Austin (James Ernest) TREAMER – 1905-1998

Londres, 1959.
assomptionnistes de Charlton, ses parents consentent à ce que James Ernest
entre à l’alumnat anglais fondé en 1914 à Londres, Bethnal Green. De là,
James est dirigé pour compléter son éducation vers les alumnats de
Be.1gique. Cette immersion profonde dans la langue française lui
sera très utile plus tard quand il sera envoyé en Roumanie, pays à
l’époque de culture francophone. James choisit à 18 ans la vie religieuse à
l’Assomption, en 1923, prenant comme nom de religieux celui d’Austin, le
nom de son saint préféré, l’évêque d’Hippone. Il donne déjà
l’impression d’être né pour la vie religieuse dans laquelle il va passer 84
ans de son existence. L’Assomption est vraiment devenue sa seconde famille,
bien qu’il garde le contact avec son environnement parental. Il aime
l’esprit de l’Assomption, son histoire et ses traditions, ses coutumes
et ses convictions. Depuis ses premières années passées à Bethnal Green, on
ne l’a jamais vu vaciller dans son choix et il garde longtemps comme modèle
la figure du P. François Mathis, son premier mentor. Après son
ordination sacerdotale en 1929, le P. Austin est envoyé en Roumanie. Il
est le seul anglais de l’époque à ne pas retourner dans son île natale: son
enthousiasme et son zèle missionnaires l’ont conduit à
cette expatriation alors que l’on pouvait compter sur lui pour
former l’embryon d’une province anglaise. Trois ans après il devient maître
des novices à Beius et dès l’âge de 31 ans supérieur de la communauté de
Bucarest. On peut dire que le P. Austin s’est donné totalement à son
travail apostolique en Roumanie. Soixante ans après avoir quitté ce pays,
sa mémoire reste très vive parmi ses novices d’autrefois. A la nouvelle de
sa mort, le P. Bernard Stef écrit: « je ne l’oublierai jamais. Quand nous
étions novices, il était un père et une mère pour nous, toujours
prévenant, délicat et gentil. Même après avoir quitté le noviciat,
il est resté en contact avec ses anciens novices en correspondant
avec eux ». Correspondant invétéré, le P. Austin ne s’adapta jamais à
l’usage du téléphone comme moyen direct de communication. Sans doute
serait -il resté en Roumanie si la guerre n’était intervenue. En 1940 on
lui conseille de partir avant de se laisser prendre par les Nazis. Commence
pour lui une longue odyssée comme réfugié à travers les Balkans jusqu’à
Constantinople d’où, au bout de quelques mois, il peut parvenir jusqu’à
Jérusalem. Il porte sur lui des papiers secrets pour les Forces de la
France Libre, gardant toujours confiance en la Providence qui le protège.
Le P. Austin demeure cinq ans à Jérusalem, membre de la communauté au
sanctuaire de Saint- Pierre en Gallicante. Il n’y perd pas son temps,
apprend la topographie des lieux saints et devient même guide pour beaucoup
de troupes alliées qui traversent le pays. Il est nommé aumônier provisoire
de la

Royal Air Force.
« Merci de votre lettre reçue à mon retour de voyage. Je vais demander que
notre revue The Assumptionist, les News of the Province, le bulletin
paroissial de Rickmansworth, les bulletins des deux collèges vous soient
envoyés directement pour les
archives. Trois des paroisses ont dû suspendre leur publication à cause de
la crise économique. Dès que j’aurais quelques
loisirs, j’écrirais les notices demandées sur les religieux défunts. J’en
ai déjà composé une brève pour nos registres. Il faut avoir un peu de
patience, car j’ai bien d’autres obligations, étant souvent par monts et
par vaux. Je n’ai pas de secrétaire particulier et je tiens à écrire
moi-même les notices sur les Pères anciens que je connais bien et qui ont
bien mérité de notre Province. L’article paru sur le P. Bonaventure Blanc
aurait dû être adouci, notamment les termes du
rapport du P. Athanase Vanhove avant l’ordination sacerdotale de ce
religieux. Il n’y a pas assez de recul et je regretterais des remarques
déplacées à son sujet. Cette observation n’enlève rien à ma reconnaissance
pour le
travail que vous faites en rédigeant la Lettre à la Famille, vinculum
caritatis et unitatis. Auriez-vous quelque chose sur le P. O’Donnell? ».

