Barthélemy (Benoit) SCHISKOV – 1867-1931

Phanaraki, 1923.
« Votre départ précipité nous a à peine donné le temps de
vous souhaiter un heureux et fécond généralat. Aujourd’hui en vous
présentant les vœux et souhaits de Pâques au nom du trio de Féner Bagtché,
nous vous félicitons pour l’approbation définitive de nos Constitutions qui
sont par tous attendues ardemment. Les Sœurs vous donnent certainement de
leurs nouvelles. La semaine
dernière Sœur Guillaume a eu une sorte d’attaque qui aurait eu des suites
très graves si la Sœur s’était trouvée toute seule. Elle a été sur pieds
deux jours après. Le jardin s’embellit, l’avoine commence à lever, mais les
légumes sont en retard. D’ailleurs il a fait si mauvais temps qu’on n’a
presque rien pu semer plus tôt. Je n’ai rien eu de mon neveu et je ne sais
pas du tout quel a été le résultat des missions
données à Bellini. Si vous aviez besoin d’un portier à l’Ara Caeli, le
Frère Emilien vous proposerait notre Tchélébi qui ne pense qu’à Eski-Chéir
et qui fait très bien ici en attendant. Je termine pour ne pas abuser de
votre temps en vous demandant, mon Père, de me bénir et de croire à toute
ma religieuse affection en Notre-Seigneur. P. Barthélemy.

Notices Biographiques A.A

Religieux bulgare de la Province de Lyon. Un enfant de l’école Saint-André. Benoît Schiskov (1) est né à Plovdiv en Bulgarie, alors province turque, le 23 décembre 1867. Il suit avec son frère Matthieu les cours de l’école paroissiale Saint-André qu’a fondée le P. Galabert en 1864 dans l’ancienne ville de Philippopoli devenue Plovdiv. En 1881, le P. Galabert envoie le jeune Benoît à l’alumnat de Karagatch, près d’Andrinople, pour y faire des études de français et de latin. En 1884, Benoît part avec quelques compagnons fonder le petit alumnat Saint-Pierre à Koum-Kapou, quartier turc d’Istanbul. De 1888 à 1890, il passe à l’autre alumnat d’Orient, situé à Phanaraki dans les parages du noviciat. Ayant fait le choix de la vie religieuse, Benoît est admis au noviciat de Livry en France (Seine-Saint-Denis) où il prend l’habit le 6 août 1890 sous le nom de Frère Barthélemy, en souvenir du Père Barthélemy Lampre dont il a admiré le dévouement à Plovdiv à l’époque de la guerre russo-turque de 1877-1878 (2). Profès annuel l’année suivante, le Frère Barthélemy prononce ses vœux perpétuels le 6 août 1892 et commence aussitôt ses études de philosophie et de théologie qu’il poursuit partie à Livry et partie à Rome, de 1892 à 1894. Le climat très humide de Livry ne lui convient guère et, plusieurs fois malade, il est avancé rapidement aux ordres comme en a décidé le P. Picard. Le Frère Barthélemy est ordonné prêtre dans la chapelle de la rue du Bac à Paris, le 22 septembre 1894. Il reste encore une année en France, mais, son état de santé ne s’améliorant pas, le docteur Ménard conseille son retour en Orient. Le P. Barthélemy est envoyé à Karagatch pour travailler à l’alumnat Saint-Joseph qui à l’époque comprend des élèves du rite latin et du rite oriental. Il y reste deux ans comme enseignant (1895-1897). A.A L’homme de Yamboli. En 1897, le P. Barthélemy est nommé supérieur de la mission de Yamboli et c’est dans cette localité que va s’écouler la plus grande partie de sa vie sacerdotale. Il y prend la succession du P. Vincent Chaîne et se donne avec un grand dévouement au soin de la petite école et au ministère paroissial. Yamboli est une petite cité qui commence à prendre vie depuis la construction de la ligne du chemin de fer. Avec l’approbation du P. Alfred Mariage, supérieur de la Mission d’Orient, le P. Barthélemy renouvelle les installations matérielles de cette mission, en faisant bâtir une nouvelle résidence à la place des locaux étroits et vieux, en agrandissant la chapelle et en établissant les deux rites. Yamboli devient ainsi le véritable centre des missions de rite oriental dans le pays. En 1912, lors de la première guerre balkanique, Yamboli sert de résidence de campagne pour l’état-major. C’est là que passent et se concentrent les routes en direction d’Andrinople et de Lozengrad (Kirk-Kilissé). Le P. Barthélemy, très patriote, acquiert la sympathie des autorités militaires et gouvernementales, en mettant les locaux de la mission au service des troupes du pays. Après la bataille de Bounar- Hissar, le roi de Bulgarie, le tsar Ferdinand, lequel suit de près le déroulement des hostilités du front, demande au P. Barthélemy de devenir aumônier au palais de Lozengrad. Quand l’armistice est conclu le 4 décembre 1912, le tsar retrouve le chemin de la capitale, Sofia, non sans avoir donné des marques publiques de son estime pour le P. Barthélemy. Mais au succès de cette première guerre balkanique, supportée vaillamment par l’armée bulgare, succède le désastre de la seconde qui déchire les anciens Alliés unis contre la Turquie, mais séparés par leurs intérêts. En 1915, la Bulgarie fait le choix politique des Puissances Centrales. Le P. Barthélemy souffre des traités qui amputent le territoire bulgare en 1919. En 1920, il accueille avec joie sa nomination comme économe à Kadi-Keuï (Istanbul). Il se met aussi au service d’une communauté de Carmélites. En 1923, il reprend la route de Yamboli où est reconstitué un alumnat bulgare. Il se consacre à la renaissance de la mission éprouvée par tant de conflits. Il est tout à la fois supérieur, curé de la paroisse latine, professeur et procureur pour les deux alumnats Saint-Cyrille et Saint-Méthode. En 1929, il est nommé économe au collège de Varna où il assure également quelques heures de catéchisme. C’est à Varna qu’il trouve la mort, frappé d’apoplexie en sortant du confessionnal. Il meurt trois jours après, le 7 avril 1931. U est le premier religieux décédé à Varna, poste fondé en 1897. Il repose dans le cimetière de la ville. (1) Nous avons uniformisé toutes les graphies et transcriptions trouvées à propos des 4 religieux bulgares de ce nom. On trouve aussi bien en effet Schischkoff que Schichcov ou encore Chichkov, Sciskof et Sciskoff. Barthélémy et Matthieu sont deux religieux A.A, frères de sang. (2) Coïncidence curieuse, le P. Barthélemy Lampre est décédé des suites d’une fièvre typhoïde et du typhus contractés au chevet des soldats malades, un 6 avril (1878). Le P. Barthélemy Schiskov est décédé un 7 avili (1931).

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Lettre à la Dispersion, 1931, no 388, p. 89-90; no 391, p. 113-116. L’Assomption et ses (Euvres, 1931, no 361, p. 131-134. Missions des Augustins de l’Assomption, juillet 1931, no 347, p. 488. Notice biographique par le P. Marie-Alexis Gaudefroy. Lettre du P. Barthélemy Schiskov au P. Gervais Quenard, Phanaraki, 27 mars 1923. Du P. Barthélemy Schiskov, dans les ACR, rapports sur Yamboli (1898, 1905-1908, 1910-1914, 1919), correspondances (1896-1929), articles dans la revue de L’As- som option (1914, les 25 ans de la Mission) et dans la revue des Missions des Augustins de l’Assomption. Notices Biographiques