Le Père Agustín (Dionisio) Solanotc « Le Père Agustín (Dionisio) Solano » (1917-2000 ) – Chile – Argentina
Un homme délicat, un religieux fraternel
Dionisio Solano est le fils de Víctor Solano et de Filomena Gutiérrez. Il est né de parents espagnols, mais à Santiago du Chili, le 14 avril 1917, ce qui lui octroie la double nationalité, espagnole et chilienne. Il est le dernier d’une famille de 4 enfants et il est baptisé à la paroisse du Sacré-Cœur de Jésus, le 20 mai suivant. Encore tout petit, il est emmené en Espagne d’où ses parents sont originaires, Calahorra en Vieille-Castille.
A dix ans, il quitte la maison familiale pour entrer à l’alumnat d’Elorrio, au Pays Basque. A 15 ans, il se rend en France pour commencer son temps de noviciat, à Nozeroy (Jura) où il prononce ses premiers vœux, le jour de l’Assomption de l’année 1933. A 16 ans, il peut commencer ses études de philosophie, au scolasticat de Scy-Chazelles (Moselle) et à 19 ans, les études de théologie au scolasticat Saint-Augustin de Lormoy (Essonne). Le Frère Dionisio est ordonné prêtre à Madrid le 24 juin 1940, à l’âge de 23 ans. Un autre de ses frères, Jésus, devient prêtre dans la Compagnie de Jésus (u2020 6 mars 1982).
De l’enseignement à la mission
Le P. Solano a-t-il passé et obtenu deux certificats de licence ès-sciences, l’un en mathématiques générales (à Toulouse), l’autre en calcul différentiel. Toujours est-il que c’est en Espagne, à Madrid (1940-1942), puis à Elorrio (1942-1947) qu’il connaît les 7 premières années de son ministère sacerdotal comme prêtre enseignant. Il repasse la frontière des Pyrénées en 1947 pour enseigner à Toulouse (Haute-Garonne), de 1947 à 1954, et à Tarbes (Hautes-Pyrénées), de 1954 à 1956. En 1956, en réponse à son désir de vie missionnaire, il est envoyé en Argentine, à Buenos-Aires, comme vicaire de la paroisse et du sanctuaire de Santos Lugares. Le 3 janvier 1958, il est nommé supérieur de la communauté.
Au service de la Congrégation
Au mois d’août 1964, le P. Solano est promu Supérieur Provincial de la jeune Province d’Amérique du Sud (en fait de Chili-Argentine), après les deux premiers pionniers, les PP. Régis Escoubas et Joachim Duret. Il réside à Notre-Dame de Lourdes à Santiago du Chili, de 1964 à mai 1969. Car au Chapitre Général de 1969, le P. Solano fait partie de la nouvelle curie dirigée par le P. Paul Charpentier dont il devient l’assistant de langue hispanophone. Il est d’ailleurs reconduit dans la nouvelle équipe dirigée par le P. Hervé Stéphan en 1975 dont il est également le vicaire général. Il fait en plus fonction de supérieur de la communauté locale.
Un homme lucide face à la maladie
Il écrit le 11 février 1987 au P. Miguel Fuentealba, son Supérieur Provincial: “Depuis plusieurs mois, à plusieurs reprises, je vous ai parlé de mon incapacité, spécialement pour des raisons de santé, à continuer mes fonctions à la tête de la communauté religieuse de Lourdes, du sanctuaire et de la paroisse. Il me semble opportun de vous le redire maintenant et de le mettre par écrit, pour vous rendre plus facile la prise de décision qui s’impose. J’espère que mon état de santé qui se détériore, ne m’a pas empêché d’assurer correctement le fonctionnement de cet ensemble durant le mois de janvier. Mais, vu la proximité de la fête du 11 février, je me vois dans l’obligation de fixer comme date-butoir celle du 1er février comme étant le jour ultime de mes responsabilités de curé et de supérieur de Lourdes. C’est un devoir de conscience pour moi de ne pas prolonger une situation qui m’impose des obligations et des responsabilités que je ne peux plus tenir et qui endommage le prestige du sanctuaire. Je reste à votre disposition pour aller là où vous le jugerez opportun, pourvu que ce soit sans responsabilité que la maladie m’empêche d’assumer. Très fraternellement”.
Le P. Solano jusque là avait assuré le service d’assistant provincial et celui de conseiller de Province, de 1983 à 1985. De lui-même il décide de renoncer à ces fonctions pour les mêmes raisons. Il est gagné par la maladie de Parkinson et peu à peu il n’assure plus ni la présidence eucharistique, ni les confessions. Son ministère devient de plus en plus limité. Tout à fait conscient de son mal, car lui-même avait eu à soigner d’autres religieux atteints du même mal, le P. Solano perd progressivement toutes ses facultés et attend avec résignation le temps de la délivrance avec une grande sérénité: “Je suis calme, j’attends mon moment”.
Son témoignage de vie
De naturel timide, le P. Solano, de par ses origines espagnoles, a également des propos très spontanés et amusants. Lorsque le P. Miguel Fuentealba lui avait demandé s’il acceptait d’être Conseiller provincial, il avait répondu très librement: “S’il s’agit de donner des conseils, je ne ressens aucun inconvénient à le devenir”. Très aimé par son entourage et admiré pour ses vertus, le P. Solano s’est toujours fait un devoir de cultiver, tout au long de sa vie, les qualités qui font d’un être un homme complet et équilibré sur les plans humain et spirituel. Il sut mettre ses dons de sagesse et de sainteté au service de ses frères qu’il enrichit d’un témoignage de vie à la fois persévérant, simple et silencieux: homme de foi, religieux en relation intime avec Dieu, confrère rempli d’esprit de service, de délicatesse fraternelle envers chacun, de dévouement, d’austérité et de sens du travail. Sa maladie le préparait progressivement à la rencontre définitive avec le Seigneur. Il disait ne pas ressentir de souffrance physique, mais on sait que même s’il souffrait, il ne l’aurait jamais manifesté. Il souffrait plutôt intérieurement de voir son mal progresser, de se sentir inutile à la vie apostolique et de devenir une charge pour ses frères dont la maladie l’isolait de plus en plus.
Ceux qui ont eu à le soigner les dernières années de sa vie à l’infirmerie peuvent témoigner que le P. Solano était un malade modèle. Au commencement de la Semaine Sainte de l’année 2000, très tôt, le Seigneur est venu le chercher, au matin du 16 avril, à 83 ans accomplis. L’ayant trouvé prêt, le Seigneur l’a pris avec Lui. Ses confrères égoïstement auraient aimé le retenir encore parmi eux, mais l’on sait que dans ces circonstances, ce ne sont ni les opinions individuelles ni les sentiments des autres qui emportent la décision. Depuis le 17 avril 2000, le corps du P. Solano repose auprès de celui de ses confrères assomptionnistes, dans la crypte du Sanctuaire de Lourdes, à Santiago du Chili. La Province gardera du P. Solano le souvenir d’un confrère très estimé et regretté.
Selon le témoignage du P. Miguel Fuentealba Melo, Supérieur Provincial de Chili-Argentine et la transcription du Frère Anastasio Calle que nous remercions bien fraternellement.