Chanel (Joseph) ALLANIC – 1900-1962

Portrait.

Le P. Allanic a tout du religieux
‘populaire’: d’une personnalité originale et fort sympathique, il sait
piquer l’attention par des traits qui volent ensuite de bouche en bouche,
sans blesser. D’ailleurs il est le premier à rire lui-même de ses
mésaventures. Ainsi lorsqu’il veut, à Paris, passer son permis de conduire,
il est sans cesse recalé à l’épreuve de la conduite, à cause de ses
réflexes trop incertains. Persistant ou obstiné, il finit à l’usure par
l’obtenir, mais s’attire cette remarque assaisonnée de l’inspecteur: ‘Mon
Père, vous l’avez enfin ce fameux permis, permettez-moi de vous donner un
conseil: ne vous en servez jamais’. C’est d’ailleurs le
conseil qu’il suivit… docilement. Econduit en 1935 par le maire de
Toulouse auprès duquel il a sollicité une demande d’aide financière pour
faire vivre l’orphelinat grevé de dettes, il comprend ce jour-là que la
Providence n’a rien d’une partialité bornée, elle qui l’a institué
refondateur de l’orphelinat après le curé Julien premier fondateur en 1873
et l’abbé Lassale, heureux de passer la main à l’Assomption en 1924. Bien
que d’un abord plutôt froid, il laisse vite percer cette bienveillance
innée qui est la marque de sa cordialité.

Religieux de la Province de Bordeaux.

Les années de préparation.

Joseph Allanic est né le 23 février 1900 à Guéméné-sur-Scorff (Morbihan). Il entre en 1911 à l’alumnat de Zepperen pour ses études de grammaire et d’humanités sous la vigilante direction du P. Gausbert Broha (1911-1916). En 1916, à Louvain, il prend l’habit assomptionniste: il n’a que seize ans. C’est le P. Possidius qui le reçoit. Il prononce ses premiers vœux en 1918 à Louvain, le jour même de l’entrée en vigueur du nouveau droit canonique et il commence sa formation philosophique qu’il poursuit à Taintegnies de 1919 à 1920. Il est incorporé dans l’armée de 1920 à 1922 où il obtient le grade de sergent, en service au Maroc. A la fin de ses quatre années de théologie (Louvain), il est ordonné prêtre le 25 juillet 1926 à Louvain. Par la suite il obtient à Toulouse une licence en sciences sociales.

Toulouse, Fumel, La Rochelle, Bordeaux.

Le voici à la paroisse Saint-Joseph de Toulouse que l’Assomption a en charge depuis 1919, pour aider le curé le P. Ubbald Guesdon. De là il est envoyé en 1924 à l’orphelinat de la Grande Allée dont le P. Alexis Chauvin est le supérieur. Il compose de nombreuses récollections qu’il met à profit. En 1929, il préside à la fondation de l’école Sainte-Barbe, avant de revenir pour 10 ans à la direction de l’orphelinat comme supérieur (1930-1940). C’est là qu’il donne toute sa mesure en créant dans la maison un esprit joyeux et fraternel, tout en s’occupant de Notre-Dame de Salut, des Petites Sœurs de l’Assomption et du mouvement noëliste. Il fonde l’association des anciens de l’orphelinat. Dans l’été 1940, il est nommé curé de Fumel (]Lot-et-Garonne) pour succéder au P. Casimir Romanet et de là il passe à la sous-direction de Notre-Dame du salut à Paris,

avenue Bosquet (1946), épaulant le P. Régis Saurine, directeur. Le souci de l’animation du pèlerinage national de Lourdes ne l’a jamais quitté, sa vie durant. De 1949 à 1951, il est même nommé au service de la propagande de la Bonne Presse dont il attend avec hâte la ‘libération’. Il gagne tout joyeux La Rochelle en 1951 où lui est confiée la reconstruction de l’église de Laleu, disparue dans les bombardements de 1944. En 1957, il peut présider comme curé-constructeur à l’inauguration de l’édifice enfin achevé, grâce à sa ténacité et à la générosité de ses paroissiens. Ces soucis matériels ne le distraient pas de la tâche principale: former des communautés paroissiales vivantes et missionnaires, grâce aux mouvements, aux œuvres de jeunesse, à l’animation liturgique des chorales. C’est à Laleu en février 1937 qu’il est décoré de la croix de la Légion d’honneur.

En septembre 1960, le P. Allanic reçoit une nouvelle obédience pour Bordeaux-Caudéran, comme supérieur et curé de la paroisse. Il y déploie les mêmes qualités d’énergie, d’animation et de relation qu’à Laleu, sans oublier le National pendant l’été où il aime prier à la place de Bernadette. Cependant, l’âge et la fatigue commencent à se faire sentir.

Les derniers jours.

Le 2 novembre 1962, ayant connu une hypertension, le P. Allanic entre à la clinique Saint- Augustin de Bordeaux pour une opération de décollement de rétine. L’opération réussie le 10 novembre, on s’attend au retour du malade en communauté, mais le 26 novembre se déclare une embolie coronaire foudroyante. Il sombre dans le coma et est administré. Tous les efforts de réanimation se révèlent vains, Son corps, ramené au presbytère, est veillé jusqu’au mercredi 28 novembre. Le lendemain jeudi 29, les obsèques sont célébrées à la paroisse de Caudéran en présence d’une nombreuse assemblée, émue et recueillie. Après la cérémonie, son corps est inhumé dans le caveau de l’Assomption, au cimetière de Caudéran, près des restes du P. Euchariste Boucher et du Fr. Maurice Le Clainche.

Bibliographies

Bibliographie et documentation: B.O.A., juin 1963, p. 206. Lettre à la Famille, 1963, p. 416-419. A travers la Province (Bordeaux), n° 104 (déc. 1962), p. 17; n° 105 supplément (déc. 1902), p; 1-12; n° 109 (mai 1963), p. 3. Lettre du P. Jointer au P. Général, 1962 (non datée), concernant le P. Allanic subitement décédé.