Alphonde-Marie (Edmond-P.) JUBERT – 1902-1990

Cannes, 1960.

« Votre merci m’a profondément touché. C’est sur les instances du P.
Alphonse Picot que je me suis décidé à écrire cette notice sur le P. Point.
Dès lors je l’ai fait avec respect et avec amour filial. Je l’ai fait aussi
pour nos frères, la figure du P. Point m’apparaissant comme un
‘bien? de Congrégation à mettre en valeur.

Les événements passent et se fondent souvent jusqu’à disparaître, tant ils
sont petits dans le grand courant de l’histoire du Royaume de Dieu. Mais
les âmes restent éternellement, ce qui a permis qu’elles deviennent la
‘trame providentielle de leur existence’.

Vous remerciant de la paternelle attention que vous avez bien voulu
manifester à cette occasion au solitaire assomptionniste de Cannes, je vous
prie d’agréer, mon T. R. Père, avec l’assurance de ma prière quotidienne,
l’expression de mon filial respect.

Alphonse-Marie Jubert, aumônier des religieuses de
1’Assomption Cannes, 7 mars
1960

Religieux de la Province de France.

Une famille étoffée.

Benjamin et dernier survivant d’une famille de douze enfants, Edmond Philippe Jubert est né à Charleville (Ardennes), le 9 janvier 1902. Il fait ses études primaires et secondaires à l’institution Saint- Rémi de sa ville natale (1907-1918). Pendant l’occupation allemande de la région en 1918, il est accueilli au petit séminaire de Floreffe en Belgique, dans le diocèse de Namur. Il prend l’habit, sous le nom de Frère Alphonse-Marie, le 2 août 1918 à Louvain, des mains du P. Possidius Dauby. Il y fait profession au terme de sa première année de noviciat, le 15 août 1919. Son frère Jacques, le P. Ephrem, le précède à l’Assomption et leur s?ur Marguerite est déjà entrée chez les Filles de la Charité. Cette famille assez aisée reste très unie. Après le temps des études de philosophie à Taintegnies (19201922), le Frère Alphonse-Marie passe deux années au collège Saint-Augustin de Philippopoli (Bulgarie). Le 6 juillet 1923, il écrit de Karagatch: « En guise de vacances, la République nous demande du service militaire et nous nous trouvons quatre Assomptionnistes dans cette garnison ». Il est admis à la profession perpétuelle le 4 mai 1924 à Philippopoli-Plovdiv. A la suite d’une pleurésie qui lui coûte la huitième côte, il se soigne dans les Ardennes pendant l’été de 1924, avant de rejoindre Louvain pour la théologie. Il y est ordonné prêtre le 29 juillet 1928. Sa parenté lui offre un calice où sont sertis des bijoux de famille.

Paris (1918-1956).

Pendant 25 ans, sauf l’intermède de 1939-1940 qu’i passe à l’armée, le P. Alphonse-Marie travaille à la Bonne Presse et fait partie de la communauté du Cours Albert ler. Il est sous-directeur et aumônier du Noël dès 1928, mouvement spirituel de jeunes filles fondé par le P. Claude Allez.

En 1953, il est nommé économe de la communauté de la rue François ler. Religieux d’une grande régularité, d’un esprit très charitable et très dévoué, il exerce ses fonctions avec toute la délicatesse qu’exige la situation parfois difficile à la rue François 1er où les dépenses d’entretien de la grande bâtisse ne peuvent pas être couvertes par les revenus des religieux. Egalement aumônier depuis 1949 de l’Institut Barral de Neuilly, tenu par les Oblates, il fait montre de toutes ses qualités intellectuelles et morales, il est un guide et un conseiller très averti et très apprécié. A partir de 1952, il assume également le secrétariat du Comité permanent des Congrès eucharistiques nationaux, apportant un soin minutieux à la comptabilité et à la rédaction des rapports.

Sur les rives de la Méditerranée (1956-1990).

Ce n’est pas sans peine qu’en 1956, le P. Alphonse-Marie quitte les rives de la Seine pour le soleil du Midi. Rattaché à la communauté de Carnolès (Alpes-Maritimes), il devient aumônier de l’Institut Lochabair à Cannes que tiennent les Religieuses de l’Assomption. Cinq ans plus lard, sa santé ne lui permet plus d’exercer ces fonctions. Il vient à Marseille où, dans un demi- repos, il continue à rendre service chez les Orantes et dans les pensionnats de la rue de Cluny. En 1968, sa santé l’oblige à prendre un repos définitif :à Lorgues (Var). La fragilité de sa santé ne l’empêche pas de rendre de précieux services à la communauté. Sous-prieur pendant 14 ans, il est un soutien efficace pour les différents supérieurs. Archiviste consciencieux, liturgiste compétent, le P. Alphonse-Marie laisse le souvenir d’un religieux très fraternel et exemplaire. Le dimanche 8 juillet 1990, dans la soirée, il est saisi d’une syncope. Le médecin consulté le met sous perfusion. Le Père Alphonse-Marie glisse dans le sommeil de l’éternité, le lendemain 9 juillet, sans secousse et sans bruit. Une figure patriarcale très aimée et bien connue dans la maison de Lorgues vient de quitter les rives de la Cité terrestre. Le P. Alphonse-Marie repose, depuis le 10 juillet, au caveau de l’Assomption, bercé par le chant des cigales.

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Documents Assomption, Nécrologe (IV) 1987-1990, p. 100-101. Assomption-France, Nécrologie année 1990, p. 177. Dans les ACR, du P. Alphonse-Marie Jubert, correspondances (1920-1971).