Religieux français, supérieur de la Mission d’Orient(1892-1903).
Un fils du P. Halluin et du P.Picard.
Alfred Mariage est né le 21 août 1859 à Berles-aux- Bois (Pas-de-Calais). Sa mère meurt en le mettant au monde et son père le confie au P. Halluin. Alfred est élevé à l’orphelinat d’Arras (Pas-de-Calais). Dès ce moment-là, il est adopté par la Mère Fage, co- fondatrice avec le P. Pernet des Petites-Sœurs de l’Assomption, qu’il considère comme sa seconde mère. Après ses études de grammaire à l’alumnat de Notre-Dame des Châteaux (Savoie), de 1873 à 1874, poursuivies à Nîmes (1874-1875), l’Espérou (1875), Le Vigan et Nice (1876) selon la géographie mobile des transferts d’alumnat, il est pris en main au noviciat de Paris par le P. Picard (1876-1878) qui l’estime beaucoup et lui confie très vite des responsabilités (1). Désireux de vie missionnaire, il prend l’habit le 24 octobre 1876, prononce ses premiers vœux l’année suivante et ses vœux perpétuels le 21 novembre 1878. Il commence également à Paris, à l’Institut catholique, ses études de philosophie et de théologie (1879-1882), couronnées à Rome par un doctorat en théologie (1882-1884). Ordonné prêtre à Rome le 23 décembre 1882 à Saint-Jean du Latran, il est, aussitôt après sa propre formation, mis à contribution pour enseigner aux jeunes religieux à Osma (Espagne) où il est le bras-droit du P. Emmanuel Bailly, de 1883 à 1886. De 1886 à 1888, il joue le même rôle au noviciat transféré d’Osma à Livry (Seine-Saint-Denis). Il est tout naturellement désigné pour prendre en main le nouveau noviciat ouvert à Phanaraki (Turquie), de 1888 à 1889 qu’il passe ensuite au P. Baudouy. Il revient alors au berceau de sa vocation, à l’orphelinat d’Arras (1890- 1892), auprès de celui qu’il considère comme son père adoptif, le P. Halluin.
Supérieur de la Mission d’Orient.
En 1892, le P. Picard nomme le P. Alfred supérieur de la Mission d’Orient, après les PP. Galabert, fondateur décédé en 1885 et Chilier qui a assuré sa succession immédiate. Le P. Alfred va occuper ce poste durant les onze années qui lui restent à vivre, avec un dynamisme courageux et inventif. Sa principale préoccupation est l’organisation de trois séminaires inter- rituels à Karagatch (Andrinople), à Koum-Kapou, (Istanbul, rive européenne» et à Kadi-Keüi (Istanbul, rive asiatique) pour la formation d’un clergé autochtone de rite slave et de rite grec. Ces perspectives répondent au premier objectif de la mission, déjà défini par le P. d’Alzon, mais différé faute de moyens et d’hommes. Le pape Léon XIII a expressément confié cette mission à l’Assomption-. Décret de la Propagande du 28 juin 1895 et lettre autographe de Léon XIII au P. Picard du 2 juillet 1895. Tout en s’intéressant à l’ensemble des oeuvres de la mission (paroisses, écoles, dispensaires, orphelinats), le P. Mariage porte un intérêt spécial pour les études. C’est sous son supériorat qu’est fondée à Kadi-Keuï une petite revue encore anodine, la revue des Echos d’Orient, en 1897, après s’être détachée de la feuille-bulletin des Echos de Notre-Dame de France à Jérusalem. Il en est le premier directeur et encourage le P. Louis Petit à prendre en main la rédaction de cet organe pour le transformer peu à peu en une remarquable revue savante, digne de figurer dans une bibliothèque de byzantinistes. Le P. Alfred contribue de toutes les manières à enrichir le capital de départ pour ce lancement: livres, revues, objets de collection, ressources. On peut mettre également au compte de l’impulsion missionnaire du P. Alfred la transformation de la petite structure scolaire de l’Assomption à Philippopoli-Plovdiv, en Bulgarie. L’essor du collège Saint-Augustin tient à son réaménagement dans de nouveaux locaux sur les bords de la Maritza, mais aussi à l’obtention de reconnaissance des diplômes par les gouvernements français et bulgare. Le P. Alfred meurt subitement à Rome, à 44 ans, le 6 niai, peu après le P. Picard (avril) et la même année que le pape Léon XIII, tous trois pionniers d’un nouvel apostolat en Orient. Il est inhumé à Campo Verano le 8 mai. Supérieur humain, compréhensif, rude pour lui-même, il a su encourager les travaux de l’esprit dans la tradition doctrinale des fondateurs de l’Assomption. Fidèle à ses objectifs, il sema autour de lui l’amour de l’Orient, de ses peuples, de ses coutumes et de ses rites liturgiques. (1) On trouve déjà une mention du jeune Alfred Mariage dans la correspondance du P. d’Alzon, dès le tome X (1874, p. 301). On peut suivre sa trace, selon les index, dans les tomes suivants: t.XI, p. 370,372,429 n, 482,493,495,496; dans le t.XII, p. 587,602,605,606et tome XIII, p. 88 n, 101 n, 269, 431, 433, 455 et 457. On relève dans les observations trimestrielles du P. Picard, le 12 octobre 1878, cette appréciation louangeuse: « C’est un jeune homme très intelligent que je présente sans crainte à la profession. Il sera un jour un des membres les plus capables de la congrégation ». On peut dire que le maître se s’est pas trompé sur l’étoffe d’un de ses futurs collaborateurs.
Bibliographies
Bibliographie et documentation: L’Assomption, 1903, no 79, P. 167-172. Souvenirs, 1903, no 17, P. 67. Circulaire du P. E. Bailly, no 8, 9 mai 1903. Polyeucte Guissard, Portraits Assomptionistes, p. 57-73. Adrien Pépin, Les Religieux de l’Assomption, 1963, p. 138. Missions des Augustins de l’Assomption, 1903, no 87. Lettres d’Alzon, t. XIII (1996), p. 455. Notice biographique par le P. Marie-Alexis Gaudefroy. Lettre du P. Alfred Mariage au P. Denys Magot, 21 novembre 1902. Du P. Alfred mariage, dans les ACR, importante correspondance (1875-1903), rapports sur la Mission d’Orient (1896-1903), rapport sur Koum-Kapou (1900), relations sur les visites des communautés d’Orient @1893 à 1903).