Religieux de la Province de Paris, mort au front. Une vie fauchée par la guerre. Louis-Joseph Van Kemmel est né le 12 octobre 1912 à Armentières (Nord). Il fait toutes ses études de grammaire à l’alumnat du Bizet en Belgique (1924-1928), alumnat auquel il reste fort attaché. Il passe ensuite à Clairmarais (Pas-de-Calais) pour les humanités (1928-1930). C’est au noviciat des Essarts (Seine-Maritime) que, sous le nom de Frère Aloys, il prend l’habit le 7 octobre 1930 et qu’il prononce ses premiers vœux le 8 octobre 1931. Il est envoyé au scolasticat de Scy-Chazelles (Moselle) pour l’année complémentaire (1931- 1932), suivie de deux années de cours de philosophie (1932-1934). Il accomplit son temps de service militaire en 1934 à la caserne de Cambrai (Nord). Vient le temps de la formation théologique à Lormoy (Essonne), de 1935 à 1939, maison de formation où il est reçu à la profession perpétuelle le 21 novembre 1936 et où il est ordonné prêtre le 26 février 1937. La déclaration de la guerre en septembre 1939 le conduit de nouveau à la vie militaire. Il est tué au combat devant la ville de Rethel (Ardennes) le 9 juin 1940 lors de l’offensive allemande. Son corps repose à Perthes-les-Rethel. Ce n’est qu’en mars 1941 que l’on peut obtenir des autorités militaires quelques informations complémentaires sur le Père Aloys porté disparu depuis juin 1940. « La tombe du caporal Louis Van Kemmel est située à cent mètres vers l’Ouest de l’entrée Sud du tunnel du chemin de fer qui va de Tagnon à Rethel. Sur sa tombe isolée, une bouteille renferme un fragment du journal La Croix, représentant le Christ et aussi un papier portant les indications suivantes écrites très lisiblement. caporal Louis Van Kemmel, 3ème Compagnie du 127ème R.I. Il n’y a pas de plaque d’identité » (2) Deux condisciples du P. Aloys Van Kemmel, Page :227/227 le P. Michel Dhaine et le P. André Hogues ont laissé quelques notes de souvenirs dont l’on peut extraire ces quelques traits en guise de portrait. Le P. Dhaine écrit: « je ne relève aucun trait bien spécial d’une vie toujours identique depuis 1919, date à laquelle je l’ai connu. Il était d’un tempérament assez optimiste, sachant vaincre toutes les difficultés par une acceptation calme des accrocs de la vie. Tout petit, à 8 ou 9 ans, il aime le mouvement. Sa vie à l’alumnat du Bizet le rapproche d’un idéal qu’il aime à fond. La vie à la caserne ne lui est pas facile, mais il a la force de prendre les choses du bon côté et d’en rire. Il était d’un caractère très franc, quelquefois même à l’excès, en ce sens qu’il disait à tous tout ce qu »il pensait. A Clairmarais une crise d’appendicite le mit à deux doigts de la mort. Il avait un don très fort pour le chant et savait animer les séances récréatives». De son côté, le P. André Hogues écrit: « Le P. Aloys avait hérité des qualités fortes de sa famille une foi chrétienne profonde et active. Comme élève, il n’a jamais été transcendant, mais sa vocation religieuse n’a jamais souffert de l’ombre d’un doute. On peut même se demander s’il a été une seule fois tenté. C’était un religieux épris d’idéal, le montrant fortement, au déplaisir de tel ou tel. C’était aussi une âme d’artiste, aimant la musique et le chant grégorien qu’il rendait très bien de sa voix de ténor léger. Il faisait merveille dans les chants à mélodie dessinée comme les cantilènes et les berceuses. Sa voix lui permettait d’interpréter des rôles féminins. Tous ceux qui ont vécu avec lui à Lormoy se souviennent certainement des Vieilles de chez nous qu’il mimait avec tant de saveur. On se rappelle la messe de ses prémices au Bizet le berceau de sa vocation. Je sais qu’à la guerre il fut nommé dans un régiment qui dut se battre avec ardeur dans le département de l’Aisne. Le régiment, eut alors droit à quelque temps de repos, mais comme sur le chemin ses compagnons chantèrent l’Internationale, tous furent immédiatement reconduits au front et peu en réchappèrent. On sait que depuis Lormoy il anima le patronage des Cœurs Vaillants à Montlhéry. Un service à sa mémoire y a été célébré par le P. Sidoine Hurtevent ». (1) Publication interne entre les religieux soldats, appelé Trait d’Union. Le Provincial de Paris est à l’époque le P. Bernardin M-Fontaine. Le P. Louis-Robert semble être Louis-Robert Brassard, américain alors en 4ème année de théologie à Lormoy où le P. Athanase Sage est le Supérieur. Au Bizet, c’est le P. Simon Tourbez qui garde les lieux. (2) D’après le témoignage du lieutenant Debouvry, du 127ème R.I., transmis au P. Vincent de Paul Grimonpont. Page :228/228
Bibliographies
Bibliographie et documentation: Lettre à la Dispersion 1941, no 838, p. 225 et no 839, p. 238-239. Lettre du P. Aloys Van Kemmel, s.l., 5 février 1940. Dans les ACR, du P. Aloys Van Kemmel, quelques correspondances (1934-1940).