Religieux de la Province de Paris. Une vocation dauphinoise. Antoine Chabert-Moulin naît à Seyssins (Isère) le 27 décembre 1876. Après ses études primaires à Grenoble chez les Frères des Ecoles chrétiennes, il est reçu à l’alumnat de Miribelles- Echelles (Isère) de 1889 à 1893 et passe ensuite à Brian (Drôme) de 1893 à 1895. Il opte pour l’Assomption, prend l’habit le 10 août 1895 à Livry (Seine-Saint-Denis) des mains du P. Edmond Bouvy, sous le nom de Frère Amand. Peu après il part pour Phanaraki (Turquie) où il prononce ses voeux annuels le 10 août 1896 et ses voeux perpétuels le 10 août 1897. On le nomme professeur à Koum-Kapou (Turquie) de 1897 à 1898, puis à l’école de Konia de 1899 à 1900. Il part étudier la théologie à Jérusalem (1901-1904) où il est ordonné prêtre le 24 juillet 1904. Une vie au service de l’Orient. Le P. Amand reste à Jérusalem, Notre-Dame de France, pour aider à l’administration matérielle des lieux et s’occuper du guidage des pèlerins. Religieux d’esprit pratique, débrouillard, il aime s’adonner de tout son coeur aux affaires de l’économat. Sympathique, simple et chaleureux dans les contacts, il se fait facilement des amis dans le milieu des artisans et des fournisseurs. Il se passionne également pour les fouilles qui ont lieu sur l’autre site assomptionniste de Jérusalem, Saint-Pierre en Gallicante: il y fait planter des arbres et utilise les vieilles citernes comme réservoirs d’eau pour les cultures. Il organise une véritable ferme avec un élevage, une porcherie et toute une basse-cour pour alimenter les pèlerins de Notre-Dame. Mais en 1914, il est expulsé du pays et requis par la mobilisation: Albi (Tarn), Beaugency (Loiret). Mis en sursis en juillet 1917, le P. Amand est appelé à Rome par le P. Emmanuel Bailly comme professeur à la maison d’études de Fara Sabina, dans les Monts Sabins, pour des scolastiques réfugiés là en attente de mobilisation. Là encore il s’occupe surtout d’élevage, mettant en valeur une ferme entourant le couvent. Les lieux étant réquisitionnés par l’autorité militaire et transformés en sanatorium, le P. Amand revient à l’Ara Coeli le 1er octobre 1917 et obtient la faveur de regagner Jérusalem, reconquise par les Anglo-Arabes sur les Turcs le 8 décembre 1917: obligé de s’arrêter à Alexandrie (Egypte) le 13 février 1918, il ne parvient à Jérusalem que le 23 mars 1918. Sans retard, il est investi économe à Notre-Dame de France où la maison, occupée pendant la guerre par l’état-major turc, a bien souffert, malgré la surveillance discrète des lieux par le P. Boniface Moitroux, religieux hollandais qui avait trouvé refuge chez les Bénédictins allemands du Mont Sion. Notre-Dame de France ne peut redevenir maison d’études et dès lors le P. Amand se consacre aux pèlerins ainsi qu’à la prospérité de la ferme à Saint-Pierre en Gallicante. En avril 1934, le P. Amand qui souffre d’hydropisie est envoyé à la maison de Lorgues (Var) pour se refaire une santé. Son optimisme irréductible a sans doute raison de son mal puisqu’il retrouve avec joie sa résidence de Jérusalem en avril 1933. Il reprend l’accueil des pèlerins, veille au soin impeccable des menus pour lesquels il apporte toute sa vigilance en faisant manoeuvrer un bataillon de garçons. Il entraîne les pèlerins dans la visite des lieux saints et les fait pleurer sur les marches de la scala santa de Saint Pierre. Mais le 21 septembre 1938, le médecin l’oblige presque à l’hospitalisation pour un cancer à l’intestin. Peu à peu les reins bloqués ne fonctionnent plus. Le P. Amand meurt à l’hôpital Saint-Louis le 18 octobre 1938 tandis qu’alentour crépitent des balles de mitrailleuses. Son corps est transporté dans la chapelle du Sacré-Coeur de Notre-Dame de France, les militaires anglais réquisitionnant ce même jour plus de 100 chambres du bâtiment. A cause des combats, le P. Amand est inhumé provisoirement dans un cercueil en zinc. Le 26 octobre, un calme relatif régnant sur la ville, ses obsèques peuvent être célébrées dans la chapelle de Notre-Dame de France et son corps transféré au caveau de Saint-Pierre en Gallicante.
Bibliographies
Bibliographie et documentation: Lettre à la Dispersion 1938, n° 768, p. 216; n° 773, p. 253-258. Le Petit Alumniste (bulletin de Miribel-les-Echelles), 1934, n° 548, p.106-108 et 1939, n° 603, p. 21-23. Notice biographique par le P. Marie-Alexis Gaudefroy. Les ACR gardent quelques-unes des correspondances du P. Armand Chabert (entre 1903 et 1938).