Alfred (Joseph-Gérard-Laurent) MOORS – 1883-1971

« Comment ne pas être touché de ce que le Père de toute la famille
assomptionniste soit le premier à m’envoyer des félicitations pour mon
année jubilaire. Me voici ‘presbyter’ dans le double sens du mot grec,
étant octogénaire cette année-ci. J’avais pensé vous écrire avant Pâques
pour obtenir la permission d’un
mois de congé dans la famille. Depuis que j’ai quitté les U.S.A., cela n’a
jamais été plus q’un événement quinquennal. Nous sommes une famille
patriarcale sur le modèle des familles canadiennes: arrière-grand père,
grand-père et père ayant au moins dix enfants. Pour les vivants, j’ai plus
de 150 noms dont 2 sœurs religieuses, 3 nièces religieuses et la liste
s’allonge d’année en année. Pour le ‘home’ que je dessers, mon travail
parmi les convalescents d’un côté, les vieux et infirmes de l’autre couchés
ou gardant la chambre, n’est pas tout à fait une sinécure. On a eu 8 morts
l’an dernier. J’ai affaire pour la plupart à des catholiques à gros grain
qui de père en fils n’ont pas pratiqué depuis la première communion. La
seule instruction d’une vieille a consisté à lire la Vie de Jésus de Renan.
J’ai réussi à
donner un passeport à tous les morts, saint Pierre ne sera pas trop sévère
à la douane! ».

Religieux belge de la Province d’Angleterre.

Cadre de vie.

Joseph-Gérard-Laurent Moors est né le 10 août 1883 à Aix-la-Chapelle en Allemagne, au diocèse de Cologne. Par la suite ses parents belges résident à Cortessem, au Limbourg. Le 8 septembre 1897, le jeune Joseph entre à l’alumnat de Taintegnies pour ses études (1897-1901). Il ne fait que passer à Clairmarais (1901) en instance d’expulsion. Il revient à Taintegnies pour finir ses humanités (1901-1903). Le 11 mars 1904, sous le nom de Frère Alfred, il prend l’habit au noviciat de Louvain où il prononce ses vœux l’année suivante, à la même date. Les vœux perpétuels sont datés du 25 mars 1906. Il est envoyé à l’alumnat de Zepperen pour quelque temps d’enseignement (1906-1907). Viennent les études de philosophie à Louvain (19071910). Le Frère Alfred commence ses études de théologie à Louvain (1910-1912) et les poursuit à Notre-Dame de France à Jérusalem (1912-1913). Il est ordonné prêtre le 13 juillet à Jérusalem par Mgr Piccardo. En 1914, le Père Alfred est mobilisable, mais possédant en tant qu’aumônier de réfugiés, un certificat de sursis lequel expire à la conclusion de l’armistice, il passe toute la période 1914-1919 en Angleterre au service de l’aumônerie militaire pour les soldats anglais et australiens. Comme il connaît parfaitement l’allemand, on lui demande aussi d’assurer un service religieux auprès des prisonniers allemands qui sont regroupés dans des camps de détention. Pendant cette période, le P. Alfred est rattaché au couvent de Bethnal Green à Londres, ce qui lui permet également d’assurer un service religieux auprès de sœurs belges dans la capitale britannique. On lui connaît également des temps de service vicarial dans les paroisses assomptionnistes de Charlton (1915-1917) et de Rickmansworth (1917-1919). De 1919 à 1925,

le P. Alfred est envoyé comme enseignant au collège de Plovdiv en Bulgarie, puis aux U.S.A. au collège de Worcester (1925-1927). Ses matières de prédilection sont la langue anglaise, le dessin et la sténographie. En 1927, le Père Alfred revient en Angleterre où il va passer le reste de son existence; d’abord comme vicaire à Bethnal Green pendant 25 ans (1927-1952), puis à Newhaven (Sussex). De 1955 à 1959, il est formateur à l’alumnat de Hitchin (Herts), puis devient aumônier d’un home pour convalescents à Brighton (Sussex). En 1970, il est admis dans une maison de repos des Little Sisters of the Poor, de Hove où il meurt le 3 novembre 1971 à l’âge de 88 ans. Ses obsèques ont lieu le 9 novembre en l’église de Bethnal Green où il a été vicaire durant 25 ans. Le corps du P. Alfred est enterré au cimetière de Leyton, dans le caveau des religieux assomptionnistes.

Jubilés et centenaire.

« je tiens absolument à ne pas manquer le pèlerinage du centenaire à Lourdes (1958): c’est le dernier terme d’une progression de jubilés d’argent entre Lourdes et moi. L’année même des apparitions (1858), mon père venait d’entrer dans la vie. Je suis né en 1883, pour le 25ème anniversaire des apparitions. Je suis allé pour la première fois à Lourdes, avec le P. Emmanuel Bailly, en 1908 pour célébrer mes 25 ans d’âge correspondant au cinquantenaire de Lourdes. Je me souviens de la mémorable procession des 200 miraculés survivants des 50 premières années. Il y avait là le fameux Gargan et l’héroïne, bien vivante, du roman de Zola ‘Lourdes’ que l’auteur fait mourir dans son livre. Il y avait aussi un frère de Bernadette. Mon deuxième pèlerinage à Lourdes eut lieu en 1933 pour célébrer mes 50 ans dâge, correspondant aux 75 ans des apparitions. Pour mon propre centenaire, il me faudra un remplaçant très probablement, à moins que 60 ans suffisen pour un jubilé de platine. Imitez le P. Clodoald Sérieix, mon ancien supérieur de Worcester qui m’accordait pour 1968 mon troisième pèlerinage. J’aimerais m’y rendre avec mon frère le P. Rodrigue ». Lettre du 16 décembre 1957.

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Documents Assomption, Nécrologe (I) 1975-1980, p. 79-60. Circulaire du P. Frans Houbey sur le décès du P. Alfred Moors, 14 novembre 1971, 3 pages. Lettre du P. Bernard Rickett aux religieux d’Angleterre, 4 novembre 1971. Lettre du P. Alfred moors au P. Wilfrid Dufault, 19 février 1963: citation. Dans les ACR, du P.Alfred Moors, correspondances (1940-1963), articles dans The Assumptionists. P. Polyeucte Guissard, Un siècle d’histoire assomptioniste, 1850-1950, Worcester, 1950, 143 p. Aperçu sur l’Assomption en Angleterre. L’Assomption et ses Oeuvres, 1954, n° 501, P. 8-9.