Canisius (Pierre-Hubert) LOUIS – 1895-1979

Aumônier d’hôpital.
« Je regrette le contretemps du
9 juin [1966] qui m’a fait manqué votre visite, le jour ou j’achevais mes
71 ans! Mais j’ai été appelé auprès d’un moribond. En venant à Sainte-
Marguerite [hôpital de Marseille], vous vous rendriez compte de
l’importance du pavillon anti-cancéreux. Au- delà des transformations de
l’équipement moderne, Il y a ici un univers aux dimensions infinies, celui
de la souffrance physique, morale et spirituelle. Nuit et chaque jour,
c’est toujours le même contact. Il m’est impossible d’oublier le monde de
la souffrance que je côtoie. Malgré un travail abondant la fatigue -pas un
seul jour de détente dans l’année- je cherche à m’acquitter de ma tâche
quotidienne. Ma ‘paroisse’ est immense, environ 9 à 10.000 malades qui
passent, sans compter le personnel. A côté de la souffrance, il y a la
mort. En une semaine, environ 20 à
25 décès. Il faut avoir le cœur bien solide parce que la plupart des morts,
je les connais, je les ai visités! Chaque matin, je pénètre avec angoisse
dans les pavillons du centre anti-cancéreux régional, anti chambre de la
mort. Je constate de profonds retours à Dieu…».

Religieux hollandais de la Province de Lyon, puis de France.

Formation pendant les années de guerre.

Pierre-Hubert Louis est né le 9 juin 1895 à Puth- Shinnen (Limbourg hollandais), ‘dans ce plat pays où les moulins à vent font entendre le gémissement de leurs ailes et où les champs de tulipes mettent une note de gaieté dans le décor blafard d’une campagne submergée de brumes’. Il connaît les alumnats de Zepperen en Belgique (1906-1911), d’Ascona en Suisse (1911-1912) et de Gempe en Belgique (1912-1913). Le 15 août 1913, il reçoit, en prenant l’habit, le nom de Frère Canisius au noviciat de Limpertsberg (Luxembourg). Profès annuel l’année suivante, il peut rejoindre en décembre 1914, malgré la guerre, le P. Louis-Antoine Verhaegen, économe de Zepperen: ce dernier peut transférer en janvier 1915 l’embryon d’alumnat commencé à Urmond au ‘Kastel’ de Boxtel. Ces années de guerre, difficiles sur tous les plans, sont cependant des années de fortes expériences pour le Frère Canisius, reçu à la profession perpétuelle le 7 octobre 1916 à Boxtel. Le Frère Canisius peut entreprendre ses études philosophiques à Taintegnies (1919-1921) et théologiques à Louvain (1921-1925). Ses compagnons se souviennent de ce grand gaillard, sérieux et travailleur, mais aussi enjoué. Surnommé ‘Peuth’, il remplit avec doigté la charge de socius dans une maison qui ne compte pas moins de 100 scolastiques, de divers nations et langues. Ordonné prêtre le 26 juillet 1925, il opte pour la Province de Lyon, de même que 5 autres étudiants de Louvain qui désirent un jour aller en Russie.

En Orient.

Le P. Canisius passe 36 ans de sa vie sacerdotale en Orient, tantôt dans le professorat, tantôt dans le ministère pastoral.

Il fait ses premières armes de professeur en Bulgarie, à Plhilippopoli (Plovdiv), de 1923 à 1926. En 1926, il est nommé en Turquie, à Kadi-Keuï, et s’adonne au ministère paroissial auprès des chrétiens dispersés dans ce pays musulman. De 1927 à 1929, l’obéissance l’envoie à Belgrade, en Yougoslavie, dans la paroisse de l’Assomption. Le terrible hiver 1928-1929 le fait beaucoup souffrir, il demande son changement. En septembre 1929, il reprend le chemin de Plovdiv et retrouve avec joie l’enseignement du latin et du grec jusqu’en 1948. Il est spécialement chargé des quelques étudiants catholiques du collège. Le collège est confisqué en 1948, les religieux bulgares dispersés, les religieux étrangers expulsés. Le P. Canisius reprend son bâton de pèlerin et retrouve Kadi-Keuï où il est nommé supérieur et curé. Il y reste 13 ans, jusqu’en 1961.

Séjour en Provence.

Débarquant en France à Marseille (Bouches-du-Rhône), sans affectation définie, l’occasion est donné au P. Canisius de s’initier à un nouveau mode de ministère auquel il s’adonne avec le même zèle, la même conscience de ses responsabilités. Quelques années auparavant, le P. Jean- Chrysostome Monnier s’est progressivement infiltré dans l’hôpital Ste-Marguerite et a réussi, par sa douce ténacité, à se faire connaître comme aumônier et obtenu de se faire attribuer un petit appartement contigu à la chapelle. Pendant dix ans, le P. Canisius assure cette charge d’aumônerie, apprécié à la fois par les malades et le personnel soignant. Atteint par la limite d’âge, le P. Canisius se rend à Lorgues (Var), le 1er octobre 1971. Il a encore la joie de pouvoir se déplacer en Bulgarie, rencontrer des anciens élèves, les fortifier dans leur foi. Il prête volontiers son concours de divers côtés pour des remplacements dans le ministère paroissial. Peu à peu sa forte santé s’affaiblit. A partir du 13 mars 1979, il ne quitte plus son lit et l’on commence à avoir de la peine à le comprendre. Il rend le dernier soupir, le 19 juin 1979. Les obsèques sont célébrées le 22 juin, présidées par un de ses anciens élèves, le P. Assen karaguiosov. Le P. Canisius est inhumé dans la chapelle funéraire de la communauté.

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Documents Assomption, Nécrologe (1) 1975-1980, p. 80-81. Lyon-Assomption, avril 1980, n° 65, p. 13-16. Lettre du P. Canisius Louis au P. Wilfrid Dufault, Marseille, hôpital Sainte-Marguerite, 20 juin 1966. Dans les ACR, nombreuses correspondances du P. Canisius Louis (1923-1970), rapports sur Kadi-Keuï (1949-1961), articles sur la Bulgarie, relations sur les années de guerre passées en Bulkgarie (1947), sur l’Assomption à Belgrade dans revues: De Schakel, Unité chrétienne, Missions de l’Assomption