Aurélien (Joseph-Ulysse) SENAC – 1891-1948

Belgrano, 1921.
« Le bateau Victoria Eugenia retourne en Espagne demain. Je profite de ce
départ pour vous envoyer des nouvelles. Nous voici à Belgrano depuis le 27
janvier, jour de notre arrivée à Buenos-Aires. Le P. Marchet est venu nous
chercher au port, nous a conduits chez le P. Séraphin Protin, puis à son
presbytère où nous logeons. Le voyage a été excellent. La mer Méditerranée
était d’un calme extraordinaire, le mouvement du bateau à peine
perceptible. Le passage du détroit de Gibraltar dont on nous avait dépeint
les effets terribles, s’effectua le plus pacifiquement possible. Par
contre, le matin au réveil, nous nous sentons secoués, le mouvement nous
jette hors de nos couchettes, nous avons de la peine à tenir debout. Roulis
et tangage se combinent pour renverser les voyageurs. Nous recevons le
baptême de l’océan. Comme dans tous les baptêmes, les dragées ne manquent
pas: nos pauvres estomacs les distribuent avec largesse aux gros poissons
qui suivent le bateau. Ce jour-là, peu sont épargnés, le malaise général
disparaît vers midi quand le calme de la baie de Cadix remplace l’agitation
du large. Deux journées séparent Cadix des îles Canaries…». Aurélien
Sénac.

Notices Biographiques A.A

Religieux français de la Province de Bordeaux, en mission au Chili. Formation. Joseph-Ulysse Sénac est né le 3 avril 1891 à Cabanac, petit village des Hautes-Pyrénées. Après l’école communale, il se rend à l’alumnat de Calahorra en Espagne (1905-1907), puis à Elorrio (1907-1910). Il prend l’habit, sous le nom de Frère Aurélien au noviciat de Gempe en Belgique, le 14 août 1910 et ü y prononce ses premiers vœux le 15 août 1911. C’est à Limpertsberg dans le Grand- Duché de Luxembourg où le noviciat s’est déplacé, que, l’année suivante, le Frère Aurélien prononce ses vœux perpétuels, le 15 août également. De Limpertsberg il passe à Louvain pour les études de philosophie (1912-1915). On lui demande ensuite le service de deux années d’enseignement à Zepperen (1915-1916). Il regagne Louvain pour les études de théologie (1916-1919). Il est ordonné prêtre le 20 septembre 1919 par Mgr Legraive dans la chapelle du grand séminaire de Malines. De 1919 à 1921, il est envoyé comme professeur à l’alun-inat d’Elorrio en Espagne. Mission au Chili. 1921 est l’année de son départ pour le Chili. Le 4 janvier 1921, il s’embarque à Barcelone à bord du Victoria Eugenia et ne parvient au Chili qu’au début du mois de février, après un arrêt en Argentine. Il passe une année à l’école apostolique de Mendoza, près de Rengo (1921-1922). Il est envoyé à Santiago et commence à prêcher quelques missions. Lorsqu’en 1923, l’archevêque de Santiago demande à l’Assomption de prendre en charge la nouvelle paroisse de Lourdes, le P. Aurélien est nommé premier vicaire. En 1925, il est affecté à Los Placeres à Valparaiso où il fait le service de la chapelle du Bon Pasteur et de la paroisse de l’Espérance. A.A Il passe ensuite à Rengo en 1939 comme vicaire coopérateur. En 1940, il arrive à Santiago où il prend le service de la paroisse de Lourdes comme premier vicaire. En 1944, il célèbre ses 25 ans de sacerdoce. Il est heureux de manifester à cette occasion la joie profonde que lui cause cet anniversaire. Ses dernières années d’apostolat intense au service de la paroisse de Lourdes à Santiago s’achèvent brusquement en 1948, le 3 janvier, à l’âge de 57 ans. Il est inhumé à Santiago, le 5 janvier suivant. Récit du P. Zénobe Goffart. « La veille du 1er janvier [1948], le P. Aurélien bénit 18 mariages. Il aurait pu se contenter de ce travail, mais il veut encore prendre part aux 80 baptêmes qui se présentent dans l’après-midi jusqu’à 22 heures 30. Il doit ensuite célébrer une messe à minuit. A peine prend-il un peu de repos que vers les 2 heures du matin, la sonnette de nuit le réveille et il doit se lever pour un nouveau baptême. Il le fait sans faire observer aux parents qu’ils pourraient attendre une heure moins matinale. A 10 heures du matin, il monte à cheval et s’en va, comme tous les dimanches et jours de fête, célébrer la messe à la chapelle de la Médaille miraculeuse. Il passe ensuite ce jour de l’an tout à la joie d’avoir bien travaillé. Cependant ses traits sont un peu fatigués et on le comprend. La nuit suivante est mauvaise et, le lendemain, il ne peut se lever. Il assiste le soir à la récréation de ce 2 janvier. Nous sommes en plein été au Chili à cette époque: les religieux prennent le frais et le Père Aurélien, assis dans un fauteuil, s’unit à la conversation, tâchant de rire de son mal, mais annonçant que bientôt on le verra dans un cercueil. En effet, 24 heures plus tard, il rend le dernier soupir après une crise rapide qui déroute les médecins. La nouvelle de cette mort surprend tous les paroissiens du sanctuaire. Le P. Aurélien est si connu et si populaire! On l’avait vu encore à cheval, trois jours auparavant, plein de vie et de force. De nombreux fidèles remplissent l’église le 5 janvier pour ses funérailleS. Tous ont à cœur de prier pour ce missionnaire pyrénéen qui a quitté pour eux sa région natale et qui s’est dépensé jusqu’au dernier jour, tombant, épuisé, en pleine activité ».

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Lettre à la Famille, janvier 1949, n’: 65, p. 8. L’Assomption et ses CEuvres, 1948, n° 471, p. 12-13. Missions des Augustins de l’Assomption, 1948, n° 491, p. 30. La Voz de Lourdes (Valparaiso), 1948, n° 10, p. 2. Lettre du P. Zénobe Goffart sur la mort du P. Aurélien Sénac, Santiago, 6 janvier 1948. Lettre du P. Aurélien Sénac au P. Joseph Maubon, Belgrano, ler février 1921. Dans les ACR, du P. Aurélien Sénac, quelques correspondances (1919-1934). Notices Biographiques