Mgr Antoine Varthalitis est né à Vari de l’île de Syra, le 1/1/1924, enfant d’une famille nombreuse (11 enfants), dont les deux sont devenus religieux prêtres, deux prêtres et un religieux.
A l’âge de 11 ans, le 5/101935, il est rentré, parmi les premiers juvénistes, à la nouvelle communauté des Pères Assomptionnistes, en Grèce.
Malheureusement avec le début des hostilités des la deuxième guerre mondiale, et la guerre civile en Grèce (décembre 1944), il était fatal que la petite communauté de la rue Eptanissou, des pères Assomptionnistes, subisse des douloureuses conséquences. Ainsi le petit séminaire était presque en dissolution et les enfants sont retournés à leurs familles. Entre temps, Antoine est appelé pour son service militaire à la marine.
En 1949 on ouvre à l’île de Naxos un noviciat sous la direction du P. Athanase Remoundos, ou l’un des candidats était Antoine. Aussi il a suivi les cours de philosophie en Grèce.
Ensuite, Antoine a fait sa théologie en France. Il est ordonné prêtre avec le P. Augustin Roussos le 11 février 1953. En juillet de la même année ils retournent en Grèce, à la communauté des Pères, à la rue Eptanissou, à Athènes.
L’année 1955 commence la charge pastorale du P. Antoine, comme curé de la paroisse de Saint Paul, au Pirée. Après quatre ans, le 1959, il est appelé de nouveau à la communauté de la rue Eptanissou ou il est nommé Supérieur. Pendant son supériorat commencent les travaux pour la construction de la chapelle de Saine Thérèse et de la nouvelle maison communauté des Pères, non pas sans difficultés et des péripéties!
En 1962 le P. Antoine est convoqué par Rome et il est sacré Archevêque des catholiques de Corfou et des îles Ioniennes et plus tard s’est ajouté sous sa juridiction aussi le vicariat de Salonique.
Mgr Antoine a servi pendants 42 ans cet Archevêché par une riche pastorale, œcuménique, et action sociale, avec abnégation et simplicité. C’est pourquoi il était aimé aussi bien des catholiques que des orthodoxes.
Malgré sa longue absence il n’a jamais oublié sa communauté religieuse qu’il visitait souvent. Ainsi en l’an 2004, après da démission de l’Archevêché de Corfou, par la limite de l’âge, il retourne de nouveau à la communauté de Pères, à Athènes. Sa santé est un peu affaiblie, mais il est plein de zèle et de courage.
La première épreuve de santé était le 3 juin 2006, quant Mgr Antoine est hospitalisé d’urgence à l’hôpital par une crise cardiaque. Après les premiers examens on procède à une intervention angioplastique, en lui passant un «stend» à l’artère du cœur. L’opération a bien réussie, mais une année plus tard, récemment, le 15 octobre 2007, il est hospitalisé et après les premières analyses médicales on a décelé une sérieuse légion au foie. Ensuite il est transféré d’urgence à la salle de réanimation intensive, ou il s’éteint une semaine plus tard, le 27 octobre 2007, au bon matin. Là il a reçu les sacrements des malades dans un moment de lucidité.
Il faut noter ici une coïncidence significative: Mgr Antoine est décédé le même jour ou est mort son frère prêtre, Joseph, à Corfou, il y a quelques années, d’une crise cardiaque!
Les obsèques de Mgr Antoine ont eu lieu à la Cathédrale d’ Athènes, Saint Denis, avec toute la solennité voulue.
Le Célébrant de la cérémonie était le Président de la Hierarchie Mgr François Papamanolis, évêque de Syra, qui a prononcé le sermon funéraire, assisté par Mgr le Nonce, Patrick, tous les évêques de la hiérarchie, le P. Général des Assomptionnistes, Richard Lamoureux, le représentant du P. Provincial de France, Sylvain Gasser, les Pères de la communauté d’Athènes, le clergé d’Athènes, ainsi que des représentants des autres Diocèses, des Pères des Congrégations, des frères, des Sœurs, et des nombreux fidèles, qui ont rempli la Cathédrale, parmi lesquels une représentation de l’île de Corfou avec leur Maire.
Au premier rang des officiels était le secrétaire de la Hiérarchie de l’Eglise Orthodoxe de Grèce, Mgr Dorothé, Métropolite de Syra, qui a adressé la parole à l’assistance, entouré par trois prêtres.
