Religieux originaire de la Province de Lyon, mentionné aussi relevant de Paris, par transfert).
Un Savoyard en Russie.
Joseph-Auguste Maniglier est né le 19 décembre 1874 à Doussard (Haute-Savoie). Après ses études primaires dans son village (1881-1887), il étudie dans les alumnats de Notre-Dame des Châteaux (Savoie), de 1887 à 1890, de Nîmes (Gard) et de Brian (Drôme), de 1890 à 1892. Il prend l’habit religieux au noviciat de Livry (Seine-Saint-Denis), le 6 août 1892, sous le nom de Frère Auguste et prononce ses premiers vœux le 10 août 1893. Après ses études de philosophie, de 1894 à 1896, à Phanaraki (Turquie), où il émet ses vœux perpétuels le 15 août 1894, il se rend à Notre-Dame de France de Jérusalem pour les études de théologie (1896- 1900). Il y est ordonné prêtre par Mgr Piavi, le 20 août 1899 avec son compatriote, le P. Gervais Quenard. Le P. Auguste commence sa vie apostolique comme professeur au collège Saint- Augustin de Plovdiv en Bulgarie (1900-1905). Il enseigne notamment la littérature, la philosophie et l’apologétique. En octobre 1905, ses supérieurs l’envoient discrètement en Russie. Il s’établit à Odessa, au service de la colonie française du port de la Mer Noire. Il y construit l’église Saint-Pierre (1913) ainsi que le presbytère (1915) ainsi qu’un foyer pour institutrices françaises préceptrices dans des familles de la bonne société russe et polonaise. Très intéressé par les langues, il arrive à posséder l’italien, l’allemand, le russe et le polonais. Rappelé en France par le P. Emmanuel Bailly en 1910, il peut à nouveau regagner son poste et s’y maintenir jusqu’en 1920. Il est témoin de l’intervention des Bolcheviks en 1918 à Odessa. Il est rapatrié en France comme malgré lui en février 1920 par un détachement de la marine française où, à bord du navire, un officier mécanicien,
André Marty (1886-1956), devenu député communiste en 1924, tente une mutinerie.
Ministères pastoraux en France.
A son retour en France, le P. Auguste est d’abord affecté à la procure des missions de Lyon (1920-1923), puis au secrétariat de Notre-Dame de Salut à Paris (1923-1925). Il reste un religieux passionné de lecture, écrivant de nombreuses conférences sur l’Orient auquel son cœur reste attaché. De tempérament pastoral, il prend en charge la paroisse de Longjumeau (Essonne), de 1925 à 1940. Au moment de l’invasion allemande en mai 1940, le P. Auguste se replie à Mérantais (Essonne) avec tout son bagage et s’installe provisoirement dans une petite baraque en bois, aumônier de la maison de repos des Petites Sœurs de l’Assomption. Parallèlement il prend en charge la paroisse rurale voisine de Magny-les-Hameaux (1944-1951) qu’il relie au couvent en aménageant un chemin de traverse, à travers un bois à flanc de coteau. Il se passionne alors pour les souvenirs de Port-Royal, lieu historique à proximité, et constitue une bibliothèque spécialisée sur la question du jansénisme. Bricoleur, il entretient l’église, découvre seize cœurs des solitaires dans des reliquaires. Il souffre beaucoup de l’indifférence religieuse de ses paroissiens et vit, solitaire, au presbytère dans une pauvreté qui confine à la misère, ne mangeant pas tous les jours à sa faim. La présence et l’aide des Sœurs de Mérantais lui ménagent une forme de vie moins austère, plus digne. Sa passion pour les âmes est parfois illuminée par quelques conversions. En 1951, suite à une mauvaise grippe, il rejoint la communauté de Longpont, près de Montlhéry (1951-1952) d’où il passe aux Essarts, près de Rouen (Seine-Maritime), donnant encore de son temps aux Petites Sœurs du Petit-Quevilly. Ce religieux, de tempérament sensible et même délicat, en dépit d’un extérieur rude, reste fidèle jusqu’à sa mort à l’apostolat russe de sa jeunesse, conservant des perspectives unionistes que le dialogue oecuménique contemporain rend caduques. Le P. Maniglier meurt à Lorgues (Var) le 17 août 1958.
Bibliographies
Bibliographie et documentation- B.O.A. juin 1959, p. 54. Lettre à la Famille 1958, n° 256, P. 97-100. La Croix, 3 septembre 1958. Dictionnaire du monde religieux dans la France contemporaine, La Savoie, sous la direction de Christian Sorrel, 1996, p. 278 (cf bibliographie). Dans les ACR, du P. Auguste Maniglier, Correspondances (1894-1950), Conférences sur la présence assomptionniste en Russie et la mission d’Orient, Dossier sur la Russie (cf extrait de 1924), Notes sur la fondation de Belgrade et l’installation de Soeurs de Notre-Dame à Beius en Roumanie, Carnets sur le vicariat du P. Auguste Maniglier à Kadi-Keuï (1920), Longjumeau (1925-1926) et Magny-les-Hameaux (sans date). Le P. Maniglier a signé des articles dans la Revue augustinienne (Louvain), donné des compte- rendus dans Le Mois littéraire et des dossiers sur l’Eglise orthodoxe pour la Documentation Catholique. Le P. Maniglier a été membre de la Société d’Histoire de l’Eglise de France (1941): cf article de G. Rousseau, Le P. Maniglier et Port-Royal dans Réforme, 1951. il avait constitué sur ce sujet une bibliothèque spécialisée, plus ou moins dispersée lors de son départ de Magny.