Religieux de la Province d’Angleterre, supérieur provincial de 1952 à 1961. Une vie à travers un siècle. James Ernest Treamer est né en Angleterre, à Charlton, le 6 avril 1905, le troisième enfant des huit que comptera la famille de James et Margaret Treamer. Ayant pris contact avec deux religieux Page : 103/103 On peut lire un très bel hommage de son travail dans le livre La Croix et lepée, compte rendu officiel du rôle que les aumôniers catholiques ont joué dans la seconde guerre mondiale. Le P. Austin étend son ministère aux soins des POWs, Prisoners of War, italiens échoués en Palestine. De Jérusalem, le P. Robert Fortin écrit à son sujet. « Le P. Austin aimait Saint-Pierre. J’ai l’impression que son séjour à Jérusalem l’a marqué si profondément qu’il ne l’a jamais dégagé de son système. C’est un amour qu’il a porté jusqu’à la tombe ». Le P. Austin est revenu par la suite à Jérusalem, dans les années 1970, et il y serait resté tranquillement plus de cinq ans si sa santé ne l’avait pas obligé à retrouver l’Angleterre. En 1946, le P. Austin regagne Albion et reprend son ancien métier comme maître des novices dans la Province nouvellement formée. Il n’a que 41 ans, mais ses novices d’alors se souviennent de lui comme déjà d’un personnage vénérable au dos voûté, aux cheveux blanchis et aux traits anguleux et ascétiques. Le P. Austin n’a guère changé d’apparence physique pendant les 50 années suivantes et il n’a certainement pas grossi! Il garde son enthousiasme personnel pour la vie religieuse et son plus beau cadeau à ses novices reste l’introduction qu’il leur propose à son propre maître spirituel, saint Augustin. En 1952, à l’âge de 47 ans, le P. Austin est nommé Provincial d’Angleterre. Il va occuper ce poste pendant neuf ans. La Province d’Angleterre est alors florissante, comptant deux collèges, six paroisses avec leur réseau scolaire et un noviciat. Chaque année il a la joie d’admettre des jeunes à la profession et de rédiger des rapports de professions perpétuelles et d’ordinations. Bien que n’ayant jamais joui d’une santé robuste, le P. Austin se montre infatigable en visitant régulièrement les communautés. Il est partisan de renouveau dans la vie religieuse, de renouveau dans l’esprit surnaturel selon ses termes, ce qui signifie pour lui une grande fidélité à la Règle et aux traditions de l’Assomption, une générosité totale dans le service du Seigneur et une grande indifférence quant aux mobiles humains d’ambition, de confort ou d’attachement à des préférences particulières. Religieux déterminé, capable, prêt à affronter les situations difficiles, il n’a pas reçu sans doute toute la coopération désirée. Perçu parfois comme un ‘étranger’, extérieur au travail apostolique commun des écoles ou des paroisses, il peine à se défaire de son manteau de maître de novices, attendant de ses religieux le même degré d’obéissance et de docilité qu’il avait eu l’habitude d’exiger de ses novices. Mais l’heure des années soixantes est celle des changements et même des bouleversements auquel il n’est guère préparé. Le P. Austin voit disparaître beaucoup des signes extérieurs d’identit é religieuse qu’il a aimés et encouragés: l’habit, les rituels monastiques, les formes liturgiques, les constitutions et les coutumiers. Il éprouve parfois ce sentiment d’être trahi, mais il vit aussi la grâce de ne pas s’aigrir et de ne pas s’aliéner face aux turbulences de l’histoire. Il garde le sens des valeurs permanentes, citant aveur faveur le mot d’Augustin: ln omnibus caritas, pratiquant et vivant la vertu de charité envers tous ses frères, y compris envers ceux qu’il sent éloignés de lui et de sa mentalité. Après son temps de service provincial, le Père Austin est employé à divers ministères pastoraux: paroisses, aumôneries, accueil des pèlerins à Jérusalem. Même dans sa soi-disant retraite, il ne cesse de travailler: neuf ans à Nottingham et une dernière période de vie à Bethnal Green. Il aime compulser les archives, produire des monographies sur l’histoire de l’Assomption faisant figure grâce à sa connaissance encyclopédique de ‘mémoire vivante’ de sa famille religieuse. Il reste jusqu’au bout un homme passionné, parfaitement maître de lui, toujours courtois, prévenant, pieux. Il meurt à ‘Nazareth House’, Hammersmith, le 16 décembre 1999. Page :104/104

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Documents Assomption, Nécrologe (VIII) 1998-1999, 1999, p. 76-79. A.A. Info, décembre 1998, n° 164, p.13. Lettre du P. Austin Treamer au P. Alphonse Picot, Londres, 13 février 1959. Du P. Austin Treamer, dans les ACR, rapports sur Bucarest (1937-1938), sur le Province d’Angleterre (1958), circulaires aux religieux d’Angleterre (19521961), visites canoniques,.notes sur le cérémonial et le rituel de la Congrégation (1958), notes sur la révision des Constitutions et du coutumier (19521960), sur l’Institut Byzantin (1960), remarques sur les Associations de la Province d’Angleterre (1955), observations sur des achats et des ventes de propriétés en Anleterre, correspondances (1930-1989), articles sur l’Assomption en Angleterre (1927), études sur les PP. Edmund O’Donnell et René Cusse. The mission of the Augustinians of the Assumption in Australia 1860-1875. Le P. Austin Treamer a également traduit et publié le journal du P. Henri Brun.