Benedicto (J.) GALLEGUILLOS ALARCON – 1918-1946

Paradis chilien.
« Quand, après 28 jours de bateau et 48 heures de train à travers la pampa
argentine et la Cordilière on arrive de Bordeaux à la communauté de Pengo
et à sa grotte de Lourdes, pour la première fois on pense au P. Picard et
aux
œuvres géantes de nos anciens Pères, cette immense basilique prend corps
lentement, mais splendidement, comme nos vieilles cathédrales; nos Pères y
clament les invocations de la Vierge à toute heure du jour, devant des
centaines de personnes et devant des dizaines de mille les grands jours.
Quand on approche le peuple chilien pour la
première fois, simple, affectueux, enthousiaste
malgré sa pauvreté, sa saleté et une certaine indiscipline, on l’aime.
Quand on va prêcher une mission de quelques jours dans une de ces fermes
isolées et populeuses, et que, dans la nuit, hommes, femmes,
enfants suivent en procession, une grosse croix de bois en tête, tous
chantant en sanglotant les lugubres cantiques des fins dernières, on dit:
‘Le Saint-Esprit est là’ Quand on voit ces Christs flagellés, déchiquetés
et
rouges dans nos cloîtres ici, on dit: ‘Nous n’avons rien perdu depuis
Thérèse d’Avila ou
Jean de la Croix… ». P. G. Pérès, 1947.

Benedicto (J.) GALLEGUILLOS ALARCON

1918-1946

Religieux chilien de la Province de Bordeaux.

Formation commencée au Chili, poursuivie jusqu’en France.

Jesus Galleguillos est né le 9 février 1918 à San Rafaël, au diocèse de Rancagua (Chili). Il fait toutes ses études secondaires à l’alumnat de Mendoza près de Rengo, de 1931 à 1936. Venu en France au début de l’année 1936, en mars, il reçoit l’habit religieux au noviciat de Pont-l’Abbé d’Arnoult (Charente- Maritime), le 28 juin 1936 des mains du P. Pol de Léon Cariou, Maître des novices. Il prend le nom de Frère Benedicto. Ceux qui portent un jugement motivé sur le Frère au cours des diverses étapes de sa formation religieuse et sacerdotale sont particulièrement élogieux. Le P. Pol de Léon Cariou note pour l’admission aux premiers vœux du 29 juin 1937: « Le Frère Benoît est un vrai modèle de parfait novice. On a dit de lui qu’il est la ‘règle vivante’. C’est vrai, en dépit de ses défauts qu’il combat énergiquement ». Le P. Athanase Sage note tout aussi avantageusement pour la profession des vœux perpétuels, le 29 juin 1940 à Lormoy: « Frère Benedicto est une vocation sérieuse. Il fait bonne impression ». Déjà son supérieur d’alumnat à Mendoza, le P. Marie-Alfred Gcettelmann, le qualifiait de bûcheur acharné aussi bien pour le travail manuel que pour les études. Cette appréciation est constante. Il ne cesse de prendre sa vie au sérieux. De 1937 à 1938, le Frère Benedicto étudie la philosophie à Layrac (Lot-et-Garonne) et à Scy- Chazelles (Lorraine) et à partir de 1938 il rejoint le scolasticat de Lormoy pour la théologie. C’est au cours de l’année 1942-1943 qu’il rentre au Chili, en passant par l’Espagne, de façon à pouvoir être ordonné prêtre dans sa patrie, le 18 décembre 1943. Il achève son parcours de théologie à l’Université catholique de Santiago. Comme jeune prêtre, il est attaché à l’école apostolique de Mendoza d’où il vient.

Il se consacre à l’œuvre des vocations avec toute la générosité qui le caractérise. Jeune plein d’entrain, de bonne volonté et de dévouement, il fait lever un vent d’espérance et d’estime pour cette œuvre si nécessaire à la vie religieuse et au clergé. Il est nommé également économe de la maison en mars 1944.

Mort accidentelle en voiture, rauchée par un train.

La mort surprend le Père Benedicto en pleine activité, à 28 ans. Il se trouve dans une voiture, le 3 décembre 1946, qui est accidentée à un passage à niveau ferroviaire, en gare de Rosario. Dans le véhicule où six personnes ont pris place, seul le P. Benedicto est tué, les cinq autres n’ayant que de légères contusions. Cette mort brutale jette la consternation dans la région où le P. est connu et estimé, car en plus de ses fonctions internes, il dessert plusieurs chapelles dans les environs de Rengo (1). Les prêtres font souvent appel à lui pour des triduums, des neuvaines et des missions. Quinze jours avant sa mort, le P. Benedicto a encore prêché un sermon très émouvant sur la mort. On se souvient qu’il songeait souvent à la mort et qu’il en parlait facilement, disant qu’il avait le pressentiment de mourir jeune. Une assistance recueillie et très nombreuse tient à honorer sa mémoire. Pendant trois jours, c’est un véritable défilé autour de son cercueil. On remarque qu’aux obsèques, présidées par l’évêque, se manifestent de nombreuses délégations de paroisses voisines, de mouvements d’Action catholique, le Gouverneur du département, le Maire de Rengo, le commandant des carabiniers et une délégation de la Croix-Rouge, sans compter les nombreux fidèles qui veulent rendre un dernier hommage à la mémoire de ce religieux estimé et si vite enlevé. (1) Géographie chilienne de l’Assomption: Mendoza est le nom de la localité d’une ancienne hacienda, près de la ville centrale de Rengo que l’Assomption investit comme centre de mission en novembre 1890. A Mendoza, l’Assomption a implanté de façon privilégiée mais au XXème siècle, un alumnat tandis que Rengo, où une maison fondée en février 1894, est depuis les origines un centre paroissial, avec de nombreuses dessertes de chapelles dans les environs. Rancagua est un évêché chilien, suffragant de Santiago crée en 1925.

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Lettre à la Famille 1947, n° 25, p 119; n° 27, 126; n° 31, p. 148 (reproduction des lettres du P. Zénobe Goffart et du P. Germer Solans article du P. Régis Esoubas). Juan Donoso Zavala, Semblanza del Padre Benedicto Galleguillos A.A. (1918-1946), mayo 1997, 19 pages. Lettre du P. Goulven Pérès dans Lettre à la Famille, 1947, n° 37, p. 170-171. Dossier personnel (ACR). Notices Biographiques