Religieux de la Province de France. Formation. Quatrième enfant d’une famille qui en comptera six, René Mertz est né à Riedwhir (Haut-Rhin), le 18 février 1907. Après ses études à Scherwiller (Bas-Rhin), de 1920 à 1924 et à Miribel-les-Echelles (Isère), de 1924 à 1926, il entre au noviciat de Taintegnies en Belgique où il prend l’habit sous le nom de Frère Amarin, le 5 novembre 1926. Profès annuel le 6 novembre 1927 à Scy-Chazelles (Moselle), il étudie la philosophie à Saint-Gérard, commence sa théologie à Louvain où il est profès perpétuel le 1er novembre 1932, et la termine à Lormoy (Essonne) où il est ordonné prêtre le 24 décembre 1934.
Première mission. la Mandchourie. En octobre 1935, le P. Amarin part avec le P. Cyrille Paratte pour la Mandchourie (territoire chinois alors sous administration japonaise) où il va rester treize ans (1935- 1948), sans revoir sa famille, souvent sans possibilité de correspondre avec elle. Il s’y consacre principalement à l’enseignement, au petit séminaire de Kirin d’abord avec des Pères des Missions étrangères de Paris, puis au grand séminaire de Hsinking où plusieurs diocèses ont confié à une jeune équipe de missionnaires assomptionnistes la formation des séminaristes mandchous. C’est aux religieux de l’Assomption que l’on doit la construction du grand séminaire, conduite avec les difficultés que l’on imagine les contrôles des autorités japonaises d’occupation, les troubles politiques qui sont créés par l’intervention soviétique et la révolution communiste chinoise. La grande consolation du P. Amarin est de voir dix des grands séminaristes ordonnés prêtres, juste à la veille de la liquidation du séminaire. Par la suite ces prêtres travaillent dans la diaspora, réfractaires à la mise en place de l’Eglise patriotique, d’inspiration nationaliste et séparatiste (1).
De Worcester à Douvaine (1948-1973). Après quelques mois en France, le P. Amarin est de nouveau prêt pour d’autres champs lointains, en Amérique cette fois. Il est affecté d’abord au collège de Worcester (U.S.A.) où il dirige pendant quelques années l’école apostolique, en attendant de passer la frontière canadienne pour fonder en 1955 l’alumnat de Bury dont il est le premier supérieur. En 1958, il rentre en France pour relever le P. Romain Durand comme maître des novices à Nozeroy (Jura). Le noviciat ferme ses portes l’année suivante (1959). Le Père Amarin est alors nommé supérieur du collège de Bône (Algérie) et le reste jusqu’au retrait des religieux en 1963, par suite
du mouvement de l’indépendance algérienne. En 1963 il est nommé une année supérieur de l’alumnat de Vellexon (Haute-Saône) qui se trouve aussi en situation difficile de recrutement. Enfin de 1964 à 1973, le P. Amarin assume la charge de supérieur à l’orphelinat de Douvaine (Haute-Savoie).
Jérusalem (1973-1981). C’est encore, une mission difficile qui attend le P. Amarin en 1973. Agé de 66 ans, il part pour Jérusalem dont la communauté (Saint-Pierre en Gallicante) a été éprouvée par les événements politico-militaires de la guerre de Kippour. Son séjour doit y être bref, mais en 1976 il est reconduit comme supérieur jusqu’en 1981 où son état de santé l’oblige à revenir en France. Il sait créer durant cette période une climat de paix dans cette communauté internationale, souvent tiraillée entre des options opposées et déchirée par les tensions qui traversent le pays. Il s’épuise en étant au contact des pèlerins dont il faut assurer le guidage sur place, en plusieurs langues. Il a résumé les qualités du guide parfait: Etre accueillant, toujours de bonne humeur, avec un brin d’humour à l’occasion; être apostolique, mettre la note chrétienne toujours; être dévoué, n’avoir pas peur de remplacer l’un ou l’autre déficient; être au courant de la Sainte Ecriture, connaître l’histoire et l’histoire des Lieux saints et ne pas être trop long! Souffelweyershelm (1982-1985). Après un temps de repos en Savoie, le P. Mertz est nommé à la communauté semi-active de Strasbourg-Allée Spach. Il la quitte au printemps suivant lorsque se fonde la communauté de Souffelweyersheim (Bas-Rhin) où il vit trois années heureuses, après avoir assuré bien des postes à responsabilité, dans des circonstances difficiles ou transitoires. Il est un compagnon merveilleux pour ses confrères, malicieux, plein de gentillesse et d’attention. Il partage son temps, par périodes courtes et alternées, entre la prière, la lecture, le soin des fleurs et divers services communautaires. Il se montre d’une grande serviabilité, ne parle guère de lui et de sa santé. Il se soigne, mais dans le secret de sa chambre. Le jour de l’Ascension 1985, à la suite d’un malaise, il est hospitalisé à Strasbourg. Il y est soigné pour insuffisance respiratoire jusqu’au matin du 24 juillet, jour de son décès. Les obsèques sont célébrées le 29 juillet à Souffelweyershelm avec la participation d’une trentaine d’Assomptionnistes, de nombreux parents et amis. Le Père Amarin repose, le premier, au cimetière de Souffelweyersheim où la communauté obtient une concession. (1) La persécution religieuse anti-catholique commence par la saisie des écoles religieuses (mars 1951), l’expulsion du nonce apostolique (1951), l’adoption d’une ligne idéologique dite de la ‘triple autonomie’: clergé autochtone, autonomie financière, autonomie spirituelle. En avril 1958 ont lieu les premières consécrations d’évêques patriotes, choisis sans l’approbation de Rome.
Bibliographies
Bibliographie et documentation: Documents Assomption, Nécrologe (III) 1984-1986, p. 73-75. Assomption-France, Nécrologie n° 4, année 1985, p. 77-78. Lettre du P. Amarin Mertz au P. Wilfrid Dufault, Nozeroy, le 9 octobre 1958. Dans les ACR, du P. Amarin Mertz, rapports sur Nozeroy (1958-1959), sur le collège de Bône (1959-1963), sur Bury (1955-1958», sur Vellexon (1962-1963-, correspondance (1936-1973). Dans différentes revues (L’Assomption, l’Echo de Saint François de Douvaine), le P. Amarin Mertz a donné des chroniques des différentes maisons où il a vécu en communauté: Kirin, Buy, Nozeroy, Bône, Douvaine, Jérusalem et Vellexon. Justin Munsch, L’Assomption en Mandchourie 1935-1954, coll. Série Centenaire, na (1980).