Christian Rouat – 1934-2018

Pour Christian, tout commence le 29 octobre 1934 à Collorec, près de Landeleau, petite bourgade finistérienne où Christian vivra sa jeunesse. C’est la naissance du prénommé Jean-Louis, baptisé le jour même. Il sera l’aîné d’une famille de 6 enfants dans le foyer de Jérôme François Rouat et de Marie Louise Guichoux, une famille chrétienne à la porte largement accueillante. Le papa est ébéniste de bord de mer de Concarneau et travaille les meubles. La maman, ménagère, fabrique des chaises d’église. Enfant, Christian avec ses frères et sœurs, copains et copines, passe ses vacances à ramasser du jonc dans la rivière, à le faire sécher. La maman est bien connue du clergé finistérien pour son beau travail de chaisière. Le Père Guénégan, Père Ephrem, connaît la famille et y passe assez souvent, ainsi qu’à l’école libre de Collorec où Christian est élève, école tenue par les Frères des écoles chrétiennes. En 1948, à 14 ans, il suivra les pas du Père recruteur. Il entre à Saint-Maur (petit séminaire assomptionniste près d’Angers) en 5e, puis en 1950, il arrive à Cavalerie, en Prigonrieux (Dordogne). Au terme des études, baccalauréat en main, Christian opte pour l’Assomption. Il prend l’habit à Pont-l’Abbé-d’Arnoult (Charente Maritime), le 18 octobre 1953, prononce ses vœux le 19 octobre 1954. Puis il va compléter ses études secondaires à Valpré, près de Lyon, durant l’année scolaire 1954-1955. Étape nouvelle. Christian arrive à Layrac, alors notre grand séminaire à la rentrée de 1955. Réformé pour le service militaire, il commence la philosophie et enchaîne la théologie de 1957 à 1959. Cette dernière date (1959) est celle de l’ouverture d’un nouveau scolasticat à Valpré. Christian rejoint cette fondation. Il est ordonné prêtre en fin d’année scolaire, le 29 juin 1961, dans la cathédrale Saint-Jean à Lyon par son Éminence le Cardinal Gerlier. Il restera une année encore à Valpré pour une année dite « année pastorale ». Mais Christian, doué pour les lettres, est attiré par l’enseignement. Les supérieurs lui donnent du temps pour se former dans ce domaine. Ainsi, il vient suivre des cours aux facultés de lettres de Toulouse, en communauté à Toulouse-Demoiselle : 1962-1963. Puis, nommé à Cavalerie comme professeur, il poursuit ses études supérieures de lettres à Bordeaux, tout en assurant ses cours à l’alumnat. Il couronne ses études par un baccalauréat et une licence de lettres en 1965. Le voici prêt pour un enseignement à plein-temps. Ce sera au lycée Saint Caprais, à Agen. Il y restera de 1966 à 1988. Des anciens élèves de la région nous disent combien il était estimé par ses élèves pour les cours de français. Ainsi s’est-il attaché à de nombreux jeunes qui lui ont demandé de bénir leur mariage ou de baptiser les enfants. Lui-même nous disait y avoir vécu du bon temps. En 1988, Christian est nommé à Lyon-Debrousse. Il occupera la fonction de responsable de voyages Notre-Dame-de-Salut, au comité de Lyon. Dans la bibliothèque qu’il nous laisse, il y a un rayon conséquent de livres et de notes qu’il travaillait, pendant les vacances entre deux baignades. Nombreux sont les pays où Christian a conduit des pèlerins. Nombreuse en retour la correspondance de remerciement pour la richesse culturelle, la simplicité et le sourire de l’accompagnateur. En 2000, il est nommé curé « in solidum » (solidaire) à Montmirail dans la Marne. Il y restera peu de temps. Dans cette ville où passèrent des hommes célèbres, tel saint Vincent de Paul, Christian croise le P. Pharisier, un bon appui pour lui. Il le retrouve à Layrac, toujours plein d’admiration pour ce religieux. En 2002 une lettre d’obédience le destine à la communauté de François-Ier (Paris), comme économe. Dès 2005, il est appelé à seconder le P. Jean Exbrayat au Prieuré de Layrac, auprès des frères âgés, puis il accepte la responsabilité de supérieur, de 2007 à 2012, tout en poursuivant des activités de pèlerinage. C’est beaucoup à la fois et les choix à faire sont difficiles. Il retrouve quelque temps la pastorale, en rejoignant la communauté de Saint-Exupère à Toulouse, en 2012. L’usure de l’homme, miné par le diabète, pousse les supérieurs à le faire revenir à Layrac où il trouvera davantage de repos, en 2015. Tant qu’il le pourra, il visite les frères de l’Ehpad, les promène dans le parc, porte la communion. Parfois cependant le doute le ronge, il s’inquiète de savoir quoi faire, que dire. Les forces déclinent. En conseil, il nous faut admettre qu’il sera mieux suivi médicalement à l’Ehpad. Il y entrera le 4 avril, fera deux courts séjours à l’hôpital et restera affaibli, de ne plus manger. Il résistera encore et mourra samedi 19 mai, à 19 h 00, en paix. Plusieurs frères l’ont accompagné spontanément et prié près de lui, jusqu’à son dernier souffle.

P. Noël Le Bousse

Bibliographies