Religieux de la Province de France, Provincial de Lyon (1952-1957), quasi-Provincial des O.G.F. (1957-1961). Pour un souffle nouveau. Michel-Joseph Linder est né le 29 septembre 1908 à
où il remplace le P. M.-Germain Filliol, élu assistant général. Parmi les décisions lourdes qu’il a à prendre au cours de son mandat, on peut relever deux importants chantiers: le scolasticat de Valpré (Rhône) et l’internant de Mayen (R.F.A.), mais aussi d’autres rêves de mission et de fondations nouvelles: le collège d’Abidjan (Côte d’Ivoire), la maison de Strasbourg. Il aime pour sa province des lieux d’études propres sans lesquels il la croit amputée. Il désire surtout faire bénéficier les religieux étudiants d’une animation pastorale, sociale, théologique renouvelée. A cette époque alumnats et maisons d’études regorgent de monde et le P. Bruno a trop d’esprit d’entreprise et de confiance en l’avenir pour deviner que les termites du changement social vont miner l’édifice des régions de chrétienté. Ennemi des spéculations pures, mais pas du tout anti-intellectuel, le P. Bruno n’a pas dans sa poche de théories philosophiques, théologiques ou politiques: il mêle allégrement les idées qu’il cueille dans le livre de la vie autant que dans ses lectures. D’instinct il sourit des prétentions intellectuelles qui naissent parfois des enthousiasmes faciles du verbe. Mais surtout que d’humanité, de compréhension dans son animation et son gouvernement de la Province. Il affronte et arrange, dans le silence, de difficiles problèmes de personnes. Il intervient avec tact et franchise, débloque les situations inextricables et cherche en tout des solutions humaines. Quand les faits sont connus, il en parle sans dramatiser, avec un attachement fraternel pour les personnes: il sait la fragilité des hommes et sa bonté reflète quelque chose de la miséricorde de Dieu qui façonne le cœur du christianisme. L’humour lui va mieux que les confidences attristées, car il sait qu’il est une des formes de la tendresse du cœur. En 1957, le P. Wilfrid Dufaut qui bâtit un peu l’avenir de l’Assomption en France sur le P. Bruno, l’envoie à Paris pour d’impossibles responsabilités en le nommant délégué de la Curie aux Oeuvres généralices, quasi-provincial et directeur doctrinal à la Bonne Presse. C’est le moment même où Rome prend ombrage des positions du P. Emile Gabel! On craint l’arrivée d’un censeur, c’est un médiateur qui s’affirme. Porte-parole ou otage, le P. Bruno porte sa croix, même quand il est déchargé en 1961 de la responsabilité de la quasi-province. Il ressent durement les critiques sourdes et exprimées de cette situation en porte-à-faux. Transposé hors de saison, plus à l’aise dans un certain paternalisme autoritaire que rejettent les équipes laïques d’une grande entreprise, il garde une méfiance presque paysanne devant des idées ou des projets qui se cogitent dans les bureaux des citadins, chez des gens de plume. Dans le champ doctrinal et politique, il fait plus souvent qu’à son tour les frais des contestations, des malaises et des conflits. Il se sent vieilli, dépassé et ne cache pas son désarroi. Econome de la communauté en 1968, mis à la retraite en 1970, il est heureux de prendre du service paroissial à la cure de Maurepas-Elancourt (Yvelines), une de ces villes nouvelles qui poussent alors comme champignons aux pluies d’automne, et d’assurer l’aumônerie des Sœurs Oblates au Mesnil-Saint-Denis jusqu’en juin 1976. Cette reconversion pastorale lui est heureuse, mais c’est son chant de cygne. Il meurt d’un cancer du foie, le 30 août 1976, dans la nuit, à Saint-Sigismond (Savoie) où il aimait retrouver la vie simple et libre à Notre-Dame des Châteaux. C’est à Saint-Sigismond qu’il est inhumé le mardi 31.
Bibliographies
Bibliographie et documentation: Documents Assomption, N4crologe (I) 1975-1980, p. 32-33. L’Assomption et ses Cguvres, 1976, n° 588, p. 30. Nouvelles de la Province de France, 1976, n° 33, p 6-8. Lyon-Assomption, février 1977, n° 53, p. 11-15. Lettre du P. Bruno Linder au P. Rémy Munsch, Paris, 25 juillet 1964. Dans les ACR, du P. Bruno Linder, de nombreux rapports sur oeuvres et communautés de ses différentes obédiences de Supérieur et de Provincial (1946-1961), rapports sur les revues de Bayard-presse, correspondances (1940-1964).