Ange (Charles-Louis-J.) VERMECH – 1873-1953

Hersin, 1919.
« Je rentre d’Arras et de Lille où j’ai été envoyé d’urgence pour la
démobilisation. Cela m’a pris 6 jours et je me suis vu dans l’obligation de
revenir à l’hôpital pour y terminer certaines affaires que comme prêtre je
ne pouvais laisser pendantes. Je m’empresse de vous envoyer les
renseignements que vous demandez à chacun d’entre nous et d’y joindre un
mot que le P. Booker, notre aumônier, absent momentanément, a bien voulu
laisser dans ma hutte avant de partir. Où pourrai-je vous trouver-? Où
dois-je me rendre pour la retraite? Comme lieu de rapatriement j’ai indiqué
Newhaven, mais avant de repasser le détroit, permettez-moi de vous exprimer
le désir que j’ai de vous voir. Ma déception a été grande de ne pas vous
rencontrer à Paris. Ensuite j’ai dû faire le mort à cause d’une
indiscrétion. Il faudrait aussi faire arrêter tout envoi à mon adresse de
la part de la Bonne Presse. Quelle joie c’est pour moi de me redonner à
l’Assomption mieux que jamais! Votre fils indigne vous remercie déjà de la
peine que vous prendrez pour l’éclairer, le brosser et le polir de tous ses
angles aigus ou blessants qu’il faudra battre au marteau!
». Charles Vermech.

Religieux français de la Province d’Angleterre. Formation. Charles-Louis-Joseph Vermech (1) est né à Hersin- Coupigny (Pas-de-Calais), le 12 décembre 1873. Il commence ses études secondaires à l’alumnat de Mauville (Pas-de-Calais), de 1889 à 1891, les poursuit quelques mois à Arras (Pas-de-Calais), en 1891, et les achève à Clairmarais (Pas-de-Calais) de 1891 à 1892. Le 25 décembre 1892, il prend l’habit au noviciat de Livry (Seine-Saint-Denis), sous le nom de Frère Ange et la direction du P. Athanase Vanhove. Il prononce ses premiers vœux le 25 décembre 1893 à Phanaraki, au noviciat d’Asie en Turquie, et également ses voeux perpétuels le 2 février 1895. C’est à Kadi-Keuï, sur les bords du Bosphore, et à Jérusalem, Notre-Dame de France, que se poursuit sa formation philosophique et théologique (1898-1902). Le Frère Ange est ordonné prêtre à Jérusalem le 20 octobre 1901. Ministères. Sur sa fiche de religieux, le P. Ange indique ses résidences successives de la façon suivante: Ismidt pendant quatre années comme professeur (avant 1903), chapelain à New York aux U.S.A., de 1903 à 1905, quelque temps de passage à Clairmarais (1905), vicaire à Brockley en Angleterre de 1905 à 1907, vicaire quatre ans à Rickmansworth (1907- 1911), professorat à Bethnal Green à Londres (1911-1913), Newhaven de 1911 à 1949, sauf pendant les années de guerre 1914-1918 où il est incorporé dans l’armée territoriale française et dans un régiment d’infanterie à Béthune (Pas-de-Calais) où il est affecté à un service d’aumônerie militaire, puis de 1949 à 1953 dans des communautés actives où il est au repos, en Angleterre. Ces indications chronologiques ne correspondent pas toujours de façon exacte à d’autres recoupements que nous avons pu faire sur ses différents emplois. Quoi qu’il en soit, Page :291/291 il est clair que le P. Ange a passé la majeure partie de sa longue vie sacerdotale comme curé dans la paroisse anglaise de Newhaven. L’infirmité rhumatismale qu’il a rapportée de la première guerre mondiale n’a jamais brisé son dévouement à la fois joyeux et généreux. En novembre 1946, il écrit au P. Gervais Quenard qu’il demande la faveur d’opter pour la nouvelle Province d’Angleterre. Il y a travaillé, dit-il, depuis 40 ans. Malgré son âge, 73 ans le 12 décembre [1946], il pense encore pouvoir se dépenser pour Notre-Seigneur et l’Assomption. Le P. Bernardin Bal-Fontaine sait ce que les religieux font dans la région. La guerre, le seconde mondiale, n’y a pas bonifié la situation, loin de là, mais ce n’est pas le moment de dire qu’il n’y a rien à faire quand tout est à refaire. D’autres un jour récolteront! La façon que le P. Ange a de se faire tout à tous, avec une certaine largesse de vue, lui vaut une popularité générale dans toute la ville de Newhaven. Il supporte avec patience, bonne humeur et piété, un temps d’activité ralentie lorsque ses infirmités grandissantes lui rendent tout ministère extérieur impossible. C’est au noviciat de Capenor qu’il meurt le 23 septembre 1953. Note sur Newhaven. « Newhaven est une petite ville de 7000 habitants en 1928, située au sud de l’Angleterre, dans le comté de Sussex. Une petite rivière, l’Ouse, la traverse et son embouchure sert de port aux bateaux de la Compagnie franco-anglaise qui fait le service Newhaven-Dieppe. La population de Newhaven est d’un protestantisme bigarré et partagé entre l’Eglise Anglicane, l’Eglise Congrégationaüste, l’Eglise Baptiste, l’Eglise Wesleyenne, l’Eglise Méthodiste, l’Eglise Primitive Méthodiste et l’Eglise Calviniste. Les catholiques n’y sont qu’une infime minorité, 120 tout au plus, quelques familles d’ouvriers du port, du chemin de fer et des bâtiments de commerce. Le prêtre catholique y est maintenant estimé. Il y a une vingtaine d’années, les gamins du port venaient jeter des pierres contre les portes du couvent. Le Supérieur, le P. Delphin Coussirat, fut même obligé pour l’exemple d’en poursuivre quelques-uns et de les conduire au poste de police, en les tenant par les oreilles… ». D’après un rapport du P. Charles [Ange] Vermech, 1928. (1) On trouve au moins quatre orthographes successives de ce nom: Vermech, forme la plus fréquente, reproduite et utilisée le plus fréquemment par l’intéressé lui-même à laquelle nous nous rangeons, mais tout aussi bien Vermeech, Vermeesch et Vermesch. Page :292/292

Bibliographies

Bibliographie et documentation: B.O.A. juin 1954, p. 71. The Assumptionist, 1953, n° 4, p. 14-15. Lettre du P. Ange (Charles) Vermech au P. Joseph Maubon, Hersin, 2 janvier 1919. Du P. Ange Vermech, dans les ACR, rapports sur Newhaven (1926-1938), correspondances (1896- 1946).