Borromée (Charles) FEROUX – 1862-1954

Portrait d’un nonagénaire.
« Le P. Borromée arriva à
Pannard le 18 septembre
1946 et ne le quitta qu’à sa mort, en 1954. Ce fut donc pendant 8 ans qu’il
y résida. Les débuts furent difficiles, le climat l’éprouvait, la solitude
lui était pénible. Il parvint à s’adapter et même se fixa si profondément
en notre paisible coin de Mayenne qu’en 1952 lorsqu’il f ut question de lui
donner un successeur, les larmes lui vinrent aux yeux. Il remercia les
Mères de vouloir bien le garder chez nous pour y terminer sa vie bien
remplie, sainte et bénie de Dieu. Malgré sa longue
habitude de la prédication et sa facilité d’élocution, il ne faisait aucune
conférence, aucun sermon sans une soigneuse préparation. Accueillant,
compréhensif,
il sait tout mettre au point. On le voyait passer silencieux, réservé,
discret, saluant, faisant signe de la main pour que l’on s’asseye. A la
récréation, il ne dédaignait pas de lancer un petit trait plein d’humour
car il avait l’esprit très fin et toujours le mot juste. Le P. Borromée
vécut très longtemps: 93 ans révolus. Il était d’un autre âge quant à son
tempérament robuste qui semblait défier l’usure du temps, pareil aux chênes
vigoureux de sa Vendée …
».Oblates de Pannard, 1954.

Borromée (Charles) FEROUX

1862-1954

Religieux de la Province de Lyon, affilié à celle de Bordeaux en 1950.

De la lignée des ‘Pictes’ à l’Assomption.

Charles Féroux naît le 4 février 1862 à Marigny- Chemereau dans la Vienne. Ses parents aiment lui rappeler par la suite qu’il a été baptisé dès le lendemain: « Tu as été l’enfant du diable mais nous avons tout fait pour que tu ne le sois pas longtemps ». Elève à l’école cléricale à Poitiers (1873), il poursuit en 1879 ses études secondaires au petit séminaire de Montmorillon, ancien couvent qui garde le souvenir de deux martyrs du Tonkin, Charles Cornay et Théophane Vénard et vibre encore au souvenir du fougueux ‘Chevalier Apôtre’, l’abbé Chicard, frère du P. Marie-Jules (1). Après les études au grand séminaire de Poitiers (1881-1886), Charles exerce les fonctions de professeur et de surveillant au collège de Rom (Deux-Sèvres) et est ordonné prêtre à la cathédrale de Poitiers, le 17 décembre 1887. Vicaire à Saint-Amand-sur-Sèvres, il entend l’appel à la vie religieuse et se décide en faveur de l’Assomption, à la suite d’un pèlerinage à Jérusalem en 1889 où il rencontre des novices de Livry. Il doit attendre 3 ans l’autorisation de son évêque pour rejoindre le noviciat de Livry-Gargan où il prend l’habit le 8 septembre 1893 sous le nom de P. Borromée. Il passe à Rome l’année scolaire suivante et revient à Livry pour prononcer ses vœux perpétuels le 8 septembre 1893, renforçant le groupe des abbés Poitevins, les ‘Pictes Assomptionnistes’: Chicard, Drochon, Chabant…

Dans le tumulte des événements, un homme pondéré qui introduit l’Assomption à Lyon.

Le P. Borromée commence sa vie apostolique à robuste l’Assomption dans la responsabilité du supériorat à l’alumnat du Breuil (Deux-Sèvres) mais les lois de 1901 l’en éloignent. De Niort où il s’est retiré comme aumônier des Religieuses du Sacré- Coeur,

il suscite en faveur de son alumnat amis et défenseurs retardant l’expropriation jusqu’en novembre 1907. Il reste le pourvoyeur en recrues et en subsides des alumnats de Calahorra et d’Elorrio (Espagne). jusqu’en 1913 à Niort, le P. Borromée prête son concours à l’animation des pèlerinages de Notre-Dame de Salut. Il est accompagnateur au fameux ‘pèlerinage des tempêtes’ en 1911, au cours duquel le bateau letoile est près de sombrer: pendant que des vagues déchaînées emportent les canots et inondent les cabines, le P. Borromée aux côtés du P. Antonin Coggia calme les pèlerins affolés. En juillet 1913, le P. Borromée jette les fondements d’une implantation assomptionniste à Lyon. Dans le dénuement d’un modeste logement au 5ème étage, sans lit, il lutte contre un régiment de punaises, avant de rejoindre la rue Franklin, un peu plus confortable et plus hospitalière. Directeur de la Ligue patriotique des femmes françaises, ancêtre de la Ligue féminine d’Action catholique, il exerce un ministère profond, fidèle à sa méthode et à son tempérament, discrets et réguliers. Aumônier à la chapelle de l’Adoration réparatrice, rue Henri IV, il donne le meilleur de son âme dans l’effacement et le silence, ce durant 25 ans. Pendant la guerre 1914-1918, son appartement de la rue Franklin sert de halte et de lieu de réconfort pour les religieux mobilisés et casernés ou simplement de passage à Lyon. En 1923, il opte pour la province de Lyon dont il est choisi comme second assistant, de 1926 à 1939. En septembre 1939 le P. Borromée est déplacé à Bordeaux (Gironde). Il accepte encore à 78 ans de rendre aux Religieuses de l’Assomption le service de l’aumônerie, toujours avec sa douceur inaltérable, son immuable sérénité et sa régularité proverbiale. Quatre fois par jour, à pied, il trottine de l’avenue de Mirande au pensionnat du Parc, sans jamais se faire attendre. En 1946, à 84 ans, il accepte d’être déplacé à Pannard (Mayenne), au service de l’ aumônerie des Oblates. Fidèle à lui-même, lecteur assidu la plume à la main, il meurt à Pannard le lundi 19 juillet 1954 dans sa 93ème année. Il est inhumé le mercredi 21 à Saint-Maur (Maine-et-Loire). (1) Se reporter à la notice biographique du P. Marie-Jules Chicard. Autre clin d’œil de l’histoire, il est question de l’ex-couvent de Montmorillon, devenu séminaire, comme possible fondation assomptionniste en 1858: cf Lettres d’Alzon, édition Touveneraud, t. 11, P. 431,437,446 et 451.

Bibliographies

Bibliographie et documentation: B.O.A. juin 1955 p. 108. Lettre à la Famille 1954, n° 171, p. 69-71, 72; n° 175, p. 99-100. A Travers la Province (Bordeaaux), 1954, n° 22. L’Assomption et ses œuvres, 1954, n° 504, p. 16-22. Dans les ACR, nombreuses correspondances du P. Borromée Féroux (1898-1950) et rapports sur le Breuil (1898-1906). Notices Biographiques