Religieux de la Province de Lyon.
Débuts.
André Constantin Mugnier est né à Taninges (Haute-Savoie), le 22 décembre 1928. Il vit son enfance dans ce cadre pittoresque des Alpes, au milieu d’une famille nombreuse et unie. Sa vocation à la prêtrise germe lentement, comme un bel épi de blé, en même temps que celle de son frère Paul. En 1942, André quitte ses montagnes pour l’alumnat de Saint-Sigismond (Savoie), près d’Albertville où il fait ses années de grammaire. Il gagne Miribel-les- Echelles (Isère) pour les humanités (1945-1948). Avec des confrères d’étude, il gagne le7 noviciat de Nozeroy (Jura) où il enracine le don de sa jeunesse dans la terre féconde d’une générosité bien trempée. Il prend l’habit le 24 octobre 1948 et prononce ses premiers vœux le 25 octobre 1949. Lui restent sept années d’études pour la prêtrise. trois années de philosophie à Scy-Chazelles (Moselle) et quatre années à Lormoy (Essonne). Il est admis à la profession perpétuelle le 21 novembre 1954 et ordonné prêtre le 17 mars 1956 à Lormoy. Son premier poste est le collège de Mongré, près de Villefranche-sur-Saône (1956-1960). Il y enseigne le français et le latin aux jeunes de sixième. Il sait allier dans sa pédagogie la fermeté et la douceur, la bonté et l’intransigeance pour tirer de chacun de ses élèves le meilleur de lui-même.
Mission.
Comme les missions réclament alors des renforts pour créer des paroisses, des écoles et des collèges, le P. André s’adjoint au groupe d’enseignants pour aller fonder en Côte d’Ivoire à Abidjan. L’évêque du lieu, Mgr Boivin vient de lancer en 1957 le collège de Notre-Dame d’Afrique:c’est une ruche de plus de 300 élèves où noirs et blancs vivent en bonne entente;
mais les classes sont surchargées, les corrections de copies manquent la plupart du temps. Le dimanche, c’est une envolée vers les villages qui manquent de prêtres, ce sont les files de confessions sans le don des langues! C’est aussi la sortie avec les scouts, parfois seulement le farniente près de la lagune ou de la mer: ainsi se déroulent sept années consacrées au service des jeunes Africains gentils, tour à tour paresseux ou travailleurs et susceptibles. Le P. André rentre en France avec la moitié de son cœur, laissant l’autre sur place à Abidjan où il a passé sept belles années, pleines de vie (1960-1967). Pendant deux ans (1967-1969), il est animateur, bon’à tout faire, à l’orphelinat de Douvaine (Haute-Savoie), près de Genève. Quand on vient lui rendre visite, on le surprend noyé parmi les jeunes, reconnaissable à sa barbe et à son sourire.
Mongré à nouveau.
Le dernier périple de la vie du P. André le ramène à Mongré en 1969. Préfet de division des moyens, il passe des heures plus ou moins glorieuses de faction dans cette salle assez terne qui jouxte l’étude et la cour. Mais être prêtre, ce n’est pas pour lui être uniquement surveillant. Quand enfin il a une classe à lui, il en fait un sanctuaire: une horloge rustique, un filet de pêche, des photos, des tables, des sièges de couleur, tout doit être beau! Il découpe des photos, collectionne des diapositives, se monte en disques, en tourne-disques, en magnétophones, en appareils de projections, en musique pour illustrer, nourrir et enrichir des séances de partage d’Evangile, des discussions en catéchèse, offrir des thèmes d’échange. Il aime animer des temps de retraite pour les jeunes à Valpré, à Chaleins préparer les cérémonies de profession de foi, toujours exactes, minutieuses et réussies. Le P. André a un secret: il ne rechigne pas à la tâche, malgré les critiques qu’il doit digérer., Il conquiert estime et amitié. Le dernier tournant de sa vie est étrange: d’abord une chute en hiver lui vaut une jambe dans le plâtre, puis une deuxième chute en novembre 1975 le conduit à l’hôpital. A la sortie, on le trouve méconnaissable, mais cette fois ce sont les séances d’examens, de rayons, de piqûres contre le cancer qui le transforment. Une toque masque son crâne devenu chauve. Une dernière fois la communauté se réunit autour de lui à Taninges, le samedi 29 mai 1976, par une journée splendide, dans un cirque de montagnes de toute beauté. C’est le rendez-vous de l’au revoir, car le P. André s’en est allé dans la nuit du 26 mai à l’hôpital d’Albertville d’une tumeur au cerveau, veille de l’Ascension. La nouvelle est tombée comme un couperet, dans sa sécheresse et sa froideur. C’est une souffrance de voir sa mère, ses frères et sa sœur, tous ses amis pleurent celui qui n’est resté que trop peu de temps ballotté entre l’espoir d’une guérison et la crainte sourde d’une fin inexorable. Il n’a que 48 ans.
Bibliographies
Bibliographie et documentation- Documents Assomption, Nécrologe (I) 1975-1980, p. 29. Lyon-Assomption, octobre 1976, n° 51, p. 16-17. Nouvelles d’Abidjan dans la chronique de Rhin-Guinée de décembre 1957.