Albert Heckel – 1924-2006

Le P. Albert Heckel s’en est allé dans la maison du Père, le 4 décembre 2006. Arrivé le 7 octobre dans notre communauté, venant de la communauté de Souffelweyersheim, le P. Albert retrouvait la maison qu’il avait dirigée pendant six ans et qu’il avait quittée en 1993, mais cette fois-ci, il y venait comme résident, affaibli et fragile. Il souffrait en particulier d’une insuffisance respiratoire et cardiaque. Le 12 novembre, il est conduit en urgence à l’hôpital d’Albertville, atteint d’une mauvaise bronchite qui compliquait tout. Il a demandé lui-même à recevoir, en toute lucidité, l’onction des malades, comme s’il avait le pressentiment d’un départ prochain possible. Après 17 jours d’hôpital, il nous est, revenu, mais il n’est pas arrivé à reprendre le dessus. Il a eu la consolation de revoir sa sueur religieuse durant 3 jours. On se rendait compte que les forces ne revenaient pas. Il s’est éteint sans souffrances particulières, à la fin de la toilette faite par le personnel soignant. Le cœur avait cédé. Il était dans sa 83ème année.

Albert Heckel est né le 10 octobre 1924, à Strasbourg. Il est le 3ème enfant d’une famille de six enfants. (Cinq garçons et une fille) Trois d’entre eux ont choisi la vie religieuse. L’aîné, Roger, entre dans la compagnie de Jésus. Nommé ensuite évêque coadjuteur de Strasbourg, il est décédé prématurément, le 26 septembre 1982, à la suite d’une tumeur cancéreuse au cerveau. Albert entre chez les Assomptionnistes, tandis que Mariette entre chez les Petites Sœurs de l’Assomption en prenant le nom de Myriam. Un frère aîné, Gérard, enrôlé de force dans l’armée allemande, est tué sur le front russe, le 7 janvier 1944. Les deux autres fières, André et Marcel ainsi que leur saur, sont des nôtres aujourd’hui avec quelques autres membres de leur famille. Je veux redire ici à chacun, au nom de toute la communauté, notre communion dans la peine et aussi dans la prière et l’espérance, qui caractérisent l’esprit de foi d’une famille profondément chrétienne, comme on en rencontre encore en Alsace et ailleurs.

Albert est entré à l’ alumnat de Scherwiller en 1936. Il poursuit ses études secondaires à l’alumnat de Miribel-les-Echelles, en Isère, de 1938 à 1941. Il prend ensuite l’habit religieux, à Layrac, et achève son noviciat à Pregonrieux en Dordogne.

De 1942 à 1944, il fait sa philosophie à Layrac et il commence ensuite sa théologie à Lormoy, puis à Scy-Chazelles. En 1945, il tombe malade, atteint de tuberculose. Le médecin l’envoie se soigner au sanatorium du clergé de Thorenc, dans les Alpes Maritimes, de juillet 1947 à avril 1948. puis au sanatorium départemental du Haut Rhin, à Colmar. On lui enlève un poumon. D’avril 1950 à août 1951, il prend une année de repos en famille, à la Walck. Entre temps, il avait poursuivi ses études de théologie en particulier, et il avait reçu le sous-diaconat et le diaconat, à l’évêché de Strasbourg, et il avait été ordonné prêtre, la veille de la fête de l’Assomption, le 14 août 1949, par Monseigneur Weber, dans sa chapelle privée. Il avait reçu un indult spécial de ROME pour cette ordination presbytérale.

Ayant retrouvé une santé satisfaisante, en 1951, ses supérieurs l’envoient à l’alumnat de Miribel Les Echelles, comme économe, dans ce cadre magnifique, face au massif de la Chartreuse. C’est là qu’il passe 9 belles années dans cette maison qui avait enchanté ses années de jeunesse estudiantine.

Mais cela ne pouvait pas durer. En 1960, il est nommé économe du grand scolasticat de Valpré nouvellement construit, et en 1964, le Provincial d’alors, le P. Noël Bugnard, l’appelle auprès de lui pour être économe provincial de la grande province de Lyon. Il saura mettre en valeur ses nombreuses qualités de compétence, d’homme sérieux et rigoureux, tout en étant compréhensif aux situations plus particulières, suivant les personnes, les communautés et les pays, en France et hors de France, depuis l’Allemagne jusqu’à la Turquie, en passant par l’Italie, la Yougoslavie et la Grèce. Le mur de Berlin n’était pas encore tombé. Il n’avait pas pu se rendre en Bulgarie, ni en Roumanie.

