Religieux de la Province de Paris.
Une voie longuement cherchée.
Robert-Emile-Eugène Hérelier est né le 17 juillet 1897 à Paris (Seine). Très discret, il est peu prodigue de confidences sur sa famille. On sait seulement qu’il conserve sa mère très aimée jusqu’en 1959 à Champigny-sur-Marne (Val-de-Marne) et qu’il a trois frères dont le dernier, son jumeau, l’a de peu précédé dans la tombe. Il fait ses études primaires à l’école primaire, rue Madame et fréquente le patronage Olier, de la paroisse Saint- Sulpice. Durant son adolescence, il fait, sans doute, des études techniques puisqu’en 1919, son service militaire achevé (1916-1919), il est admis au Conservatoire des Arts et Métiers, section électricité et qu’il en sort après trois ans d’études, dûment diplômé. De 1922 à 1931, Robert mène une vie professionnelle dont on ignore les étapes. On sait seulement qu’il est quelques années représentant des huiles Antar et qu’à ce titre il voyage dans la France entière. Observateur attentif et doué d’une étonnante mémoire, il conserve des souvenirs précis des villes visitées. En 1926 à Conquières (Vaucluse), il contracte mariage avec une jeune fille protestante. Il regrette très vite cette union, en 1927 la séparation des corps est prononcée et en 1931 le divorce par le Tribunal civil d’Orange. En 1931-1932, il fait un premier essai de vie religieuse chez les Capucins à Saint-Etienne (Loire), puis chez les Lazaristes (1932-1933), enfin au séminaire d’Offrémont (Oise), tenu par les Pères des Missions Africaines de Lyon. C’est à l’Assomption que Robert trouve sa voie. Il prend l’habit le 1er août 1935, 38 ans, au noviciat des Essarts (Seine-Maritime) où il prononce ses premiers v?ux, le 2 août 1936, sous le nom de Frère Christophe. Il y apprend très vite l’art de la reliure et, en professionnel averti, il initie les jeunes frères convers qui lui sont confiés aux multiples travaux intérieurs.
Médaille de Vermeil.
Sa profession perpétuelle est datée du 2 août 1939 à Perpignan (Pyrénées-Orientales).
Résidences et emplois.
Le Frère Christophe est placé d’abord au service des apprentis à l’orphelinat d’Arras (Pas-de- Calais), de 1936 à 1939, puis à l’alumnat de Soisy-sur-Seine (Essonne) de 1938 à 1939, pour la surveillance de la construction du nouveau bâtiment. Perpignan le requiert de 1939 à 1948, avec de courts séjours à Clairmarais (Pas-de-Calais) et Arras, pour l’installation de l’électricité, après les ravages dues à la guerre. On sait qu’il passe ensuite de longues années au service de Notre-Dame de France à Jérusalem où sa connaissance des installations électriques est très précieuse, surtout après les dégradations dues à l’occupation militaire de la maison. C’est le diabète qui est cause de son retour en France, un diabète qui provoque peu à peu une cécité complète irréversible. Cet homme à forte carrure, grand de taille, volontaire, ne perd pas courage pour autant. En 1953, affecté à la maison de la rue François 1er à Paris, il se décide à 56 ans à apprendre le Braille. On l’accompagne à l’institution des jeunes Aveugles, fondée par Valentin Haüy, pour qu’un vieux professeur en retraite, M. Fichaux, l’initie à la lecture et à l’écriture tactiles. Il acquiert rapidement une virtuosité remarquable qui lui permet de lire revues et livres destinés aux aveugles et édités par des organismes internationaux. Grâce à la radio, aux conversations, aux promenades dans Paris qu’il connaît aussi bien que le guide Michelin, le Frère Christophe demeure ouvert aux réalités de la vie et à ses transformations, ne se repliant aucunement sur sa nuit. Il continue à faire de la reliure pour l’Institut byzantin, cousant d’une manière impeccable les cahiers qu’on lui présente dans l’ordre, ne négligeant pas la prière et servant la messe aux religieux qui se succèdent à la chapelle. Homme de caractère, parfois de contact rugueux, il sait se rendre utile auprès des malades et rendre à tous les services que son handicap lui permet. Grand travailleur, il surmonte son épreuve avec courage et esprit surnaturel. Il meurt à Paris le 18 septembre 1968 et est inhumé au cimetière de Montparnasse.
Bibliographies
Bibliographie et documentation: B.O.A. juin 1969, p. 303-305. Paris-Assomption, octobre 1968, n° 114. Dans les ACR, une lettre du Frère Christophe Hérelier au P. Gervais Quenard, 1960.