Religieux de la Province de Bordeaux. Une intelligence interrogative et une intuition de poète. Né à Douarnenez (Finistère) le 27 février 1888, Yves- Corentin-Marie Le Berre garde toute sa vie les images observées de la mer où à la tempête succède le calme et où la lumière finit toujours par triompher des sombres nuages. Ses
Il dirige le groupe d’alumnistes provisoirement installés à Arras (Pas-de-Calais) de 1925 à 1926. Il a acquis partout la réputation d’un maître littéraire, d’un orfèvre de la répartie et d’un acteur doué pour le théâtre. En 1926, le P. Cécilien vient succéder au P. Marie-Félix Dufau à l’alumnat de Saint-Maur (Maine-et-Loire) où l’on vient de déplorer en juillet la double noyade du Frère Pierre-Rogation Sorel et du jeune Yves Rengoat. Le P. Cécilien est célèbre pour ses tics ou ses mimiques originales, ses remarques pleines d’humour et ses conseils spirituels toujours appropriés. Il sait gagner l’intérêt par la jeu et affectionne les leçons de chose. Excellent nageur, il traverse la Loire, toujours coiffé de son chapeau de paille. Il associe le Frère Jeanson au secrétariat de la revue de l’alumnat et assure ainsi la prospérité financière de l’?uvre. Après 1929, le P. Cécilien supporte de fréquents changements: de Laleu (Charente- Maritime) en 1930, il vient enseigner à Melle (Deux-Sèvres) en 1931, puis à la maison de vocations tardives de Saint-Denis (1934-1936), avec un séjour à Lorgues en 1935. Il fait une année à la cure de Notre-Dame de Salut à Bordeaux-Caudéran (Gironde) en 1937. En compagnie du P. Vignes, il prêche une mission à Ibos (Hautes-Pyrénées) d’où il va garder le surnom chantonnant d’Ibos. Layrac (Lot-et-Garonne) est son port d’attache entre 1938 et 1946. Son séjour commence par un an d’enseignement auprès des jeunes bacheliers. Il y célèbre ses 25 ans de sacerdoce en 1943, entouré de condisciples de 1918. En 1946, le P Régis Escoubas, Provincial, propose au P. Cécilien un nouveau changement pour une aumônerie à Rueil- Malmaison (Hauts-de-Seine), dans une maison dirigée par des religieux canadiens. Il émigre avec elle à Gargenville, près de Mantes (Val-d’Oise). Avec humour et poésie, il sait évoquer le jaillissement des fontaines et le murmure des ruisseaux, rappelle en historien le séjour de l’impératrice Joséphine, ses promenades sur l’étang de Saint-Cucufa, en compagnie du tsar de Russie, Alexandre ler. Soucieuse de son élégance, Joséphine, restée en robe de soirée, prit froid et mourut trois jours après, le 29 mai 1814, à 51 ans. En 1950, il est question pour le P. Cécilien d’un poste d’aumônerie chez des S?urs à Moncuq (Lot). Devancé par un autre, alors que ses malles y sont déjà arrivées, le Père accepte de résider au noviciat de Pont-l’Abbé- d’Arnoult (Charente-Maritime). Il trouve son épanouissement et une saine occupation à rédiger un bulletin de quête, Saint-Antoine de la Chaume, pour subvenir aux frais du noviciat. Orateur des grandes occasions, levant facilement le verre, il fait partie de l’encadrement de la maison, apportant une note joyeuse, insouciante et parfois insolite. Ses originalités détendent l’atmosphère, d’une note un peu plus forcée, de préférence quand les responsables sont absents. Le 21 novembre 1959 la communauté fête ses noces d’or de profession et il conclut son toast en prophétisant: « Puisque la longévité est surtout un climat du c?ur, si Dieu me laisse vivre aussi longtemps que je voudrais aimer nos jeunes frères, il m’est permis d’espérer atteindre l’âge des noces de diamant ». En 1969, le noviciat de Pont-l’Abbé ferme, faute de combattants. Le P. Cécilien prolonge son séjour jusqu’en 1973 avant de rejoindre Layrac, maison de repos mieux équipée et fonctionnelle. Y, En m’expédiant en la fête de Jean-Baptiste, on décapite la communauté! ». Il meurt à la clinique Saint-Hilaire d’Agen, le 12 mai 1977, à 90 ans.
Bibliographies
Bibliographie et documentation: Documents Assomption, Nécrologe (I) 1975-1980, p. 47. A Travers la Province (Bordeaux), 1977, n° 252, p. 11-18. Voulez-Vous? (bulletin de Layrac), 1977, n° 102, p. 11-12. Dans les ACR, du P. Cécilien Le Berre, correspondances (1912-1963), rapports sur Saint-Maur (1928), sur Laleu-La Rochelle (1929-1930.