Ausone (Henri) DAMPERAT
1886-1955
Religieux de la Province de Lyon.
Un missionnaire dans l’âme.
Henri Dampérat est né le 17 octobre 1886 en Charente à Marillac. Il commence ses études secondaires à l’alumnat du Breuil (Deux-Sèvres) de 1899 à 1903. Les expulsions des religieux enseignants du soi français l’obligent à une première expatriation: le jeune Henri poursuit ses études à l’alumnat de Taintegnies (Belgique) de 1905 à 1905. Il choisit la vie religieuse à l’Assomption et entre le 8 septembre 1905 au noviciat de Louvain où il reçoit l’habit des mains du P. Vincent de Paul Bailly sous le nom de Frère Ausone. Il y prononce ses premiers vœux le 11 septembre 1906 et fait profession perpétuelle le 13 septembre 1907. A Louvain encore, de 1907 à 1910, le Frère Ausone accomplit trois années de philosophie sous la direction du P. Merklen qui exerce alors une profonde influence sur la jeunesse assomptionniste, lui communiquant son enthousiasme pour les matières scolastiques et pour une formation solide, de là peut- être cette curiosité intellectuelle qui ne cesse d’animer le Frère Ausone toute sa vie. Pour s’initier à l’apostolat le Frère Ausone passe quelques années dans des maisons d’œuvres: Brousse en Turquie (1910-1913). Puis il vient à Kadi-Keuï commencer des études de théologie que la guerre va interrompre (1913-1914). Il est mobilisé de 1915 à 1919. Ce n’est qu’en 1920 le 1er août, que le Frère Ausone peut enfin être ordonné prêtre à Louvain.
Bulgare parmi les bulgares.
Le P. Ausone, tout jeune prêtre, porte sur lui sa nouvelle obédience qui le destine pour la Bulgarie où il va rester 30 années consécutives au service de la jeunesse du pays. De 1920 à 1932 il est professeur au collège de Plovdiv, de 1932 à 1934 supérieur au collège Saint-Michet de Varna et enfin, de 1934 à 1946, de nouveau à Plovdiv, comme supérieur de la grande communauté du Collège Saint-Augustin. Sans quitter ce pays qui est devenu le sien,
il est nommé vicaire provincial pour l’ensemble de la Mission d’Orient, aussi longtemps qu’il peut se maintenir (1950) après la main-mise communiste sur les pays balkaniques (1945). « Educateur né, le P. Ausone s’est en outre formé à l’école des éducateurs les plus avertis. Son influence sur les élèves est considérable. Il comprend que la jeunesse a besoin de mouvement, queue aime l’éclat extérieur, aussi favorise-t-il toutes les manifestations où son âme peut s’épanouir: fanfare, orchestre, séances récréatives, sports. Il organise une rencontre annuelle avec le collège américain de Simeonovo, crée le premier club bulgare de football et fonde la ligue nationale. Lui-même sportif, il ne craint pas d’arbitrer des matchs. Apôtre zélé il prodigue à celle jeunesse un dévouement inlassable avec une ferme bonté et un optimisme conquérant. Dans les communautés religieuses c’est un orateur goûté qui aime affronter des auditoires d’élite. Il entretient avec les milieux orthodoxes des rapports excellents, avec compréhension, tact et amabilité, ce qui abaisse bien des barrières » note son compagnon de vie le P. Donatien Terraz.
En service jusqu’au bout.
Pendant la seconde guerre mondiale, malgré des ‘alliances contraires’ avec l’Allemagne, il peut, lui religieux français, continuer à assurer la marche du Collège en sous-sol, le niveau des classes étant réquisitionné et transformé en hôpital. Dans les sphères gouvernementales, le P. Ausone est considéré comme un ami sûr et influent. Il fait partie de la délégation bulgare à la conférence interalliée de Paris en 1946! Il obtient en faveur des Bulgares, passés de l’alliance pro-allemande à la cause russe, des conditions avantageuses inespérées. Ses services lui valent les plus hautes décorations du pays, lesquelles ne peuvent le soustraire après 1948 à l’élimination de toute influence autre que communiste. En 1950, il revient en France et accepte la direction du collège de Mongré (Rhône). En 1952, sa maladie de cœur l’oblige à quelque ménagement. Il assure à Marseille le service religieux auprès des Orantes. Il est victime d’un accident de voiture, ce qui lui fait demander un séjour de convalescence auprès de sa famille à Jauldes près d’Angoulême (avril 1955). Il est hospitalisé à Girac en mai pour un infarctus pulmonaire. Il s’en remet mais meurt dans son sommeil le samedi 11 juin 1955. Les obsèques sont célébrées à Jauldes le lundi 13 juin suivant. Le corps est inhumé dans le caveau familial à Marillac. Le P. Ausone avait les qualités d’un grand enfant, candide et insouciant, toujours agité, toujours en voyage sur sa moto pétaradante, assez distrait pour disparaître la veille de son jubilé sacerdotal, farceur-né qui n’hésite pas à utiliser ses bibelots-surprises et farces-attrappe au nez des officiels, parfait polyglotte et orateur de talent qui n’hésite pas à piller les auteurs spirituels sans les citer, capable au dernier moment de changer ses notes de conférences dont il a une malle pleine et peut-être encore tenté, dans son éternité, d’aller faire de la moto sur la voie Lactée!
Bibliographies
Bibliographie et documentation: B.O.A. juin 1956 p. 157. Lettre à la Famille 1955, no 191, p. 108, 125-130; 1956, no 200, p. 1-3. L’Assomption et ses Oeuvres 1955 no 508, p. 17-21. A Travers la Province (Bordeaux), février 1955, no 28, p. 17. Missions des Augustins de l’Assomption 1955, n° 34, p. 69-73. On conserve aux ACR un important lot de correspondances du P. Ausone Dampérat (1917-1952): de nombreuses ont trait à ses responsabilités en Bulgarie (Varna, Plovdiv), comme supérieur vicaire provincial d’orient à partir de 1947. Notices Biographiques