Calixte (Pierre Hyppolyte) BOULESTEIX – 1881-1950

Lettre du P. Vitalien Laurent au P. Boulesteix, 28.04.1927.

« Nous sommes dans une période d’évolution et, je l’espère, de
transformation. Le principe du transfert de la maison des études byzantines
à Stamboul est décidé. Nous travaillons pour changer le titre de la revue:
Revue des Etudes Byzantines et néo- grecques, au lieu d’Echos d’Orient,
trop mesquin, et de préciser le programme.
Réussirons-nous? Le Congrès de Belgrade vient de montrer quelle faveur nos
études rencontrent partout. Les encouragements qui nous viennent de toute
l’Europe et d’Amérique nous sont le meilleur stimulant. Nous
allons sentir la faveur plus grande du public en annonçant pour les années
prochaines deux ouvrages monumentaux:’Constantinopol is Christiana’ et ‘La
Géographie ecclésiastique de l’Orient’, refonte de l’Oriens Christianus de
Le Quien. La collection byzantine de l’Association Budé nous est ouverte,
cependant les deux ouvrages parus, surtout la Correspondance de Grégoras,
ne font guère honneur à la science française. Il est possible qu’une trop
grande franchise nous vaille la
rancune de Diehl. Cela ne vous rappelle-t-il pas le souvenir d’une grande
morte, la Revue Augustinienne? ».

Religieux de la Province de Bordeaux.

Un limousin des Charentes.

Pierre est né le 24 Février 1881 à Saint-Laurent- sur-Gorre (Haute-Vienne), mais ses parents déménagent à la Rochefoucauld (Chartentes), d’ou sa double appartenance provinciale. Il suit les cours secondaires dans les alumnats du Breuil (1894-1897) et de Clairmarais (1897- 1898). Il prend l’habit sous le nom de Calixte à Livry le 8 décembre 18998 et part pour Phanaraki (Turquie) ou il prononce ses premiers vœux le 8 décembre 1899 et l ‘année suivante ses vœux perpétuels. Il enseigne au collège Saint-Michel de Varna (Bulgarie) de 1900 à 1903, expérience dont il ne cessera de parler comme une période glorieuse de sa vie. Ses études de philosophie et de théologie se déroulent à Phanaraki (1903-1904), à la Minerve à Rome (1904-1905) et à Louvin (1905-1908) ou il collabore à la Revue Augustinienne pour la partie philosophique et est ordonné pretre le 19 juillet 1908.

A Paris, à la Documentation Catholique (1908- 1939).

En 1908, le P. Calixte est nommé à Paris pour seconder le P. Salvien Miglietti et collaborer aux revues de la Bonne Presse, principalement à ce qui devient en 1919 la Documentation Catholique, revue documentaire fusionnant plusieurs titres. Il en devient le rédacteur en chef de 1927 à 1938. Grâce à un esprit curieux et fureteur, grâce aussi à un don de classification, il s’initie à ce genre de journalisme sous la férule du P. Miglietti. Lorsque ce dernier, soupçonné d’accointances avec la ‘Sapinière’, est écartée de la D.C. en 1923 et doit s’expatrier, c’est tout naturellement le P. Merklen qui en reçoit la succession mais qui a le bénéfice d’un secrétaire de rédaction bien formé, le P. Calixte.

En 1927, le P. Merkien passe à La Croix et le P. Calixte reçoit la direction de la D.C. Sa grande œuvre, parce qu’elle lui côte temps et peine, mais sur laquelle il rapporte toute sa fierté, c’est la rédaction du Livre d’Or du clergé et des congrégations. En 1928, il inaugure la publication des tables de la revue qui en font un outil de consultation maniable et en 1929, renouvelant avec le genre ancien des Editions des Questions Actuelles, il fait paraître le premier ouvrage des Editions de la Documentation Catholique, travail de synthèse sur un sujet donné, alors que par définition la revue elle-même, publication documentaire suivant l’actualité, ne donne qu’une allure analytique et chronologique aux sujets ou thèmes présentés.

Au collège Saint-Caprais à Agen et à Pont-l’Abbé d’Arnoult.

En 1938, il quitte la Bonne Presse, ce qui le laisse un temps désemparé. Aumônier 5 mois à Bordeaux des Religieuses de l’Assomption -il est postulateur de la cause de Mère Marie- Eugénie- il est nommé supérieur du collège Saint-Caprais à Agen (1938-1947). Là il se retrouve lui-même, classant les documents en désordre, multipliant les dossiers, fichant toutes les données de la vie du collège, collationnant les registres. Homme délicat avec ses confrères, il n’oublie pas de les fêter et de les soutenir pour leurs initiatives tant internes qu’externes. En septembre 1947, il lui est demandé de rejoindre le noviciat de Pont-l’Abbé d’Arnoult comme professeur, supérieur et maître des novices. C’est beaucoup pour un homme de cet âge. Sérieux, documenté, maniant volontiers l’anecdote, grand travailleur et toujours vif d’esprit, il y fait partager son goût pour la liturgie et son amour immodéré des traditions, vivant déjà un peu de ses souvenirs. En janvier 1950, il connaît une première alerte de santé. Insomniaque, il souffre de faiblesse cardiaque et de nombreux oedèmes qui gênent la respiration et la marche. On lui impose soins et repos. Le 22 février, il est opéré à l’intestin dans une clinique de Rochefort. Peu à peu il perd conscience et s’éteint dans la soirée du 24 février 1950, dans sa chambre au noviciat où il a été transporté. Il est inhumé dans le caveau de la propriété du noviciat, à la Chaume (Pont-l’Abbé), près du Pertuison.

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Lettre à la Famille 1950, p. 27-28. Circulaire du Provincial de Bordeaux, P. Régis Escoubas, 28 février 1950. Le P. Boulesteix est l’auteur d’une brochure de la Bonne Presse: ‘Paroles Ponti- ficales sur les accords du Latran’ et a publié le Livre d’or du clergé et des Congrégations (1914-1922). Il a collaboré également à la Revue Augustinienne (Louvain) du P. Merklen.Les archives possèdent quelques correspondances du P. Boulesteix, entre 1910 et 1949. Documentation catholique n° 2000 (1990), p. 193.