Apollinaire (André) PECHAYRE – 1877-1918

Jérusalem, 1902.
« Ce m’est un devoir très doux de m’unir à tous les nouveaux prêtre pour
vous donner à mon tour l’expression de mon affectueuse reconnaissance.
Depuis les premiers désirs de ma vocation religieuse jusqu’à son complet
épanouissement, jusqu’à la grande grâce du sacerdoce, je dois tout à
l’Assomption que j’aime, c’est vrai, de toute mon âme. Mais je voudrais
l’aimer encore davantage et pour cela être un saint. Du moins puis-je vous
assurer qu’en offrant pour la première fois le saint
Sacrifice, de tout mon cœur j’ai demandé à Dieu de répandre sur ma famille
religieuse ses plus saintes bénédictions. Pour elle, au Saint-Sépulcre,
j’ai formé les meilleurs vœux et souhaits de résurrection glorieuse après
les souffrances de la passion qu’elle endure. Hier soir, au sermon de
veille de fête, le P. Célestin [Huff] nous a dit que nous étions ici à
Jérusalem les messagers, les mages de la Congrégation. En conséquence nous
sommes allés ce matin représenter
auprès du berceau de l’Enfant- Dieu l’Assomption toute entière. J’ai offert
à la grotte des Innocents, avoisinant la crèche, le saint Sacrifice et
promis de rendre à mes supérieurs un peu du dévouement qu’on m’a pratiqué
».

Notices Biographiques A.A

Religieux français. Une vie fauchée par la guerre. André Péchayre est le frère aîné de Pierre, devenu le P. Alexandre. André naît le 30 novembre 1877 à Ussel en Haute-Loire, au diocèse du Puy. Il connaît la vie des alumnats: Notre-Dame des Châteaux (Savoie) de 1889 à 1892 et Brian (Drôme) de 1892 à 1894. Ayant opté pour l’Assomption, il prend l’habit au noviciat de Livry (Seine-Saint-Denis) le 9 août 1894. Profès annuel l’année suivante sous le nom de Frère Apollinaire, il prononce ses vœux perpétuels le 5 septembre 1896. Il se rend ensuite à Jérusalem pour ses études de philosophie et de théologie à Notre-Dame de France (1896-1902). Il est ordonné prêtre le 21 décembre 1901. Comme il possède des dispositions artistiques très marquées, le P. Apollinaire est adjoint au P. Etienne Boubet à Phanaraki (Turquie) pour travailler à l’ornementation des églises de la mission. Il se donne avec joie à cette mission et il travaille particulièrement aux peintures de l’église grecque de Koum-Kapou et de la chapelle d’Ismidt. Il reste attaché à la communauté de Phanaraki de 1902 à 1907. L’obéissance l’envoie en 1907 à Haïdar- Pacha, quartier d’Istanbul sur la rive asiatique, où il est vicaire. En 1910, il part pour Eski-Chëïr comme professeur au collège pendant quatre ans (1910- 1914) et il s’occupe en même temps de la mission d’Angora, future Ankara. En novembre 1914, lors de l’entrée en guerre de la Turquie aux côtés des Puissances centrales, il doit quitter la ville d’Eski- Chéïr et subir quelque temps le régime des prisons turques à Istanbul avant de gagner Philippopoli en Bulgarie. Incorporé à l’armée d’Orient, il rejoint la base de Moudros. Infirmier à l’hôpital, il s’y dévoue au point de tomber lui-même malade et il doit être évacué en France à la fin de l’année 1915. Il fait un nouveau séjour de 18 mois en Orient comme infirmier A.A à l’hôpital de Salonique. Il accomplit son devoir avec de grandes qualités de dévouement, de bonté et de délicatesse. Il se montre prêtre et religieux exemplaire, laissant auprès des malades une réputation de sainteté. A la fin du mois d’avril 1918, le P. Apollinaire est envoyé comme brancardier au 28ème régiment d’infanterie et participe aux combats du Kemmel dans les Flandres. Au mois de mai, il est sur les pentes de la Montagne de Reims (Marne). Après deux mois de répit en Lorraine, il est de la grande offensive des Alliés que commande le général Gouraud en septembre. En octobre, il est signalé dans l’Aisne, aux environs de Gomont. C’est là qu’il est intoxiqué par les gaz, le 20 octobre. Evacué par ambulance à Mareuil-sur-Ay (Marne), il ne peut survivre que quelques jours. Il y meurt le 25 octobre 1918, à l’âge de 41 ans. Son corps repose au cimetière militaire de Mareuil-sur-Ay. Le P. Léonide Guyo rappelle quelques souvenirs de la vie du P. Apollinaire en novembre 1918: « J’ai connu particulièrement le P. Apollinaire pendant ses années d’étude à Jérusalem. Encore un bon religieux qui s’en va! Très humble, très simple, cordial, dévoué, que Dieu a particulièrement familiarisé avec l’idée de la mort. A deux reprises au moins, pendant son séjour en Terre Sainte, il la frisa de bien près: une première fois, à Jérusalem, la fièvre le mit à deux doigts du tombeau. Son état était désespéré. Lui-même croyait entendre dans son délire les coups de marteau du menuisier qui clouait son cercueil. Le P. Athanase [Vanhove] pourrait dire aux prières de quelle sainte âme il dut alors son salut. La seconde fois, ce fut à Gérasch [Djerach ou Gérasa], au-delà du Jourdain, au cours de notre seconde expédition autour du lac. Un bloc énorme roula sur lui, il eût dû être écrasé. Il n’avait même pas été touché. Il en fut quitte pour une syncope de près d’une heure. Dieu le réservait à cette guerre et au sacrifice d’une lente et sans doute bien douloureuse intoxication. Nous prions pour tous ces chers trépassés en attendant patiemment notre tour ». D’après la Lettre à la Dispersion, 1918, n° 544, p. 399. Religieux de la Province de Belgique-Sud.

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Lettre à la Dispersion, 1918, n° 540, p. 321; n° 544, p. 397-399; 1919, n° 569, p. 272. Notice biographique par le P. Marie-Alexis Gaudefroy. Lettre du P. Apollinaire E>échayre au E>. François Picard, Jérusalem, 6 janvier 1902. Dans les ACR, du P. Apollinaire Péchayre, correspondances (1902-1918). Notices Biographiques