Bernard (Paul) FORTIN – 1864-1883

Un alumniste, assomptionniste de cœur à 13 ans.
« Enfin nous avons pu avec un indicible enthousiasme revêtir le saint habit
de l’Assomption. La cérémonie belle et touchante et présidée par le P.
Picard était tirée du
cérémonial des Ermites de St Augustin, oublié par la tourmente
révolutionnaire
pour servir aux descendants de
St Augustin, aux alumnistes. Le lendemain de ce beau jour, nous avions la
satisfaction de voir bénir notre chapelle dont vous pourrez voir la
cérémonie insérée dans Le Pèlerin. Nous allons encore avoir dans peu de
jours, comme je le crois, l’immense bonheur de voir notre Père, le Père de
toute l’Assomption, car le temps est splendide à Clairmarais. Je
n’essaierai pas de vous le décrire, vous ne pourrez vous le figurer, bien
cher Père, qu’en y venant vous-même. Venez donc (7), bien cher Père,
hâtez-vous de venir chanter de votre plus belle voix la messe dans notre
chapelle. Hâtez-vous de venir bénir les humanistes, surtout ceux qui ont la
prétention de devenir plus tard fils de St Augustin. Adieu, bien cher Père,
les humanistes vous saluent, en récompense ils ne demandent que la
bénédiction de leur Père ». Paul Fortin au P. d’Alzon.

Bernard (Paul) FORTIN

1864-1883

Religieux français, profès.

Un tout jeune Assomptionniste.

Paul Fortin naît le 11 mai 1864, à Nelle (Pas-de- Calais), au diocèse d’Arras. Il connaît à 11 ans la vie des alumnats naissants, Arras (1873), Clairmarais (1875-1878). Il prend l’habit à Paris, le 9 décembre 1878, à 14 ans accomplis, sous le nom de Frère Bernard (1)! De 1878 à 1880, il réside au noviciat de Sèvres, dans la proche banlieue parisienne. Il n’a encore que 16 ans quand, après la mort du P. d’Alzon (2), les novices doivent quitter le sol français et trouver un abri en Espagne dans l’ancien couvent des Carmes, à Osma (décembre 1880). C’est là qu’il prononce ses vœux perpétuels le 24 mai 1881 (3), à 17 ans! En décembre 1882 (4), après une halte à l’alumnat de Nice (Alpes-Maritimes) pour sa santé (5), il fait partie du petit nombre de religieux qui fondent la communauté romaine des étudiants assomptionnistes, d’abord dans une résidence provisoire, chez les Trappistes, via San Giovanni in Laterano, puis à l’Ara Coeli, dans le palazzo Filippani acquis par l’Assomption. Déjà malade en France et en Espagne, il meurt prématurément dans la nuit du 17 au 18 mai 1883, à 19 ans, laissant la réputation d’un nouveau Saint Louis de Gonzague. Son corps est déposé pendant la nuit, en prévision de la cérémonie funèbre, dans une chapelle de la basilique de Saint- Jean de Latran, puis transporté à Saint-Laurent-hors- les murs, à côté du cimetière de Campo Verano. Le Frère Bernard est inhumé le samedi 19 mai dans le caveau des Grands Augustins, l’Assomption ne disposant pas à l’époque de caveau propre (6). Lorsqu’en novembre 1936, la Congrégation de l’Assomption procédera à l’exhumation des religieux pour transférer leurs restes dans sa propre concession, on ne trouvera rien des restes du frère Bernard, inhumé, il est vrai, depuis plus de 53 ans.

Une forte réputation.

Par l’ensemble de sa personnalité humaine et spirituelle, le Frère Bernard va laisser dans le souvenir de ses confrères assomptionnistes une image lumineuse, longuement et fraternellement entretenue. La communauté de Rome, à l’époque, compte dans ses rangs le propre frère de Bernard, Gatien Fortin. Laissons la parole au P. Polyeucte Guissard: « Comment une vie si brève, sans événements humains, peut-elle tenir une telle place que ceux qui en parlent aujourd’hui ont encore, à l’évocation de cette chère figure, des regrets et des larmes? Ah! c’est que lïnnocence est un parfum qui embaume toute une communauté. Et quand la fleur est cueillie il semble que le parterre est vide et queue emporte le printemps! Les principales dates de son existence se rencontrent dans le mois de Marie, à qui le Fr. Bernard eut une si tendre dévotion. Il est né le 11 mai; il fit profession le 24 mai, il entra au ciel le 18… ».

(1) Si nous en croyons la lettre du jeune Paul Fortin, humaniste à Clairmarais, il y eut une ‘vestition d’alumniste’ en 1877 à Clairmarais. Il est question de cette cérémonie dans Le Pèlerin de 1877, p. 738. (2) Il est aussi question du Frère Bernard Fortin dans la correspondance du P. d’Alzon qui lui a adressé un billet en 1880: cf t. Xiii, p. 422, lettre n° 7074. On trouve d’autre part le nom du Frère Bernard évoqué dans la correspondance du Fondateur: cf t. Xiii, 232, 233 n., 270, 271 n. (3) Date donnée par le Registre. On trouve aussi la date voisine du 21 mai 1881, jour de Notre- Dame Auxiliatrice… (4) Si l’on en croit les Souvenirs n°’ 18, du 29 novembre 1882, le 16 novembre précédent aurait dû avoir lieu à Rome la bénédiction de la chapelle. « Nous attendons patiemment, car à Rome le fameux mot de patienza! retentit à chaque instant ». (5) Nous faisons foi au récit des Souvenirs, n° 19 (15 janvier 1883) p. 81: « Nous sommes enfin à peu près complet. Le frère Bernard seul manque à l’appel. Indisposé par un voyage qui a duré 16 jours pour ceux qui ont pu arriver au but, le pauvre petit frère a du rester à Nice pour se remettre un peu … ». (6) Les détails de l’enterrement du Frère Bernard sont abondamment racontés dans les Souvenirs, n° 22, du 23 mai 1883 et n° 23, du 28 juin 1883. La plume est tenue par le P. Michel Romanet, Supérieur de la nouvelle communauté à Rome. (7) Le P. d’Alzon se rendit à Clairmarais, peut-être le 19 avril 1876 (cf lettre n° 5614).

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Lettres d’Alzon, t. XIII, p.448. Polyeucte Guissard, Portraits Assomptionistes, p.265-274. Souvenirs 1883, no 22, P. 95-98 et no 23, p. 99-102. L’Assomption, 1897, no 9, p. 138-139 et no 10, p. 154-155. Notice biographique par le P. Marie-Alexis Gaudefroy. Lettre de Paul Fortin au P. d’Alzon, au nom des humanistes de Clairmarais, 19 novembre 1877. Notices Biographiques