Religieux de la Province de Paris. Un éducateur de valeur, trop tôt enlevé. Albert Jean-Baptiste Pradeilles est né le 7 mai 1930 au hameau de Conques, paroisse de La Capelle, commune de La Canourgue en Lozère. Quatre de ses tantes maternelles sont religieuses de Saint- Joseph de Clermont. Les affectations successives de son père, Eugène, en service dans la Garde Mobile, lui font fréquenter pour ses études primaires diverses écoles dont le lycée d’Ajaccio en Corse (1939-1943). En février 1943, une douloureuse épreuve atteint la famille: M. Pradeilles est tué dans un accident, en service commandé. La veuve et ses trois enfants s’installent au pays natal paternel, Chanac (Lozère). Albert et André, son frère cadet, sont scolarisés à l’institution du Christ-Roi (1943- 1946). Il souffre déjà de rhumatismes articulaires dont les séquelles se feront sentir plus tard. De 1946 à 1949, il connaît Véragues (Hérault). En septembre 1949, il sollicite son admission au noviciat assomptionniste des Essarts (Seine-Maritime) où il prend l’habit le 28 du mois, sous le nom de Frère Albert. Il prononce ses premiers vœux le 29 septembre 1950 et gagne Lormoy (Essonne) où il va passer 7 années d’étude: l’année complémentaire (1950-1951), la philosophie (1951-1953), la théologie (1953-1957). Il prononce ses vœux perpétuels le 18 février 1954 et est ordonné prêtre le 24 mars 1957 par Mgr Ménager, alors évêque auxiliaire de Versailles (Yvelines). Homme consciencieux, d’une franche docilité et d’une belle maturité, le P.Albert cultive ses dons musicaux. Préchantre, il est également organiste. En septembre 1957, le scolasticat de Valpré (Rhône) le reçoit pour une année de pastorale qui répond mieux à ses dispositions et à ses goûts que l’étude spéculative. Il est affecté pour l’année scolaire 1958-1969 au collège de l’Assomption à Nîmes (Gard). A.A Il aime la jeunesse et réussit bien dans le rôle de catéchiste et d’animateur religieux. L’année suivante, il est envoyé à l’alumnat de Soisy-sur-Seine (Essonne): il s’y dévoue pendant dix ans, de 1959 à 1969. Son supérieur, le P. Raphaël Pélégry apporte son témoignage: « L’homme en lui est très attachant. Il attire d’emblée la sympathie. Est-ce à cause de sa simplicité, de sa bonté qui rayonnent d’un visage avenant, sa façon directe et spontanée d’aborder et d’adresser la parole, sa manière d’égayer la conversation par quelque bon mot? Tout cela sans doute à la fois. Tous ceux qui le connaissent le décrivent comme un charmant compagnon. L’éducateur en lui est remarquable. On admire à la fois son aisance et son art dans l’éducation. Le groupe qui lui convient le mieux est celui des cadets auprès desquels son influence et son empreinte sont bien réelles. C’est un religieux réaliste qui ne dédaigne ni la psychologie ni la pédagogie et qui se montre bon observateur pour discerner le fond des caractères. C’est à partir des réalités humaines naturelles qu’il prend appui pour appuyer son action éducative, aimant les jeunes comme ils sont. Sa grande patience n’exclue la fermeté, il sait faire prendre conscience aux jeunes de leurs possibilités et de leurs devoirs d’état, de leurs responsabilités propres à assumer pour grandir en humanité et sur le plan de leur vie de foi. Son langage est compréhensible, accrochant, simple, concret au cours d’entretiens, de méditations. Il sait partir de leurs expériences, de leurs aspirations et de leurs préoccupations, usant de comparaisons familières et pittoresques. Il sait éveiller son auditoire à J’art du dialogue, écoutant pour encourager et susciter leurs initiatives. De l’éclairage mutuel, jaillit la résolution courageuse qui permet de concrétiser les idées ou réflexions exprimées. L’état de son cœur lui interdit tout exploit sportif, mais il déploie, sans écraser, ses multiples talents pour animer loisirs et veillées récréatives. L’éveil et le soutien des vocations sont sa préoccupation majeure qui se déploie dans la direction spirituelle. Avec ses confrères, il aime en période de vacances partir en promenade, visiter une exposition, assister à des spectacles musicaux: joyeux, il ne boude ni les plaisanteries ni les farces ».. Mais il est une réalité de sa vie à laquelle il ne peut échapper. Déjà en février 1963, il doit être hospitalisé à l’Hôtel-Dieu de Paris. On décèle sur son cœur lésé par un rhumatisme l’action néfaste d’un streptocoque dangereux, dit microbe d’Osler. A Pâques 1966, après une série d’examens médicaux à l’hôpital Necker, il est avisé de la nécessité d’une intervention chirurgicale. Il est opéré à cœur ouvert à l’hôpital Broussais le 21 septembre, pour remplacer une valvule du cœur. La maladie ne le replie pas sur lui-même: le P. Albert reste ouvert, alerte, dévoué, disponible et joyeux. A Pâques 1967, il peut reprendre ses fonctions et y ajoute même divers services apostoliques extérieurs, comme aumônier fédéral J.O.C.F. En février 1969, il retrouve l’hôpital Necker pour un nouveau traitement. Les médecins craignent une endocardite infectieuse. Le 22 février, il est transporté d’urgence à l’hôpital Lariboisière. Il est terrassé par une hémorragie cérébrale et il sombre pendant deux jours dans le coma. Il meurt le 24 février, à 39 ans. Ses obsèques sont célébrées à Soisy le 26, son corps inhumé à Chanac dans le caveau familial, apres une nouvelle cérémonie religieuse le jeudi 27.
Bibliographies
Bibliographie et documentation: B.O.A. novembre 1970, p. 141. L’Assomption et ses OEuvres, 1969, n° 559, p. 8-9. Paris-Assomption, avril 1969, n° 116, p. 31-40. Vers l’autel (Scherwiller), juillet-décembre 1969, p. 12-15. Lettre de Mme Rosa Pradeilles au P. Paul Charpentier, née Dalle, Le Puy, 18 mars 1969. Notices Biographiques