Aloys LOEW – 1923-1999

Côte d’Ivoire.
« Je vous écris entre deux tournées. Il parait que vous voulez tout savoir.
Merci. Un missionnaire n’est jamais aussi heureux que lorsqu’il parle de sa
mission à ses amis. En Côte d’Ivoire, les Pères assomptionnistes ont trois
postes dans le diocèse d’Abidjan, Aboisso, Adiaké et Bonoua. Dans chaque
poste, deux Pères. Le Frère coadjuteur de la mission va au poste où le
travail est le plus urgent. A Adiaké, la paroisse compte une soixantaine de
villages. La plupart de ces villages sont difficiles d’accès; certains ne
peuvent être atteints qu’après deux ou même trois jours de voyage. Parmi
ces soixante villages, une quarantaine seulement ont été contactés. Plus de
vingt n’ont jamais été visités ou ne désirent pas voir de prêtre. Le P.
Boucaud, mon curé, s’occupe d’Adiaké (3 à 4.000 habitants) et des villages
d’alentour. Il est aidé par quatre catéchistes, fort heureusement, car les
langues vernaculaires abondent (autant que de villages). Pour ma part, je
visite réguliuèrement les villages de la lagune et au-delà
(30 environ). Chacun de ces villages, sauf deux, a son chef chrétien et son
catéchiste, mais la ferveur des chrétiens varie avec les races … ».

Religieux de la Province de France.

Une formation dans les conditions du temps.

Moys (ou Aloïs) Loew est né le 16 avril 1923 à Freyming-Merlebach (Moselle). Après ses études dans les alumnats de Scy-Chazelles en Moselle (1935-1938) et de Miribel-les-Echelles dans l’Isère (1938-1942), il prend l’habit à Cavalerie en Dordogne, le 2 novembre 1942 et y fait profession le 25 mai 1944. Il passe un temps dans les chantiers de jeunesse. Il écrit lui-même que son retard dans son engagement religieux est causé par un séjour forcé en Moselle de 1940 à 1941 ainsi qu’un stage imposé dans les chantiers de jeunesse. Le P. Casimir Romanet, son maître des novices, témoigne en sa faveur: « Le Frère Aloys est un de nos meilleurs novices par sa piété, son observance de la règle, son sérieux et son application au travail. L’aumônier des chantiers de jeunesse a fait un bel éloge de sa conduite ». Arrivé à Layrac (Lot-et- Garonne) en 1945, le Frère Aloys passe son baccalauréat de Philo-Lettres à Bordeaux (Gironde) en juin 1946. Il part alors pour Scy-Chazelles où il peut terminer ses études de philosophie et commencer celles de théologie. Il achève ces dernières à Valpré (Rhône) de 1948 à 1951. Il a prononcé ses vœux perpétuels le 25 mai 1947 à Scy- Chazelles et il est ordonné prêtre à Lyon le 12 février 1951.

Activités et ministères.

La vie active du P. Aloys a eu pour cadres l’enseignement, de 1951 à 1965, et la pastorale paroissiale de 1965 à 1997. Pendant un an, il est prêté à l’oeuvre des Ateliers Boisard, sise, rue Garibaldi à Lyon. Il est ensuite nommé professeur à Saint-Sigismond et part pour l’Afrique du Nord en 1953. Il enseigne les mathématiques, la physique et les sciences naturelles au collège de Bône en Algérie, de 1953 à 1960,

puis à celui d’Abidjan en Afrique Noire. lorsque l’Assomption quitte le collège, il reste en Côte d’Ivoire, dans la mission de brousse à Adiaké, de 1965 à 1973. Il décrit ainsi les conditions vécues de son ministère: « Les déplacements dans les villages se font en pétrolette, c’est-à-dire en bateaux qui desservent les villages de la lagune ou en pirogues. Il arrive que la pétrolette perde son hélice. Alors c’est très simple: nous marchons à la rame et c’est une chance si une autre pétrolette peut nous prendre en remorque. Il y aura un petit décalage dans l’horaire, nous arriverons à 7 heures du soir au lieu de 2 heures de l’après-midi, c’est tout. Commencent alors les salutations d’usage, trois poignées de main à l’arrivant qui doit rester assis pendant les salutations. Ensuite viennent les rafraîchissements à la température ambiante, 30°, bière ou limonade. Dans les villages qui n’ont pas de boutique, on me sert du bangui, vin de palme ou de raphia. Le chef chrétien et le catéchiste racontent alors ce qui s’est passé de bien dans le village. Pour apprendre les mauvaises nouvelles, patience! ». Le P. Aloys y souffre du foie et de l’estomac, doit faire une cure à Vichy en mai 1968 et se trouve finalement contraint à rentrer en France en 1973. Après une année de vicariat à Sainte-Maxime sur la Côte d’Azur et une autre à Lorgues (Var), il est chargé de la paroisse de Cabasse et réside au Luc (Var), de 1975 à 1986. Il s’installe ensuite au presbytère de Cabasse qu’il lui faut quitter après de nouvelles épreuves de santé en 1997. Il rejoint alors la maison de repos de Lorgues (Var) où il est décédé le 14 novembre 1999 à sept heures du matin. Ses obsèques, le mardi 16, sont présidées par l’abbé de Vivies, curé de Cabasse. Sont également présents deux autres prêtres diocésains et la chorale de Cabasse. Le maire, empêché, se fait représenter par une gerbe. Au début de son homélie, l’abbé de Vivies évoque le ministère du Père Aloys dans la région en ces termes: « Le P. Aloys a été avec moi au Luc pendant six ans. Grâce à lui, j’ai pu continuer des activités extra-paroissiales, spécialement l’aumônerie diocésaine du Mouvement chrétien dans le monde rural. E a fait cela avec sa discrétion habituelle. Il était toujours présent lorsqu’on lui demandait un service. Il s’est ensuite installé à Cabasse. Je ne lui ai jamais demandé un service sans qu’il me le rende. Il était toujours disponible. Je peux en témoigner avec toute ma reconnaissance ».

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Documents Assomption, Nécrologe (VIII) 1998-1999, 144-145. Assomption-France, Nécrologie année 1999, p. 18. Dans l’Assomption et ses oeuvres, été 1967, du P. Aloya Loew, En pétrolette, sur la lagune.