Dans chacune des maisons, Miribel, Valpré, Lyon Debrousse, avec les diverses responsabilités qu’il a assumées, il ne fait de doute pour personne, que le P. Albert a donné le meilleur de lui-même. Il a donné toute sa mesure. Je puis en témoigner puisque j’ai vécu avec lui dans ces communautés.

Reconnu pour ses compétences sur le plan économique et financier, on a fait appel aussi à lui pour participer au Comité Assomption Bayard Presse, à PARIS. Lourdes responsabilités.

En 1979 il passe la main à un plus jeune, le P. Jean Daniel Gullung, et le P. Albert est affecté à la communauté de Strasbourg Orangerie, pour une année de recyclage, comme il l’avait souhaité. En 1982, il rejoint la petite communauté de Souffelweyersheim où on lui confie la responsabilité de supérieur et d’économe. Cela lui permet aussi de prendre un service de vicaire dans une paroisse de la ville, la paroisse de St Amant, jusqu’en 1987. On fait alors appel à lui pour être le supérieur de la communauté Maison de retraite et de repos de St Sigismond, ici même, durant 6 ans. En plus de sa charge, il va volontiers assurer la messe le dimanche, à la chapelle de la Léchère, et il accompagne le groupe de Vie Montante de St Sigismond.

En 1993, il quitte la maison et retourne à la communauté de Lyon Debrousse qu’il connaît bien, jusqu’en octobre 2002. On lui demande de mettre de l’ordre dans les archives de la Province de Lyon, et il assure une aumônerie auprès des religieuses Salésiennes, tous les jours. Et en 2002, il rejoint à nouveau la communauté de Souffelweyersheim jusqu’en octobre 2006.

Le 7 octobre, il arrive dans notre communauté. Il est faible et fragile. Le 12 novembre, il est hospitalisé en urgence, il fait en même temps une forte bronchite. Il revient en communauté le 28 novembre. Il a la consolation de vivre ses derniers jours au milieu de ses frères. Qu’en son nom et au nom de nous tous, tout le personnel de la maison soit vivement remercié.

Dans ses fonctions d’économe, il a été amené à accomplir bien des taches matérielles. Il a été amené à avoir aussi des contacts très variés, avec des personnes diverses par leur fonction ou leurs convictions, au sein des conseils d’administration de nos différentes Associations, en particulier. Il a toujours eu à cœur de mettre dans ces relations avec les d’hommes d’affaires rencontrés ce qui fait le spécifique de l’homme de Dieu qu’est le prêtre, à savoir le sens des autres; l’attention aux personnes, parce qu’on est soi-même à l’écoute des autres. Il a su allier une haute compétence technique dans les problèmes administratifs à la simplicité de l’homme qui sait être proche des autres.

Lorsque son travail le lui permettait, il a toujours été heureux de pouvoir accomplir un ministère pastoral, soit à Lyon, soit à Strasbourg. Il avait accepté de venir prêcher à ma première messe, au Planay, en avril 1961. Bien des communautés religieuses de Lyon ont apprécié son concours.

Je voudrais ajouter ceci. Si le P. Albert n’a pas reçu comme d’autres, la mission d’enseigner, il a toujours eu le souci d’étudier, de lire, de se mettre à jour, pas autant qu’il l’aurait voulu, bien sûr, mais il avait gardé le souci de chercher à mieux comprendre la période de mutation que nous avons traversée depuis les années 60, le souci de marcher avec les hommes, même si parfois il ne comprenait plus et qu’il se raidissait, la voix pleine d’émotion..

Je termine en disant que comme économe ou comme supérieur ou comme simple confrère, il a rayonné son sacerdoce, à sa manière à lui, parce qu’avant tout, il était un homme de prière, à l’écoute de Dieu et à l’écoute des hommes.

Aujourd’hui, l’heure est à l’action de grâce pour tout le travail réalisé au service de l’Eglise dans les ministères que la Congrégation lui avait confiés. Il a accompli son passage vers le Père comme Jésus Christ.

C’est avec lui et pour lui que nous célébrons cette Eucharistie maintenant.


P. Joseph Mermoz , a.a.

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