Aloys VAN HULST – 1891-1917

Circonstances de guerre, 1917.
« Une dépêche de Hollande nous annonce le décès d’un Frère convers, survenu
à Louvain. Il était novice depuis un an. La date de la mort n’est pas
indiquée. La difficulté des communications avec Louvain
ne nous permettra probablement pas d’avoir des détails plus précis, au
moins d’ici quelque temps. Mais cela n’est pas nécessaire pour faire les
prières de règle. Voici la dépêche qui
est arrivée à Paris le 28 février, à 7 heures du soir:

Alois (sic) Van Der Veer, convers, décédé Louvain. Signé Verhaegen ».

Après contrôle des indications biographiques, il s’avère que ce religieux
décédé à Louvain ne se nomme pas Van Der Veer, mais bien Van Hulst. C’est
le P. Possidius Dauby, supérieur de Louvain, qui réussit à faire passer une
simple carte postale datée du 20 février 1917 au P. Damascène Dhers à
Ascona
(Suisse), en fait adressée au P. Ernest Baudouy. On touche là du doigt les
difficultés que pouvaient éprouver les religieux de cette époque troublée
pour pouvoir communiquer entre eux des formes de nouvelles élémentaires. Le
Nécrologe inscrit le décès du Frère Aloys au 16 février.

Hollandais, novice. Reconstitution ‘éléments biographiques. Nous n’avons, en guise de notice biographique contemporaine des faits, que la carte postale adressée de Louvain par le P. Possidius Dauby, le 20 février 1917 au P. Ernest Baudouy et retransmise par le P. Damascène Dhers: « Nous avons enterré hier à Gempe, à côté des Frères Ernilius [Blanche, 1894-1914] et Efthymi [Nedeltchev, 1895-1914], un de nos Frères convers, le Frère Aloys Van Hulst, originaire de Dordrecht, en Hollande. Il est mort en peu de jours, terrassé par une fièvre typhoïde compliquée de nombreuses hémorragies internes. Les dispositions dans lesquelles il s’est éteint nous ont beaucoup consolés. Le Frère était novice. Je lui avais donné l’habit le 19 juin 1914. Priez pour son âme. Le P. Louis-Antoine [Verhaegen] me dit que le P. Emmanuel [Bailly] est gravement malade, qu’on craint même le pire. Vous devinez mon anxiété et celle de toute la famille. Nous faisons des prières extraordinaires, messes, communions etc. pour obtenir la guérison de notre Père. J’ai toujours des épreuves de santé: trois des miens traînent, depuis plus de deux mois, des suites d’une grippe infectieuse. Deux d’entre eux ont l’air d’évoluer vers la tuberculose. Votre ami P. Gausbert a perdu un de ses enfants, le 29 janvier. Il s’appelait Yves Salaün. Religieux respects ». Voici les quelques éléments biographiques qui nous permettent de reconstituer la courte vie de ce religieux hollandais (1), grâce à une correspondance du Frère Adéodat Dugachard, alors prisonnier de guerre, courrier posté de Giessen le 15 mars 1917-. « Le P. Possidius m’apprend le nouveau deuil qui vient de frapper sa communauté dans la personne du Frère convers Aloys Van Huist natif de Dordrecht (Hollande). Page :225/225 Le Frère avait une grippe peu inquiétante depuis une quinzaine de jours quand, le lundi 12 février et le mardi 13, des hémorragies intenses se sont produites qui, se répétant dans la nuit du jeudi au vendredi 15-16, ont amené une mort presque foudroyante. On avait administré l’Extrême-Onction dans la nuit du 14 et le saint Viatique le matin du même jour. Le Frère a accepté le mal dans les dispositions les plus édifiantes de résignation et même de joie. Il avait vingt six ans. Il était novice depuis le 19 juin 1914 (1). Il a été enterré le 17 février aux côtés des Frères Efthymi et Emilius dans le petit cimetière de Gernpe, non loin de la Grotte. Le Frère était en résidence à Gempe depuis le début de la guerre. J’écrirai moi-même au P. Possidius dont les lettres sont vraiment édifiantes. A lui les souffrances morales et physiques, le travail surabondant dans la direction de sa triple communauté et un peu dans la sollicitude des autres maisons. A lui les difficultés matérielles incroyables, mais toujours confiant en Dieu, il sera brave jusqu’au bout. Je vous remercie des colis et des livres que je reçois fidèlement. De plus en plus, le besoin s’en fait sentir, surtout de choses consistantes. J’ai reçu une capote. Silyavait un pantalon militaire disponible, merci de me l’envoyer. Croyez-moi toujours votre enfant bien soumis et reconnaissant en Notre-Seigneur » (2). Le rédacteur des Ephémérides de Louvain (3) note laconiquement: « A la récréation de 10 heures, le P. Possidius vient en étude nous annoncer deux bien tristes nouvelles, tout d’abord la mort du Frère Aloys, survenue ce matin à 7 heures, puis la maladie très grave du P. Emmanuel [Bailly]. En raison des circonstances, les examens sont interrompus et une délégation part pour Gempe après le repas. L’enterrementaura lieu demain 10 heures à Gempe ». (1) Le registre des vêtures de Louvain est interrompu de janvier 1914 à janvier 1920. (2) Cette lettre peut avoir été adressée soit au P. Ernest Baudouy qui gardait le lien avec les religieux au front par le biais de la Lettre à la Dispersion, soit au P. Hilaire Canouël qui depuis Paris était chargé de faire passer aux religieux à l’armée nouvelles, colis de secours et aide financière. (3) ACR H 12, au vendredi 16 février 1917. Page :226/226

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Notice biographique par le P. Marie-Alexis Gaudefroy. Lettre à la Dispersion, 1917, no 440, p. 161; no 441, p. 177. Dépêche du P. Louis-Antoine Verhaegen, Boxtel, 27 février 1917. Lettre du Frère Adéodat Dugachard, Giessen, 15 mars 1917.