Religieux de la Province de France. Les grandes étapes d’une longue vie. Aimé-François-Ernest Odil est né le 4 octobre 1886 à Paris- Auteuil, de parents lorrains ayant migré à Paris où ils tiennent un débit de boisson. En 1895, il porte le journal La Croix au domicile des abonnés de son quartier, après l’école rue Boileau ou chez les Frères du Sacré-Cœur. En 1899, il entre à l’alumnat de Sainghin-en-Weppe (Nord) et passe ensuite à celui de Taintegnies en Belgique (1902-1904). Il prend l’habit au noviciat de Louvain, le 18 septembre 1904, sous le nom de Frère Aurèle. Il prononce ses premiers vœux annuels le 18 septembre 1905 et ses vœux perpétuels le 7 juin 1907. A Louvain également se déroulent le temps de ses études philosophiques (1906-1909) et le temps de ses études théologiques (1909-1912), achevées à Rome de 1912 à 1913 pour s’imprégner d’une note de catholicité, selon le désir du P. E. Bailly. Sous la conduite du P. Merklen, il a pris goût à l’étude de la théologie positive et à celle des sources du Droit Canonique. Il est ordonné prêtre le 7 juillet 1912 à Louvain par Mgr Legraive, faisant partie de la dernière promotion conduite par le P. Merklen, avant la dispersion. Il découvre le Nouveau Monde en allant enseigner au collège de Worcester (U.S.A.), de 1913 à 1919. Il élargit les horizons de ses jeunes élèves américains à la culture de la vieille Europe et dans le même temps il élargit sa propre vision du monde, plus scientifique, plus cosmopolite. De 1919 à 1920, il est professeur suppléant à Boxtel (Pays-Bas). Entre 1920 et 1930, il est professeur à l’alumnat de Scy-Chazelles (Moselle) et curé de paroisse à Lessy et Roserieulles, près de Metz. Il commence à la cathédrale de Metz un fécond ministère de confession qui va se prolonger en d’autres lieux jusqu’en 1980. Dans les années 1924, le P. Merklen revient sur le devant de la scène après son temps d’exil. Il est nommé rédacteur en chef de la Documentation Catholique et demande au P. Aurèle le service de traductions d’articles anglais. En 1927, le P. Merklen passe rédacteur en chef du quotidien La Croix et ne tarde pas à appeler auprès de lui son disciple préféré pour en faire, à partir de 1930, le secrétaire général du journal. Journalisme à Bayard-Presse. Ainsi le P. Aurèle devient le bras droit du P. Merklen dans ce travail de Pénélope qui, de 1930 à 1940, consiste à donner aux catholiques français le sens des vigoureuses directives pontificales de Pie XI, le sens de l’Action catholique à l’intérieur, l’amour de la paix entre les nations au plan extérieur. Il sert d’intermédiaire entre le rédacteur en chef et le nonce, Mgr Maglione. Il communique aux journalistes éditorialistes, Jean Caret, Robert d’Harcourt, Page : 83/83 Thellier de Poncheville, les directives du chef. Lors de l’invasion en 1940, avec la Croiy, le P. Aurèle se replie à Lmoges (Haute-Vienne) où, en l’absence du P. Merklen traqué par la Gestapo, il dirige le journal avec Alfred Michelin et Maurice Herr. C’est certainement la période la plus éprouvante de sa vie, si l’on fait abstraction des quatre dernières années. Après un passage au collège de Perpignan (Pyrénées-Orientales) de 1941 à 1944, suite à une mise à l’écart temporaire, le P. Aurèle revient au secrétariat général de La Croix à Paris pour passer ensuite la main à son propre disciple, le P. le Bartz. En 1945, le P. Aurèle prend en charge la Documentation Catholique qu’ont illustrée avant lui les PP. Miglietti, Merklen, Boulesteix. Sous sa direction, cette revue, connue dans le monde entier dès avant la guerre, s’oriente plus à fond vers la publication prioritaire des documents pontificaux, laissant peu à peu tomber le côté plus directement documentaire des actualités. Insurpassée dans ce domaine, aussi bien pour le choix équilibré des documents, l’authenticité des textes, la fidélité des traductions et l’appareil de références qui les entoure, cette revue finit par être citée par les papes eux-mêmes comme un point sûr de référence et trouve place dans la liste des usuels documentaires des bibliothèques universitaires. En 1968, le P. Aurèle cesse officiellement ses fonctions de rédacteur en chef, remplacé par le P. Claude Musnier. Il poursuit cependant sa collaboration à la revue jusqu’en 1980. Il est requis également pour l’impression de divers opuscules de la Congrégation: Nécrologe et Ordo qui demandent minutie et corrections multiples dans le métier de l’impression. En 1980, le P. Aurèle est victime d’un accident au cours duquel le buste en plâtre du fondateur, le P. d’Alzon, vient s’écraser sur sa tête. Il doit alors être conduit à la maison de repos de Lorgues (Var). Il met fin aussi à un long ministère à Saint-Pierre-de- Chaillot où il célèbre la première messe du matin depuis 1960. Au rang de ses fidèles paroissiens, figure le cinéaste Henri-Georges Clouzot. Pendant six années (1961-1967), le P. Aurèle a été le supérieur apprécié pour ses qualités humaines de bonté et de douceur par ses collègues de la rue François fer. Lui-même prêche d’exemple toutes les vertus, y compris celle de la ponctualité qu’il n’a acquise que sur le tard! Les quatre dernières années du P. Aurèle à Lorgues font penser au prophète Job. Il y est bien soigné et entouré, mais il ressent très fortement l’éloignement de I’oeuvre de sa vie, le contact quotidien avec la maison de Bayard- Presse. Il v vit le dépouillement et l’impuissance de la vieillesse. Car avec les années viennent aussi les infirmités. Sa carcasse s’en va, selon sa propre expression. Il est le dernier de sa famille. Seule lui survit une nièce, Mlle Richou, déjà parvenue à 86 ans en 1984. Le P. Aurèle meurt à Lorgues le 4 août 1984, doyen de la Congrégation, à 98 ans, le premier religieux de l’Assomption à atteindre ce record de longévité, 98 ans et 10 mois, de façon plus exacte, depuis les origines de la Congrégation jusqu’au centenaire potentiel actuel, le P. Léon Carrère, né le 31 décembre 1901. Le Père Aurèle est inhumé à Lorgues le 6 août suivant, ayant traversé presque un siècle avec un don de communication, tout à fait accordé à son milieu de vie et de travail, qui fait de lui un acteur et un témoin exceptionnel, avec 50 ans de présence à Bayard-Presse. Page : 84/84
Bibliographies
Bibliographie et documentation: Documents Assomption, Nécrologe (IV) 1984-1986, p. 24-26. L’Assomption et ses OEuvres, 1985, n° 621, p. 31. Assomption-France, Nécrologie 1984, n° 3, p. 41-43. La Croix, 7 août 1984. Documentation Catholique, 1984, col. 929. D.C. février 1990, n° 2000. Lettre du P. Aurèle Odil au P. Wilfrid Dufault, Paris, 26 avril 1967. On doit notamment au P. Aurèle Odil un article sur le P. d’Alzon journaliste, des articles dans La Croix parus entre 1907 et 1912 sous le pseudonyme d’Ernest Maldidier, [nom de sa mère], des souvenirs sur son enfance parisienne, des poé- sies, de la correspondance (1912-1984), des notes de conférences (1948). Il a contribué à la Revue Augustinienne de Louvain. Notices Biographiques