Berchmans (Germain) LEFEBVRE – 1874-1926

Pénurie et trop-plein.
« Le bon Père Berchmans Lefebvre est mort subitement samedi soir [20
novembre
1926] à 18 h. dans la sacristie des S?urs de Seaford, au moment où il se
rendait au confessionnal. Depuis un certain temps il se plaignait de maux
de tête. On venait de lui faire quelques petites opérations dans le nez,
puis il
a eu un abcès à l’oreille dont il souffrit beaucoup avant d’être soulagé.
L’abcès est crevé, mais le tympan est perforé. Le chirurgien restait
inquiet. La mission d’Angleterre est bien éprouvée par ce deuil. Je ne sais
comment remplacer le P. Berchmans. Il n’est pas facile de trouver des
sujets parlant anglais. Et pourtant le jour où j’ai appris sa mort, hier en
la fête du P. d’Alzon, un abbé Chavot d’Annonay venait nous saluer avant de
partir pour le noviciat de Taintegnies et je recevais une demande
d’admission d’un curé de l’Orne. On fait quelques difficultés à Taintegnies
pour recevoir des prêtres novices parce qu’on manque de cellules à leur
offrir. Peut-être pourrait-on envoyer à Saint- Gérard tout le groupe des
frères convers? J’attends une solution pour le Maître des novices de
Bergerville que nous n’avons pas encore trouvé. La Province fournit les
3 Pères du noviciat de
Taintegnies

Religieux de la Province de Paris.

Un jeune de la région du Nord en Orient.

Germain Lefebvre est né le 20 avril 1874 à Plouvain (Pas-de-Calais). Orphelin de père, il entre à l’alumnat de Mauville (Pas-de-Calais) de 1887 à 1890, puis à celui de Clairmarais pour les humanités (1890-1892). Il prend l’habit au noviciat de Livry- Gargan (Seine-Saint-Denis), le 7 août 1892, sous le nom de Frère Berchmans: il y passe dix mois et rejoint le noviciat de Phanaraki, sur les bords de la Mer de Marmara en Turquie (1893). Il y prononce ses premiers v?ux le 15 août 1893 et ses v?ux perpétuels, l’année suivante, à la même date. Viennent les années d’?uvres: il est maître d’école à Phanaraki (1894-1895), puis à Kadi-Keuï (1895- 1896), donnant des cours de français et de latin aux quelques jeunes alumnistes qui fréquentent ces deux communautés. En septembre 1896, le Frère Berchmans arrive à Jérusalem pour ses études ecclésiastiques, dans la grande maison de Notre- Dame de France où le P. Athanase Vanhove est supérieur. Il y reste quatre années (1896-1900) et est ordonné prêtre par Mgr Appodia dans la chapelle des Carmélites de Bethléem, le 19 août 1900. Il est nommé professeur et formateur au noviciat de Phanaraki (1900-1903), notamment pour les psaumes, la liturgie et le chant. En 1903, le vote d’une nouvelle loi militaire en France qui fait obligation à tous les jeunes, ecclésiastiques compris, de remplir leurs obligations à la caserne, rend le transfert des novices à Phanaraki inutile. Louvain devient alors le seul noviciat pour l’Assomption. Phanaraki devient alors maison d’études et le P. Berchmans rejoint l’alumnat de Karagatch comme professeur (1903-1904).

En Angleterre.

En 1904, le P. Berchmans dit au revoir à l’Orient

et prend le bateau pour l’Angleterre. S’étant initié par lui-même à l’anglais, il prend du service à la paroisse de Richmansworth (1904-1905) et, de là, passe à celle de Newhaven (1905-1906). En mai 1906, on lui demande d’être chapelain des religieuses Servites à Dorking. Ce poste lui laisse suffisamment de temps pour qu’il puisse se perfectionner dans la maîtrise de la langue anglaise. En 1909 il devient supérieur et curé à Charlton. Religieux prudent et réservé, il occupe les anciens locaux des S?urs Oblates de l’Assomption, les Mères Franck, et en consacre une partie pour y faire vivre une école paroissiale. En 1921, avec le concours de paroissiens bénévoles, il construit un hall pour l’animation des oeuvres liées à la paroisse. En 1923, il revient à Newhaven qui, à cette date, comporte trois postes: Newhaven même, centre paroissial accompagné d’une école tenue par des S?urs du Saint-Coeur de Marie, Seaford à quelque 4km à l’Est où l’Assomption a en charge provisoirement une petite desserte paroissiale, et Peacehaven, à 4km à l’Ouest de Newhaven, où l’Assomption a construit pour les catholiques une petite église. Le P. Berchmans est chargé de la desserte de Seaford où il assure une messe quotidienne à une communauté de Soeurs de la Providence.

Mort subite.

C’est dans l’exercice de son ministère qu’il trouve la mort à Seaford, le 20 novembre 1926. Il y est inhumé le mercredi 24 novembre suivant, après l’autopsie requise par les autorités de police en raison des circonstances de son décès subit, dû à une angine de poitrine et une artériosclérose très prononcée. Sa tombe se trouve à proximité de la concession des Soeurs de la Providence. De santé toujours fragile, le Père Berchmans avait toujours recours à la médecine et aux médicaments. Sa dernière joie fut de voir construire une jolie petite chapelle à Peacehaven et, à proximité, une petite école tenue par les religieuses.

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Lettre à la Dispersion, 1926, n° 205, p. 321; n° 206, p. 329-332; n°208, p. 347-349; n° 210, p. 361-1927, n° 213, p. 22-24. L’Assomption, 1927, n° 308, p. 34-36. Notice biographique par le P. Marie-Alexis Gaudefroy. Pénurie et trop-plein: Lettre du P. Aymard Faugère, Provincial de Paris, du P. Gervais Quenard, Paris, 22 novembre 1926. Du P. Berchmans Lefebvre, dans les ACR, rapports sur Charlton (1910-1914; 1919-1923), correspondances (1900-1926).