Religieux de la Province de Paris.
Une enfance en Ardèche, une jeunesse hors frontières et une blessure à vie.
Né le 28 août 1888 à Saint-Etienne de Valoux, au canton de Serrières (Ardèche) où il fait son école primaire, Clovis entre au collège de Sainte-Barbe à Annonay (1900-1903) avant de connaître la vie à l’alumnat: Miribel-les-Echelles (Isère) de 1903 à 1906. Le 21 septembre 1906, le P. Emmanuel Bailly lui donne l’habit au noviciat de Louvain (Belgique) où il prononce ses premiers vœux le 21 septembre 1907 sous le nom de Frère Angelome (1). Sans quitter la maison, il y poursuit ses études de philosophie (1908-1911). Il prononce ses vœux perpétuels le 21 septembre 1908. La coutume veut que les scolastiques passent quelques années dans les maisons d’œuvres. Angelome est envoyé à Worcester (U.S.A.) de 1911 à 1913, puis à Locarno en Suisse (1913-1914). Sans préparation militaire, il est mobilisé au début des hostilités: couché en pantalon rouge d’infanterie dans un champ de betteraves, il a les deux cuisses traversées par une rafale de mitrailleuse tirant au ras du soi. Relevé par les Allemands le soir, il est soigné Outre-Rhin. Cette blessure le rend boiteux pour la vie. Trois ans captif, il est échangé et peut commencer des études de théologie à Fribourg (Suisse). En 1918 il peut rentrer à Louvain pour terminer sa formation théologique. Il est ordonné prêtre le 7 août 1921. Une longue carrière de professeur l’attend, après avoir passé quelque temps à la Documentation Catholique de la Bonne Presse (1921-1922).
Enseignement, presse et prédication.
Professeur de belles lettres au collège de Nîmes de 1922 à 1924, le P. Angelôme retourne à Worcester de 1924 à 1929: esprit sérieux, avide de perfection, de culture solide, il se montre excellent professeur, humaniste et pédagogue,
Un homme de plume et de voix.
« Beaucoup de religieux ont été mobilisés pour le Carême, et surtout pour la Semaine Sainte. Le record des sermons doit être tenu par le P. Angelôme qui en a donné 52 à Nantes en l’église Notre-Dame de Bon-Port où il fait suite à d’illustres prédicateurs ». Nouvel les de la Famille occupée, 15 avril 1942, p. 1.
« Nous chargeons le P. Angelôme Cleux de remplacer le bon Père Ernest [Baudouy], aimable chroniqueur qui aimait à enregistrer tous nos faits et gestes dans La Lettre à la Dispersion. Il est temps de reprendre une publication que sa mort et la guerre ont interrompue, malgré les restrictions actuelles de tirage et de papier. Le P. Angelôme s’aidera du patronage off!ciel du P. Rémi Kokel, secrétaire général de la Congrégation. Une nouvelle Dispersion pourra donc recommencer avec la nouvelle année et on est prié de lui adresser toutes communications utiles directement à la Bonne Presse ». P. Gervais Q., 17 déc. 1944. [En fait, la Dispersion renouvelée devient La lettre à la Famille].
Notices Biographiques A.A entraîneur de vocations théâtrales, confrère gai et distingué, ami des distractions cultivées, mais trop scrupuleux. Il lance une revue Vers l’ïdéal. Son prénom de religieux – où il pourchasse sans pitié dans l’écriture courante un ô fautif à ses yeux – l’y fait surnommer Two in one. Homme de grande culture, il aime châtier son vocabulaire, surveiller les lectures, mais se montre exagérément inquiet dans le souci de ‘préservation’ de la jeunesse. Il censure facilement les rayons de la bibliothèque et le répertoire théâtral. Pour raison de santé, il retraverse l’Atlantique et reprend du service dans les alumnats de Davézieux (1929-1935) et de Vérargues (1935-1938). La Bonne Presse fait appel à lui pour la direction de La Croix des jeunes et de La Croix du Dimanche. Ses chroniques écrites d’une plume alerte, traitant avec compétence des problèmes de l’heure lui valent une notoriété reconnue et un lectorat fidèle. Mais ses amis s’inquiètent de la fragilité de sa santé et de sa fatigue: même le temps des vacances ne semble pas le reposer. Il se plaint de souffrir d’entérite, mais en 1951 c’est un cancer qui est diagnostiqué et dont il est opéré. Il est envoyé en convalescence à Lorgues (Var). Le P. Gabel décide de l’inscrire au pèlerinage national de Lourdes d’où il en revient avec la certitude d’un miraculé. En 1952, il peut quitter la maison de repos et gagner Lormoy (Essonne) comme une base d’apostolat: il écrit des compte rendus d’ouvrages pour la Bonne Presse, met la dernière main à son ouvrage sur le P. d’Alzon, écrit des plaquettes, prêche. En janvier 1953, une radiographie du rein nécessité son transfert à l’hôpital de Juvisy-sur-Orge. Il ne fait que passer à la fin de l’été 1963 à La Ville-du-Bois (Essonne) où l’aumônerie du pensionnat des Oblates lui sied comme poste. Mais la maladie le reprend. On doit l’hospitaliser à nouveau, cette fois à Saint-Michel à Paris. Il y meurt le 24 octobre 1933, après avoir reçu le sacrement des malades par le P. Balme et s’être fait soigneusement raser la barbe, comme à l’accoutumée. Les obsèques, présidées par le P. Fulbert Cayré, sont célébrées dans la chapelle parisienne de la maison provinciale, à Denfert-Rochereau. Ses restes sont inhumés dans le caveau de Montparnasse, auprès des anciens de l’Assomption qu’il vénérait.
Bibliographies
Bibliographie et documentation: B.O.A. juin 1954, p. 72. Lettre à la Famille 1954, n° 166, p. 32-33; n° 176, p. 105; 1955, n° 178, p. 3- 5; n° 179, p. 14-16. On doit au P. Angelome Cleux des biographies: Emmanuel d’Alzon, homme d’Eglise, 1961, 190 pages; P. Louis Robert, l’Aube d’une âme, 1933. Une partie de son courrier est conservé dans les ACR (1915-1948). Prédicateur et conférencier, il a laissé également un certain nombre de notes manuscrites dont quelques-unes ont été publiées dans les bulletins de la Congrégation. Le P. Angelôme a été lui-même chargé en 1944 de la publication de La Lettre à la Dispersion. (1) Le P. Angelome a pris soin lui-même de préciser que le ‘o’ de son prénom ne prenait pas d’accent circonflexe, mais on trouve fréquemment cette graphie dans ,des textes le concernant!