Religieux français.
Avis de recherche pour un religieux ‘disparu’.
En janvier 1948, la très officielle Lettre à la Famille lance un avis de recherche auprès de ses lecteurs concernant un religieux défunt, Chérubin Belliot, décédé dans sa famille le 7 décembre 1904 à Céaucé dans l’Orne, profès in articulo mortis d’après une lettre du P. Emmanuel Bailly. Ce nom n’apparaît en effet dans les listes des nécrologes qu’après la seconde guerre mondiale, d’où l’étonnement. « Qui pourra nous aider à éclaircir ce mystère? ».
Et facta est lux.
Le P. Arnaud Arnaud (1888-1976) qui fut in illo tempore un condisciple de ce Chérubin Belliot peut évoquer ses souvenirs suivants dans la Lettre à la Famille du 15 janvier 1948:
« Le Fr. Chérubin Belliot, mort le 7 décembre 1904, était un jeune novice venant du monde qui, poitrinaire, fut renvoyé dans sa famille pour y mourir. C’était un jeune homme très distingué et d’une piété remarquable. Une notice assez longue a paru sur lui dans l’Assomption d’alors. Le P. Benjamin [Laurès], son maître des novices, doit bien se souvenir de lui. Je ne peux dire avec certitude s’il prit 1’habit avec nous le 18 septembre ou un peu après, mais il fut admis, je pense, à faire ses vœux sur son lit de mort ».
Après recherches des mémorialistes.
La Lettre à la Famille peut en plus joindre à ces quelques renseignements tirés de la mémoire humaine le fruit de ses propres recherches d’après les Registres et Ephémérides de l’époque:
« André Belliot, venu du Petit Séminaire de Séez (Orne), entra au noviciat de Louvain le 6 août 1904.
Notices Biographiques A.A Page : 225/225 Le nouveau postulant, qui avait pris le nom de Fr. Chérubin, était né en 1883. Sa santé chancelante l’empêcha de prendre part à la vêture du 18 septembre 119041. Il fut rendu à sa famille et reçut du P. Emmanuel [Bailly] l’autorisation de prendre 1.habit religieux et de prononcer ses vœux in articulo mortis. Il mourut le 7 décembre 1904, laissant à ceux qui le connurent une impression de vraie sainteté. Donc, Fr. Chérubin Belliot: 1883-1904 ».
Recours au témoignage du Fr. Chérubin, vivant.
L’Assomption du 1er mai 1905 nous permet d’évoquer la figure de ce ‘postulant-novice’ puisque la revue a effectivement consacré à sa mémoire six pages de textes, extraits en grande partie des carnets de notes personnelles du jeune homme, recueillis par sa famille à sa mort et transmis ensuite à la Congrégation. Qu’on nous permette de les résumer ici, moins sous la forme hagiographique tant prisée à l’époque que sous celle d’une fiche biographique:
André Belliot est né en 1883 à Céaucé (Orne). Il entre avec son frère aîné, Benjamin, au Petit séminaire de Séez en 1896. Déjà gravement malade en 1903, il se rétablit suffisamment pour demander à entrer dans la famille de l’Assomption dont il a fait connaissance par le Fr. Marie- Félix Dromré. Sa famille très pauvre marque quelque réticence. Pour gagner l’argent du voyage qui doit le conduire à Louvain, il accepte un professorat dans une famille. André peut enfin, selon son désir, franchir la porte du noviciat à Louvain le 6 août 1904. Il aurait aimé être appelé Fr. Marie-André, mais il reçoit le prénom religieux de Chérubin. Il suit la retraite préparatoire à la prise d’habit en septembre, mais, à cause d’une santé toujours déficiente, il lui est signifié le refus d’une admission immédiate pour un report indéterminé. Il perd son frère Benjamin, sans doute tuberculeux comme lui, et rentre en famille où il ne larde pas à mourir à 21 ans, le 7 décembre 1904, précédant de peu son père dans la tombe (janvier 1905). Ses notes manuscrites, recueillies à sa mort, donnent l’écho d’une vie spirituelle élevée et de sentiments tant familiaux que religieux délicats, presque candides.
Page : 226/226
Bibliographies
Bibliographie : L’Assomption, 1905, n° 97, p. 4; n° 101, p. 72-77. Lettre à la Famille 1948, n° 40, p. 4; n° 42, p. 12. Notice biographique par le P. Marie-Alexis Gaudrefroy.