Augustin LE BORGNE – 1923-1980

Souvenirs d’un confrère.
« La mort imprévue du cher P. Augustin m’a beaucoup
touché. Il avait été mon novice à Pont-l’Abbé d’Arnoult. Ce n’était pas un
homme compliqué et j’ai passé avec
lui trois bonnes années à
0livos. Il était toujours joyeux, semant l’entrain autour de lui, il a été
pour moi de bon conseil et s’il voyait bien des choses, il était d’une
discrétion absolue. Je l’ai beaucoup apprécié comme compagnon et jamais
nous n’avons eu une parole pénible. Quant aux époques antérieures, elles
ont été aussi faciles et bonnes. Disponible pour tout, il était extrêmement
facile de traiter avec lui. Il ne s’agit pas uniquement de qualités
humaines, toutes ces dispositions trouvaient leur base dans un esprit
religieux qui n’a fait que progresser, Tel
que je l’ai connu et apprécié au noviciat, tel je l’ai retrouvé
tout au long des circonstances qui m’ont amené à traiter avec lui. Il meurt
bien jeune et pourtant il paraissait vigoureux. Il y a trois ans, je crois,
il était venu me voir à Anères en rentrant avec son frère de Luchon où ils
avaient conduit un enfant pour les eaux. Il paraissait encore plein de
santé
P. Régie Escoubas. 30 juillet
1980.

Religieux de la Province de France, en mission en Argentine.

Un enracinement solide.

Augustin Le Borgne est né à Lanhouarneau (Finistère), le 19 janvier 1923, prêt de Coat Huon où vit toujours la famille de son frère aîné, Emile. Deuxième de 8 enfants, il grandit dans une famille aux fortes traditions et convictions chrétiennes. De son milieu familial, il reçoit l’héritage des valeurs qui assurent une vie: sens du travail, courage, esprit de service, foi solide. Trois de ses tantes, s?urs de sa mère, Marie née Auffret, sont religieuses de la Congrégation des Filles du Saint-Esprit. En septembre 1936, Augustin quitte la Bretagne pour l’Anjou: il fait ses études secondaires à l’alumnat de Saint-Maur (1936-1939) et de Blou dans le Maine- et-Loire (1939-1942). Il choisit la vie religieuse à l’Assomption et prend l’habit au noviciat de Pont- l’Abbé-d’Arnoult (Charente-Maritime), le 3 octobre 1942. Il y prononce ses premiers v?ux le 4 octobre 1943. Il accomplit ses études de philosophie et de théologie au scolasticat de Layrac (Lot-et-Garonne) pendant six ans (1943-1951), compte tenu du temps de service militaire. Profès perpétuel le 8 décembre 1947, il est ordonné prêtre le 17 février 1951. Aimant les activités manuelles, surtout celles qui touchent aux travaux des champs que rendent encore plus nécessaires les années de guerre, Augustin ne rechigne pas à la besogne. Toute sa vie, il garde de ses origines paysannes le goût du concret, le sens du travail bien fait que ses parents lui ont inculqué. D’un tempérament jovial, il se plaît dans la compagnie de cette atmosphère fraternelle et laborieuse qu’il sait divertir de son rire sonore et communicatif.

Missionnaire en Argentine.

Dès le mois de septembre 1951,

le P. Augustin est envoyé en Argentine où il participe au ministère des religieux dans le cadre du sanctuaire de Notre-Dame de Lourdes, à Santos Lugarès. Il s’y dévoue à l’accueil des pèlerins, à l’animation spirituelle des célébrations, au ministère de la confession. Six ans après (1951-1957), il exerce le ministère pastoral dans les autres paroisses assomptionnistes San Martin de Tours (Buenos-Aires) et de Belgrano. Econome régional, il allie le sens de la responsabilité matérielle aux autres services des communautés. Durant 29 ans, il vit la situation parfois troublée de l’Argentine, dans ce climat politique tendu, dangereux même et explosif, surtout dans la décennie 1970-1980. On sait que l’abbé Renevot, prêtre diocésain de Quimper en mission en Argentine, est incarcéré dans les geôles de la police militaire. Son évêque, Mgr Barbu, fait le déplacement pour tenter l’impossible et obtenir son élargissement. Le P. Augustin est l’homme de la circonstance qui aide l’évêque dans ses nombreuses et difficiles démarches qui se voient couronnées de succès. Mgr Barbu reconnaît dans une lettre à la famille du P. Augustin qu’il garde de son accueil et de son aide, en ces jours difficiles où j’étais désemparé, le souvenir de sa grande bonté et de sa parfaite délicatesse. Un autre événement marque durablement le séjour du Père Augustin en Argentine, l’enlèvement et la disparition de deux jeunes assomptionnistes, les Frères Carlos Antonio Di Pietro et Raul Eduardo Rodriguez ainsi que l’exil forcé du P. Jorge Adur, disparu mystérieusement ensuite dans la tourmente de l’année 1980. Il sait vivre ce temps douloureux dans le calme et la sérénité d’un homme de foi. En 1977, il vient passer un séjour en famille en France qui sera le dernier. Détendu et toujours chaleureux, il semble tendu lorsque le P. Rospide, Provincial, l’accompagne à l’aéroport du Bourget. Pressentiment d’un dernier au-revoir qui lui fait joindre sa famille par téléphone, cinq minutes avant l’embarquement? Revenu à Santos Lugarès, au sanctuaire qu’il aime tant, il se prépare avec joie à un nouveau séjour en famille en 1980, mais la maladie l’en empêche. Par pudeur et délicatesse, il demande à ce queue ne soit pas prévenue de la gravité de son état. Trois opérations le font beaucoup souffrir: dans ces circonstances, ses confrères sont témoins d’une véritable croissance de sa foi. Il meurt à la maison de soins ‘Mater Dei’, le dimanche 20 juillet 1980. Un service religieux est célébré à sa mémoire le 30 juillet à Lanhouarneau, présidé par Mgr Vincent Favé: le P. François Morvan rappelle dans l’homélie les traits de la vie et de la figure du P. Augustin.

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Documents Assomption, Nécrologe (I) 1975-1980, p. 99. Homélie du P. François Morvan pour le service religieux à la mémoire du P. Augustin Le Borgne (Bulletin d’Amérique latine). Lettre du P. Régis Escoubas au P. Julio Navarro, Anères, 30 juillet 1980.