Arthème (Michel Maurice) MARTIN – 1888-1914

Profession dans la joie.
« Il est enfin arrivé ce jour tant désiré, ce jour où je deviens plus
particulièrement l’enfant de l’Assomption. Depuis longtemps déjà, mon Père,
je désirais venir au noviciat; j’avais fait ma demande d’admission par le
P. Benjamin Laurès à Calahorra, mais mes parents se sont opposés à ma
vocation. Pour la sauvegarder, j’ai dû rentrer au grand séminaire de
Clermont, mais là, je me sentais comme dépaysé. Le bon Dieu me voulait
ailleurs. Lorsque le grand séminaire fut licencié le 14 décembre, je me
recommandai aux prières des novices, à celles des religieux et à celles des
alumnistes de Calahorra et de nouveau je formulai ma demande. Coïncidence
merveilleuse! Le jour même que je recevai la réponse du P. Benjamin Laurès
et du P. Eugène Monsterlet, mes parents se décidèrent à me laisser suivre
l’appel du ciel. Je ne saurai
douter que je dois ma vocation à mes frères novices et j’en remercie
Notre-Seigneur de tout mon cœur. En prenant l’habit, je sais que j’ai
embrassé un lit de souffrances, mais c’est avec joie que je les envisage
même s’il me faudra souffrir généreusement ».
Fr. Arthème.

Religieux français, mort à la guerre.

Destin du temps.

Michel Maurice Martin est né le 30 décembre 1888 à Bromont-la-Mothe (Puy-de-Dôme). Il est d’abord dirigé pour ses études sur l’alumnat du Breuil (Deux-Sèvres) en septembre 1901. Il y termine juste ses études de grammaire lorsque les lois de 1900- 1901 chassent les congrégations enseignantes de France. On sait que l’alumnat du Breuil se transfère en Espagne dans une fondation improvisée, à Calahorra. Maurice fait partie du nombre d’élèves qui trouvent refuge en 1904 à Calahorra où il réalise ses deux années d’humanités. Réputé comme un alumniste docile, pieux et obéissant, Maurice gagne très vite la confiance de ses maîtres et l’amitié de ses condisciples. C’est en juillet 1906 que Maurice quitte le sol espagnol, mais sa famille ne se résout pas à l’autoriser à prendre la route de la Belgique pour entrer dans la vie religieuse à l’Assomption. Elle préfère que Maurice aille étudier sa vocation au grand séminaire de Clermont-Ferrand. Maurice obéit à ses parents malgré son désir de suivre ses condisciples à Louvain. Son année terminée, il peut gagner la Belgique et prendre l’habit, le 4 mai 1907, sous le nom de Frère Arthème. L’année suivante il prononce ses premiers vœux. Mais le service militaire vient le cueillir à la fin de la deuxième année de probation (Gempe), en 1909. Il accomplit ce temps de service actif au 43ème régiment d’infanterie à Lille (Nord). Il revient ensuite à la maison d’études de Louvain où il prononce ses voeux perpétuels, le 8 septembre 1912. Son professeur de philosophie, le P. Merklen, le jauge ainsi« Le Frère Arthème dispose de belles qualités d’intelligence et de cœur. C’est un esprit réfléchi, avide d’études sérieuses, traitant toute question avec clarté et rnéthode. Il obtient les meilleures notes de son cours.

Avec cela, c’est un jeune religieux de beaucoup d’humilité et de défiance de lui-même. Vif par nature, il sait se donner avec générosité à toute oeuvre ». Mais le destin se révèle tragique et cruel pour le Frère Arthème. Dès la mobilisation en août 1914, le Frère Arthème est convoqué à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme) pour l’incorporation. De là il est dirigé sur Lyon. Caporal au 5ème régiment colonial, il est envoyé dans le secteur dangereux des Vosges, acceptant d’emblée la vie risquée dans laquelle le mettent les circonstances militaires. Lancé dans des opérations offensives d’envergure, il disparaît à 26 ans dans le conflit meurtrier des grandes batailles de cette époque, vers le Il septembre 1914, du côté de Saint-Benoît (Vosges), cette région étant le théâtre, à ce moment-là, de combats particulièrement acharnés. Son corps repose au champ d’honneur.

Recherches posthumes.

Longtemps, la congrégation et la famille du Frère Arthème sont restées dans l’incertitude et l’expectative concernant les circonstances de la mort du Frère Arthème au combat. Des avis officiels l’ont déclaré tantôt mort au champ d’honneur, tantôt prisonnier de guerre en Allemagne. De nombreuses démarches ont été entreprises pour éclaircir le mystère d’une disparition insupportable, pendant plus d’un an. Enfin en septembre 1915, après des renseignements contradictoires provenant du camp où il aurait été prisonnier, lettres et paquets restant sans réponse, une personne de Locarno en lien avec les religieux, Mme Hélène Kessler von Monbart, put donner l’information sure que le Frère Arthème avait bel et bien succombé au combat. Le P. Gélase Uginet, au dépôt de Lyon, put retrouver la plaque d’identité du Frère retournée à son régiment de départ, situé à la caserne du Pont de Serin (Rhône), en bordure de la Saône.

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Lettre à la Dispersion, 1915, n° 80, p. 17; n° 97, p. 129-132; 1919, n° 569, p. 271. Lettre du Frère Arthème Martin au P. Emmanuel Bailly, 4 mai 1907. Notice biographique par le P. Marie-Alexis Gaudefroy. Dans les ACR, quelques correspondances du Frère Arthème Martin.