A la fin de la Cérémonie le curé de la Cathédrale a lu les messages de condoléances du Saint Père de Rome, Benoît XVI, et du président de l’Office des Eglises Orientales, ainsi que d’autres Organisations. Tous ont noté le caractère de simplicité et les vertus d’un bon pasteur, hardi et désintéressé, son cœur ouvert pour unité des Chrétiens et son action sociale, puisqu’il était les dernières années président de la Caritas de Grèce.
Son corps est inhumé dans le caveau des Pères Assomptionnistes, au Cimetière catholique, au faubourg d’Héraclé, à côté ses confrères défunts de la Congrégation.
P. Alekos Psaltis, a.a.
1er novembre 2007, Athènes
Monseigneur des îles
Il n’y a que très peu de catholiques en Grèce: 65.000 environ sur une population de 10 millions et demi d’habitants, en majorité de religion orthodoxe.
Dispersés dans tout le pays, les catholiques sont répartis dans les quatre diocèses d’Athènes, de Syros, de Tinos et de Corfou ainsi que dans le Vicariat apostolique de Thessalonique.
Depuis 1962, un assomptionniste, Mgr Antoine Varthalitis, originaire de Syros, est archevêque de Corfou.
Il est également vicaire apostolique de Salonique depuis 1992.
Dans son île paradisiaque, celle où Nausicaa secourut Ulysse et où l’impératrice Sissi construisit son palais de l’Achilleon, le nombre de catholiques est minime, seulement 3000 sur une population de 130000 habitants. En fait, c’est une paroisse, avec deux prêtres pour la desservir. L’évêque a envoyé deux autres prêtres à Volos dans son Vicariat de Salonique, où les catholiques ne sont que 2000.
Si, en temps ordinaire, le travail pastoral est celui de toutes les paroisses, tout change quand arrive la saison touristique. Les grands hôtels sont pleins et les touristes de religion catholique font appel à l’évêque et à ses prêtres pour les sacrements et les messes du dimanche. Du reste, Jean-Paul 11, recevant les évêques catholiques de Grèce le 5 février 1999, a souligné l’importance de leur pastorale auprès des touristes.
Mgr Varthalitis, qui accueille beaucoup de visiteurs durant l’été, a construit à Messongi, à 22 km de Kerkira, une maison de colonie de vacances utilisée par des jeunes du diocèse ou de l’étranger.
Dans ce pays à majorité orthodoxe, les catholiques sont attentifs à maintenir de bonnes relations œcuméniques avec leurs autres frères chrétiens. Mgr Varthalitis estime que ces relations vont en s’améliorant.
Âgé de 75 ans, l’évêque a un secret pour se maintenir en bonne santé : le jardinage. Il a acheté, à proximité de la capitale, un grand jardin de 4000 m2 où il cultive tous les légumes possibles. Il conduit même un tracteur! Ses récoltes de concombres, d’aubergines et de tomates sont appréciées, non seulement à l’évêché mais chez les religieuses et à l’hospice pour personnes âgées.
Assomptionniste, Mgr Varthalitis, qui fit autrefois ses études à Lyon, n’oublie jamais de rencontrer ses frères grecs dans leur paroisse Sainte-Thérèse d’Athènes.
D’après Pierre Gallay
UN EVEQUE ASSOMPTIONNISTE AU SERVICE DU ROYAUME
Corfou
Sacré archevêque de Corfou dans la cathédrale catholique d’Athènes, le 5 août 1962, je me voyais bien petit au milieu d’un peuple chargé d’une histoire mouvementée et riche d’expérience humaine. Il me fallait quitter un autre peuple que j’aimais, que j’avais vraiment adopté et pour me diriger vers le nord, vers une île renommée déjà par le passage ou le séjour glorieux et sombre de nombreuses couronnes d’Europe. Il m’a fallu me faire un avec ce peuple marqué de traces multiples, laissées par des conquérants successifs. II avait besoin d’être compris, aimé et accepté tel qu’il était.
Les Chrétiens
Habitants d’une île touristique, carrefour et plaque tournante entre deux continents, les catholiques de Corfou, à la fin de la Seconde Guerre mondiale, connaissent l’oppression, la persécution et l’exode. On confondait catholiques et Italiens et il fallait prendre la route de l’exil afin de pouvoir survivre… Il m’était donc nécessaire, en arrivant sur cette île, de panser des blessures profondes et de commencer un dialogue fraternel et œcuménique qui n’était guère facile. Le temps montre le résultat de beaucoup de sacrifices et aujourd’hui, on peut unanimement avouer que nous vivons des relations fraternelles avec tous les habitants, quelle que soit leur confession, chrétienne ou non, et en particulier avec le métropolite orthodoxe et son clergé.
