Ariton SURDU – 1911-1933

Medias, 1989.
« Cette lettre vous est adressée par un des frères d’Ariton Surdu qui a été
assomptionniste et a logé chez vous de 1931 à 1933. Mon frère Ariton,
tombant gravement malade de tuberculose, fut envoyé le mois de mai 1933 à
Lorgues en France où il décéda le 2 juillet de la même année. Il n’avait
que 22 ans. Je vous serai très obligé si vous cherchiez dans vos archives
tout ce qui touche à la vie de mon regretté frère: études, comportement
moral etc… Peut-être y aurait-il quelqu’un qui l’a connu
personnellement? A quelle date a-t-il fait la profession
perpétuelle? Pourquoi a t-il été ajourné? A cause de sa santé ou à cause
d’autres motifs? Après tant d’années depuis sa disparition, sa mémoire
m’est de plus en plus vive et je
désire tellement avoir des renseignements, car mon frère a été entre nous,
8 frères et sœurs, le plus beau et le meilleur spirituellement. Il
cuit dans une terre étrangère, personne de ma famille ne l’a assisté dans
ses douloureux moments. Je sais qu’à sa mort toutes ses affaires ont été
brûlées, à cause de sa maladie contagieuse, y compris son journal ».
P. Georges Surdu (1).

Notices Biographiques A.A

Religieux roumain de la Province de Lyon. Résumé biographique. Ariton Surdu est né le 4 septembre 1911, à Boian, dans le diocèse de Blaj en Roumanie. Après ses classes primaires à Boian (19171921), il fait ses études secondaires au lycée de Blaj (1921-1928). Les classes de religion seules y séparent les élèves. Les élèves orthodoxes, comme Ariton, sont confiés à un vieux pope. Jeune homme très réfléchi, il se montre insatisfait des pratiques sacramentelles dans son Eglise et regarde avec envie ses camarades catholiques admis à la communion fréquente. Les conversations avec un ami catholique lui laissent entrevoir que l’Église romaine peut lui apporter une plénitude intellectuelle et morale, lui faire épouser l’idéal religieux d’une vie personnelle d’union avec Dieu. Ce travail de désaffection à l’égard de sa première confession ne s’opère pas sans souffrances, précisément parce qu’Ariton se montre d’une grande délicatesse de cœur à l’égard de sa famille. Il a l’occasion d’aller se confesser auprès d’un des religieux assomptionnistes de l’alumnat de Blaj. Il discerne peu à peu un appel à se préparer au sacerdoce dans la voie catholique. Désireux d’être admis à la Casa Domnului, il passe à la confession de foi catholique, après de longues et de pénibles démarches, sa délicatesse répugnant à contrister sa famille. Il obtient progressivement que son père, loan, sa mère Ana, née Duma, et son frère cadet suivent son exemple, gagnant le surnom de petit saint Louis de Gonzague. Après une année de philosophie à Blaj, il devient postulant assomptionniste à Beius en 1928 et prend l’habit religieux, le 21 octobre 1928 au noviciat de Beius, dirigé par le P. Tiburce Donche. Il transcrit sur un carnet personnel l’intensité de sa soif de perfection et la souffrance que lui causent ses moindres infidélités, A.A ces imperceptibles poussières qui font souffrir les cœurs les plus délicats dans leur marche et leur appel à vie de sainteté. Son souci d’une pauvreté vécue se fait exigeant. Un jour, on le voit changer son Orologion, bréviaire oriental, contre un autre plus usé et même déchiré. Le socius du noviciat lui fait un jour une remarque non fondée. Le Frère Ariton, n’en tenant pas compte puisque ne se sentant pas concerné, se voit réprimander sévèrement une seconde fois. Très humble, il ne se rebelle pas et vient demander pardon. On comprend que son maître des novices ait écrit cette remarque: « Le Frère Ariton a acquis toutes les vertus ». Après sa première profession, le 22 octobre 1929, il vient au scolasticat de Saint-Gérard (Belgique) pour les études de philosophie scolastique (1929-1931). Envoyé à Rome pour y suivre les cours de théologie au séminaire pontifical de la Propagande (1931-1933), il prononce ses vœux perpétuels, le 30 avril 1933, ayant manifesté auparavant quelques hésitations ayant trait à son passé de fidèle orthodoxe. Atteint d’une phtisie accélérée, il est envoyé à la maison de repos de Lorgues (Var) où il arrive le 28 mai 1933, n’ayant pu achever son temps de formation théologique. Il y meurt le 2 juillet suivant, à deux heures du matin, et y est inhumé. Une fleur de sainteté, fauchée en pleine éclosion. « Lorsqu’un jardinier désire pour son plaisir ou pour toute autre raison que lui seul connaît, qu’une plante pousse et s’épanouisse plus vite que ses semblables, il lui donne des soins spéciaux. Il la transplante avec amour dans un terrain mieux travaillé, plus à l’abri; il l’arrose avec prédilection, enfin il ne néglige rien de ce qui doit lui permettre de donner plus tôt sa mesure et de la donner en beauté. Ainsi en est-il dans le monde des âmes, écrit sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, qui connaît si bien la manière du Seigneur, ce jardin vivant de Dieu. Il a trouvé bon de créer les grands saints qui peuvent être comparés aux lys et aux roses, mais il en a créé aussi de plus petits, lesquels doivent se contenter d’être de modestes pâquerettes ou de simples violettes destinées à réjouir ses regards divins lorsqu’il les abaisse à ses pieds… Dieu transplanta ainsi le Frère Ariton du champ de l’Orthodoxie dans le jardin de l’Eglise catholique, avant de l’introduire dans les chauds parterres de la vie religieuse où il s’épanouirait et où le 2 juillet de l’année écoulée [1933] il enverrait sa Mère Immaculée le cueillir sur sa tige toute 11- aîche encore pour les bouquets du ciel ». D’après le Frère Axente, dans Missions des Augustins de l’Assomption.

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Lettre à la Dispersion, 1933, n° 492, p. 233-234; n° 498, p. 298. L’Assomption et ses Oeuvres, 1933, n° 386, p. 359; 1934, n° 394, p. 488-489. Notice biographique par le P. Marie-Alexis Gaudefroy. Missions des Augustins de l’Assomption, janvier 1934, n° 377, p. 388-390. Lettre du P. Georges Surdu au P. Archiviste A.A. de Rome, Medias, 19 août 1989. (1) Le P. Georges Surdu a été de longues années en service pastoral en France à la paroisse parisienne roumaine, 38 rue Ribera (Paris XVIème). Notices Biographiques