Aloys ROSSI – 1923-1949

Vérarques, 1942.
« Au terme de ce noviciat qui s’achève, c’est avec une confiance absolue en
la Providence que j’accomplis la démarche exigée des Frères de chœur. Oui,
j’ai le ferme espoir d’être appelé par Notre-Seigneur à partager son
sacerdoce dans la vie religieuse. Cet appel me semble s’être accentué
davantage au cours de cette année d’initiation à la vie religieuse. Autant
que mes souvenirs sont fidèles, je puis dire que ma vocation sacerdotale
remonte à l’âge de neuf ans. A ce moment,
beaucoup d’obstacles semblaient devoir me détourner de cette voie.
Orphelin, de santé assez faible, affligé d’un terrible bégaiement, je me
demandais souvent si je ne me faisais pas illusion sur la réalité de cet
appel divin. C’est alors que j’ai rencontré un Assomptionniste et dès lors
tous les obstacles s’effacèrent. Le Bizet fut ma première étape. Durant
l’année de seconde, ma vocation s’affermit. Voici venu le
moment où votre décision sera l’expression définitive de cette volonté
divine que je suis disposé à suivre jusqu’au bout. Je reconnais mes
imperfections et c’est avec toutes mes misères que je frappe à la porte de
l’Assomption qui est devenue depuis 7 ans ma véritable
famille ».

Notices Biographiques A.A

Religieux de la Province de Paris. Formation. Aloys Rossi est né le 14 octobre 1923 à Gravelines (Nord). Son père Jules est décédé en 1931 et sa mère, Gilberte Bons, en 1930. Après ses études primaires à Gravelines, le jeune Aloys fait la connaissance du P. Guy Finaert qui l’oriente vers l’alumnat du Bizet en Belgique (1933-1938). Il accomplit ses humanités à Clairmarais (Pas-de- Calais) de 1938 à 1939 et à Vérargues (Hérault) de 1939 à 1941. En cette période de guerre où la France est coupée en deux zones, un noviciat provisoire S’établit sur place à Vérargues, sous la responsabilité du P. Marie-Albert Devynck. Aloys prend l’habit le 7 octobre 1941 et il prononce ses premiers vœux le 8 octobre 1942. C’est au scolasticat de Layrac (Lot-et-Garonne) que le Frère Aloys accomplit ses études de philosophie (1942- 1944) et commence ses études de théologie (1944- 1946). Il est envoyé comme surveillant au collège Saint-Louis à Perpignan (Pyrénées-Orientales) en mai 1946, après avoir subi une opération au doigt qui se transforme pour lui en une rude épreuve morale lorsqu’il croit comprendre qu’elle peut mettre fin à sa perspective de vie sacerdotale. Détrompé, il poursuit ses études de théologie au grand séminaire de Perpignan lorsque survient l’accident mortel de circulation dont il est victime le 30 avril 1949. Un accident banal aux conséquences mortelles. Le P. Guy Finaert, supérieur au collège de Perpignan, rapporte les circonstances qui ont mis fin aux jours du Frère Aloys: « Le Frère Aloys Rossi avait repris force et joie à Perpignan. Sauf le jeudi et le dimanche il suivait les cours au grand séminaire où tous l’estimaient. Le vendredi 29 avril 1949, il y avait fait sa retraite avec les autres séminaristes et il avait été frappé par une instruction sur la mort qu’un Père Cistercien avait prêchée. A.A Le samedi 30 avril, je l’avais vu Partir à 8 heures, joyeux et plaisantant. Deux minutes après, il gisait sur la route, blessé à mort. Voici ce dont fut témoin une fillette arrivant à l’école du Haut Vernet. Le Frère avait dépassé à vélo, traverse Saint-Estève, la distillerie et atteignait la maison qui précède immédiatement l’école des garçons, quand il rencontra sur la route nullement dangereuse trois chiens se battant et se poursuivant, le Frère fil un geste pour les écarter, l’un d’eux dut se jeter dans la roue avant ou entre les deux roues; le Frère, emporté par l’élan, tomba, sans étendre les mains comme protection, sur l’épaule droite et la tempe, la petite fille annonça à ses institutrices qu’un Père gisait inanimé sur la route et celles-ci vinrent au secours; mais déjà les habitants de la maison voisine l’avaient relevé et accueilli. Averti aussitôt, je me précipitai en classe de quatrième, chez le P. Deleporte, dont je pris les élèves et l’envoyai avec l’auto prendre le Frère et J’amener directement à la clinique Saint-Christophe pour le cas d’une fracture à réduire: le P. Balme et le P. Marmont l’accompagnèrent. Le Frère avait repris connaissance, il se plaignait d’un mal violent à l’épaule et d’une souffrance très pénible à la tête. Les Pères crurent que l’épaule était cassée ou démise, que le choc à la tête l’étourdissait encore. ils l’encourageaient et plaisantèrent avec lui, tandis qu’on attendait l’arrivée imminente du chirurgien, le Dr Baillai. Le P. Deleporte revint à 9heures et me tranquillisa; le P. Marmont restait auprès du blessé. J’étais inquiet. Mais comme j’avais classe à 10h15 et qu’on me parlait surtout de mal à l’épaule, j’attendis ; je renvoyai dès 10heures le P. Deleporte en auto, mais il ne tarda pas à venir me chercher. En effet, l’état du blessé s’était subitement aggravé; le P. Marmont s’aperçut qu’il ne comprenait plus le mot dogme, qu’il avait une envie irrésistible de dormir; il appela la Sœur, donna par prudence les derniers sacrements; le chirurgien, ayant fait une ponction lombaire, s’aperçut que le sang avait envahi le liquide rachidien et fil tout préparer pour la trépanation; hélas! quand nous entrâmes dans la chambre, le chirurgien et moi, le Frère venait de succomber. Quelle consternation! Nous eumes peine à maîtriser la douleur et à dire le premier De Profundis. Il était Il heures. A Saint-Louis, au séminaire, à Lormoy, ce fut le même sentiment. Dès 14heures, tous les séminaristes étaient là pour prier auprès du corps qui avait été exposé dans une chambre attenante à la chapelle. Le dimanche fut un jour d’affreuse tempête et sans transports, ce qui n’arrêta pas les visites. Les obsèques solennelles eurent lieu le lundi 2 mai , à 9heures. je chantai la messe avec diacre et sous-diacre, le séminaire, au complet, assurait les chants. La chapelle était trop petite, malgré la pluie torrentielle. L’archiprêtre de la cathédrale, le chancelier de l’évêché, curés, vicaires, religieuses de toutes les communautés, membres de l’Amicale prirent part à la cérémonie. M. le chanoine l’aillade, supérieur du grand séminaire, prononça une allocution cordiale et donna l’absoute. Puis l’inhumation eut lieu, sous une pluie battante, au cimetière du Haut-Vernet, où nous avons une concession, mais pas encore de monument ». P. Guy Finaert.

Bibliographies

Bibliographie et documentation : Lettre à la Famille, 1949, n° 75, p. 45. Lettre du Frère Aloys Rossi au P. Gervais Quenard, Vérargues, 5 septembre 1942. Lettre du P. Guy Finaert, Perpignan, 11 mai 1949. Notices Biographiques