Le Clergé
La majorité des couples catholiques sont mixtes; les enfants suivent en général la confession du père et les deux paroisses catholiques de l’île sont desservies par:
– trois prêtres séculiers (paroisse de la cathédrale), aidés d’une petite communauté de Sœurs de Saint-Joseph-de-Lyon, de nationalité grecque, qui tiennent aussi une école de français.
– Une communauté de Pères capucins (paroisse du Sacré-Cœur) secondés par une communauté de sœurs Franciscaines de Malte. Elles s’occupent aussi de l’hospice de vieillards du diocèse et elles donnent parallèlement des cours d’anglais.
Le Diocèse
Le diocèse de Corfou comprend toutes les îles Ioniennes (au nombre de sept, d’où l’appellation d’Heptanèse) et la partie ouest de la Grèce continentale. Deux îles, Céphalonie et Zante ont une communauté catholique assez importante qui « grandit » avec l’affluence de touristes durant l’été. Céphalonie, qui forme une paroisse, a longtemps été desservie par un Père capucin, décédé l’année dernière. La communauté des Capucins d’Athènes y envoie régulièrement un prêtre, mais il ne réside pas en permanence.
A Jannina, chef-lieu de l’Epire, il y a une chapelle catholique. Des couples mixtes (grecs-étrangers) de toutes nationalités y résident et nous essayons, de temps à autre, de leur rendre visite et d’assurer les sacrements. La distance et les difficultés pastorales nous rendent difficiles les contacts fréquents et nous regrettons de ne pas pouvoir être plus disponibles à des fidèles catholiques dispersés à travers la Grèce.
Comme tout Évêque
Comme évêque, j’ai les mêmes préoccupations que les évêques d’Europe et du monde entier. Elles sont
– le maintien de la foi dans un monde matérialisé : le tourisme apporte d’énormes capitaux; le niveau de vie et le pouvoir d’achat connaissent des ascensions vertigineuses et la première victime en est la famille : séparations et divorces se multiplient; les enfants et les jeunes sont les premiers à en subir les conséquences : délinquance, cas sociaux, chômage, drogue, immoralité… II est difficile de trouver des centres d’intérêt pour des jeunes qui ignorent la privation et qui manquent d’idéal.
Les prêtres, aidés de religieuses et de catéchistes laïcs, font beaucoup d’efforts et la catéchèse est bien organisée. Cependant, il manque un point très important : le témoignage de la pratique religieuse des adultes, de la famille qui est très influencée par le milieu orthodoxe.
– L’œcuménisme nous tient à cœur et bien que l’Église orthodoxe officielle de Grèce avance à des pas très lents vers la réalisation de ce désir ultime du Christ, les fidèles, eux, n’ont pas de difficultés réelles à vivre au milieu de frères d’une autre confession chrétienne ou religieuse.
– La pastorale du tourisme fait partie de nos soucis pastoraux. L’abolition des frontières au sein de la Communauté économique européenne nous pousse à désirer, à souhaiter que le séjour plus ou moins prolongé des touristes parmi nous puisse leur permettre de trouver des frères accueillants, des assemblées dominicales parlantes et une ambiance fraternelle, loin de toute exploitation économique.
Un Diocèse d’accueil
A Corfou, nous affrontons aussi le problème de l’immigration : beaucoup de Philippines, ayant quitté mari et enfants, sont venues chercher du travail comme employées de maison. Des Polonais commencent à venir et les problèmes pastoraux de langue vont se créer pour nous. La qualité de notre accueil restera, peut-être pour tous ces déplacés, l’expression vécue de l’Évangile
« J’étais étranger et vous m’avez accueilli. » (Mt 25, 36.)
Enfin, conscients d’être responsable de cette petite barque que le Seigneur a confiée à Pierre, d’être le pasteur d’un « petit troupeau » (Lc 12, 31) qu’il me faut conduire vers « de verts pâturages » (Ps 22), avec tous mes collaborateurs, nous essayons de maintenir la foi reçue des apôtres et « d’affermir nos frères » (Lc 22, 32).
Sur une île mondialement connue pour ses vacances d’été, la devise du Père d’Alzon continue de briller comme une étoile dans la nuit par la foi de ceux qui espèrent sans voir et qui marchent « comme s’ils voyaient l’invisible » (Hé 11, 27).
« Que ton Règne vienne. » (Lc 11, 2.)
Antoine Varthalitis
Président de la Conférence
épiscopale catholique de Grèce
archevêque de Corfou.