Aniceto MANSO – 1867-1887

Les premiers pas de l’Assomption en Espagne Le premier contact de
l’Assomption des hommes avec l’Espagne remonte à
l’année 1880, avec le transfert des novices de France (Paris, Nimes) à
Osma, en Vieille- Castille, sous la direction le P. Emmanuel Bailly . Cette
implantation de religieux français à l’étranger donna naissance à quelques
vocations de Frères espagnols. Mais en 1886, le noviciat retourne en
France, à Livry.
Ce contact avec l’Espagne, sa culture, sa langue, ses coutumes, n’est
cependant pas sans lendemain: il permettra quelques années plus tard à
quelques religieux de s’aventurer et de s’inculturer
au Chili (1890), en milieu hispanophone. Pendant quelques années, après
1886, se cherche une autre forme de présence de l’Assomption en Espagne: à
Osma, à Madrid
(collège), mais les essais sont infructueux. Il faut attendre la deuxième
expulsion de l’Assomption française hors de l’hexagone, en 1900-1901, pour
qu’une nouvelle communauté vienne s’établir d’abord à Calahorra (1904),
puis à Elorric dans le pays basque. Ce délai montre le chemin nécessaire à
parcourir entre une implantation géographique et une phase d’inculturation.

Religieux espagnol, profès in articulo mortis.

D’un témoignage de 1887…

Nous lisons. dans les Souvenirs de 1887 la mention du décès de ce jeune religieux espagnol:

« Le 18 octobre 1887 mourait à l’alumnat de Nîmes un jeune religieux convers espagnol, le Frère Aniceto. Il était d’Osma. Dès les premiers jours de l’établissement du noviciat en Vieille-Castille fl 8801, il nous avait été confié par son père qui ne désirait qu’une chose, la sainteté de son fils unique. Le Frère Aniceto avait conservé sa foi et sa candeur. Il n’était pas rare qu’on le surprît dans quelque coin de la maison, occupé à prier secrètement. Simple et bon, il était toujours gai, ne se plaignait jamais, même pendant sa maladie. Il y a trois ans, quand il quitta ]Espagne, son vieux père auquel il demanda la dernière bénédiction, traça sur son front et sur sa poitrine un grand signe de croix, se disant qu’il ne le reverrait plus ici-bas, et demandant cependant à Dieu la grâce d’une séparation qui ne fût point longue. Or le père est mort huit jours avant le fils. Le Frère Aniceto a eu le bonheur de prononcer ses voeux avant de mourir. La tombe du P. d’Alzon qui s’était ouverte, il y a un an et demi, pour recevoir le Frère Victor [Uginet], vient donc de se refermer de nouveau sur la dépouille d’un religieux de Nîmes. C’es le premier assomptionniste espagnol qui meurt parmi nous».

A un récit recomposé en 1905.

La revue L’Assomption en 1905 reprend à peu près dans les mêmes termes le récit consacré à la mémoire du Frère Aniceto, en y ajoutant cependant quelques détails qui nous permettent de donner des précisions sur le parcours de ce jeune religieux« A son départ dEspagne, Aniceto fut envoyé à Notre- Dame des Châteaux [Savoie], puis à Mauville [Pas- de-Calais],

enfin à l’alumnat Saint-Augustin à Nîmes [Gard]. C’est là qu’il devait tomber. Au mois d’août il fit une grande fatigue, mais aussi avec une angélique ferveur le pèlerinage de Lourdes. On s’intéressait à cet enfant, on unissait ses prières aux siennes pour obtenir sa guérison. La Vierge Immaculée voulait cette fleur. Le jeune malade revint à Nîmes, supportant avec résignation ses longues souffrances. Vers le milieu de septembre (1), sans agonie, sans secousse, il achevait son pèlerinage. Celui qui fut en Castille notre petit enfant de chœur dort son dernier sommeil au cimetière Saint-Baudile, dans le caveau de l’Assomption ». (1) D’après les Souvenirs, le Frère Aniceto est mort le 18 octobre. D’après L’Assomption, il a rendu le dernier soupir à la mi-septembre. D’après la notice que lui consacre le P. Marie-Alexis Gaudefroy, il est mort le 17 octobre. Nous nous en tenons, pour la date, en l’absence de toute autre preuve formelle, au récit le plus contemporain des faits, le 18 octobre. Nous avons d’ailleurs trouvé dans un carnet de notes manuscrites du P. Eugène Monsterlet une autre confirmation chronologique contemporaine des faits. « Depuis quelques mois (1887), nous avons deux jeunes frères convers qui ont fait leur noviciat aux Châteaux sous la direction du P. Rémi Commun, les Frères Aniceto lequel aide à la cuisine et le Frère Antonio aux travaux du jardin, deux espagnols. Le Frère Aniceto est natif de Osma et a passé toute son enfance à l’ombre de ce cher couvent du Carmel qui offrit l’hospitalité aux novices assomptionnistes après les expulsions de 1880. Il avait une douzaine d’années quand il vit arriver dans sa ville hospitalière les exilés de France. Il obtint de ses parents de venir se mettre à la disposition de ces moines (sic) français pour leur rendre quelques services matériels. Reçu d’abord comme domestique dans la communauté, il était à la disposition du Père économe pour les courses en ville. Le matin il servait le plus grand nombre de messes possible. Sur son désir, quand il eut l’âge canonique, il entra au postulat des Frères convers et suivit les exercices aux Châteaux, à Mauville et à Nimes. Le P. Picard lui accorda la consolation de se joindre en août dernier au Pèlerinage national à Lourdes. Les brancardiers transportèrent avec beaucoup de précautions le ‘petit frère espagnol’ au visage souriant et à la figure distinguée, de la Grotte aux piscines. La veille de sa mort, le P. Alexis Dumazer, supérieur du collège, vint lui annoncer que le P. Picard l’autorisait à prononcer les vœux perpétuels in articulo mortes. Ce fut pour lui une grande allégresse, malgré ses souffrances. Le lendemain, 18 octobre 1887, vers les 15 h., notre bon petit frère quittait ce monde pour la patrie céleste ».

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Souvenirs 1887, no 55, p. 370. L’Assomption, 1905, no 102, p. 89-90. Notice biographique par le P. Marie-Alexis Gaudefroy. Carnets du P. Monsterlet, VI (ACR: PR 45). Sur l’Assomption en Espagne, on peut se reporter à l’article du P. Enrique Goiburu publié dans L’Assomption et ses ouvres, 1977, no 589, p. 4-6.