [Heitmann] s’est enfui de la capitale, avec la permission
du Provincial, pour se reposer et se refaire des poumons au grand air de la
Cordillère argentine, près de la ville de Mendoza. Il est obligé de
s’éloigner d’ici, ses pénitentes ne lui auraient pas laissé un moment de
repos… ». P. Agapit G.

Agapit (Léon-Eugène-Marius) GENEVES

1881-1943

Religieux de la Province de Bordeaux.

Faire-part de décès en temps de guerre.

Le P. Gervais Quenard donne cette information à la famille de l’Assomption en juin 1943: « Le P. Zéphyrin Sollier apprend d’Espagne que le P. Agapit Genevès est mort en Argentine, sans indication de date. Né en 1881, prêtre en 1910 à Jérusalem, le P. Agapit s’est dévoué en Argentine et au Chili durant trente-trois ans, sans même demander à revenir voir la France. Que son exemple serve à ceux qui restent trop agglutinés à leurs pénates! Le mot de Jésus: ‘Laissez les morts ensevelir leurs morts’ s’applique à tous les religieux ».

Esssayons de reconstituer de façon moins sommaire le curriculum vitae du P. Agapit, d’après son dossier personnel: Léon-Eugène- Marius Genevès est né le 22 décembre 1881 à Rimon et Savel, petite localité près de Saillans (Drôme). Il fait ses études secondaires à l’alunmat de Miribel-les-Echelles (Isère) de 1894 à 1897 et à Brian (Drôme) de 1897 à 1899. Le 8 septembre 1899, il prend l’habit religieux à l’abbaye de Livry (Seine-Saint-Denis), prononce ses premiers vœux sous le nom de Frère Agapit à Phanaraki (Turquie), l’année suivante à la même date, et ses vœux perpétuels en 1901, également. Il va étudier la philosophie à Notre-Dame de France à Jérusalem (1901-1903). Selon l’usage du temps, une coupure est établie entre les années d’étude de la philosophie et celles de la théologie. Il est envoyé pour enseigner à Eski-Cheïr (1903-1905), à Ismidt (1905-1906) et, à nouveau, à Eski-Chéir (1906-1907). Il peut alors entreprendre ses études de théologie, de nouveau à Jérusalem (1907- 1910). Il est ordonné prêtre le 10 juillet 1910 par Mgr Piccardo. Il part ensuite pour la mission en Amérique du Sud: Los Andes (1911-1912), Lota (1912-1917). Il franchit la Cordillère des Andes pour l’Argentine: Buenos-Aires,

Belgrano (1917-1920) et Buenos-Aires, rue Chacabuo (1920-1923), Buenos-Aires, Belgrano (1923-1937) où le P. Agapit est supérieur à partir de 1929 et Santos Lugares (1937-1942). Le Père meurt le 16 janvier 1943: il venait d’achever sa 61ème année.

Jalons pour la fondation A.A. en Argentine.

C’est en 1912 que l’Assomption prend pied en Argentine à Santos Lugares, avec les PP. Romain Heitmann et Geoffroy Pierson. Cependant des jalons avaient été posés antérieurement, grâce à l’intermédiaire d’une Mme de Jacobé qui a facilité grandement l’implantation des Petites Sœurs à Buenos-Aires, après 1909. Une autre personne mérite également d’être mentionnée au rayon des ‘protecteurs’ de l’Assomption: il s’agit de l’archevêque de Buenos-Aires, Mgr Mariano Antonio Espinoza qui, déjà en 1901, écrivait au P. Picard:

« Ayant appris par l’intermédiaire de personnes catholiques très respectables que vous seriez incliné à fonder dans ce pays-ci une maison de votre Congrégation si un prélat vous offrait sa coopération, je suis heureux de porter à votre connaissance que je verrais avec un vif plaisir la réalisation de cette idée. je m’estimerai très honoré de prêter tout l’appui possible à cette bonne oeuvre et je puis déjà vous annoncer qu’une dame, appartenant à une des familles les plus distinguées de notre société destinerait avec plaisir la somme de 10 000 francs pour pourvoir aux premiers frais de la fondation de l’établissement. Ce pays-ci où grand nombre d’autres Congrégations modernes, dédiées à l’apostolat ou à l’enseignement, ont réalisé des progrès surprenants offre un champ très prospère pour toute initiative de ce genre et vous pouvez avoir l’assurance de la générosité de notre peuple, tout à fait enclin à prêter aide et protection à toutes les bonnes oeuvres. J’ai la ferme conviction que si vous vous décidiez à fonder une résidence dans mon archevêché, capitale de la République d’Argentine, vous n’aurez qu’à vous louer de votre décision. Vous pourriez envoyer trois ou quatre des plus distingués de vos religieux pour établir ici une résidence provisoire qui leur permettrait de se rendre compte de visu des probabilités de chance et arrêter le projet de la fondation d’une grande institution. je vous serais très reconnaissant si vous daigniez me communiquer votre résolution dans le plus bref délai. En attendant votre réponse j’ai l’honneur de vous offrir l’expression de ma respectueuse estime, avec laquelle je suis votre dévoué serviteur en Jésus-Christ ».

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Nouvelles de la Famille occupée, juin 1943, n° 20, p. 85. Dans les ACR, du P. Agapit Genevès, correspondances (1909-1936) et rapports sur Belgrano (1929-1935). Lettre du P. Agapit Genevès, Buenos-Aires, 2 janvier 1936, dans Lettre à la Dispersion 1936, n° 625, p. 53. Lettre de Mgr Mariano Antonio Espinoza, archevêque de Buenos-Aires au P. Picard, le 10 janvier 1901. Notices Biographiques