Religieux d’origine dalmate, de citoyenneté turque.
L’orphelin, enfant de la Mission.
Alfred est né le 27 février 1867 à Constantinople (Turquie), de parents tous deux d’origine étrangère, portiers à l’ambassade russe: Casimir Alexiteh est dalmate et Marie Caporali italienne. Très jeune, il perd ses parents et, orphelin, il est recueilli par les religieux assomptionnistes d’Andrinople, notamment le P. Galabert, qui le préparent à sa première communion à Karagatch, tout en commençant l’étude du français et du latin. Il poursuit sa scolarité à l’Assomption, d’abord à Stamboul en 1883 (Koum-Capou) puis à Phanaraki. C’est ‘l’enfant de la mission’, comme le surnomme le P. Maubon alors en poste à Koum-Capou. Il reçoit l’habit religieux le 6 août 1890, à Livry, noviciat assomptionniste alors dans le département de la Seine-et-Oise, banlieue est de Paris, aujourd’hui en Seine-Saint-Denis (93). On sait seulement qu’il est venu en France en juillet 1890 avec quelques compatriotes ou confrères, compagnons d’armes en Orient: Victorin Bossu, Barthélémy Schiskov et Méthode Oustichkov. C’est à Livry qu’après deux ans de noviciat il prononce ses vœux perpétuels le 6 août 1892, selon la coutume de l’époque.
Une formation interrompue par une maladie inexpugnable et une mort précoce.
Sur place, il se prépare à la formation cléricale. Il reçoit les ordres mineurs et le sous-diaconat à Livry les 7 août 1892 et 15 août 1893 des mains de Mgr Livinhac, achevant une année de philosophie et ayant été éprouvé par la mort brutale d’un jeune condisciple de 19 ans, le fr. Marcien Murcowitch, enlevé en quelques semaines de phtisie galopante. Au mois de septembre 1893, Chrysostome est envoyé à Taintegnies en Belgique, interruption pratiquée volontairement pendant les études pour un stage d’initiation dans des maisons d’œuvres.
Sa santé s’y révèle déjà fragile; son entourage est frappé de sa maigreur; les médecins tablent sur une faiblesse nerveuse. Il revient donc à Livry en octobre 1894. A Paris, il rencontre dans une courte entrevue le P. Emmanuel Bailly en instance de départ pour Rome, lequel rapporte la scène: « Il me paria seulement quelques instants, mais avec une telle conviction de sa mort prochaine que j’en demeurais frappé; sa mine, son aspect de faiblesse et d’épuisement donnaient de l’évidence à son pressentiment. En me quittant, il me remercia, me serra la main et me dit: ‘Alors, c’est fini, je ne vous reverrai plus? … « . Mais ne pouvant guère étudier à Livry, Chrysostome passe beaucoup de temps en adoration à la chapelle. Il étonne par ses qualités de patience et de douceur, supportant la souffrance en silence, se conformant docilement aux prescriptions médicales et accomplissant avec régularité tous les exercices de sa vie religieuse. Mais le voyant de plus en plus fatigué, le jeudi 27 décembre 1894, par une belle journée ensoleillée, le P. Athanase Vanhove, supérieur et maître des novices, le conduit chez le docteur traitant, le Dr Lefebvre. Celui-ci diagnostique les symptômes de la fièvre typhoïde. Au retour, Chrysostome s’alite; la maladie suit son cours même si le médecin se fait rassurant en affirmant que le malade ne court aucun danger imminent. Le 31 décembre, le P. Athanase vient présenter les vœux de bonne année de la part de la communauté au malade; celui-ci fait encore bonne figure. Mais dans la nuit du 31 décembre au 1er janvier 1895, le malade appelle vers 4 heures du matin l’infirmier: une hémorragie interne s’est déclarée. Un Père en adoration nocturne à la chapelle accourt et n’a que le temps de donner au malade une dernière absolution. Le Fr. Chrysostome s’éteint sans bruit. Il est enterré le 2 janvier 1895 à Livry, dans la propriété où a été aménagé un cimetière où repose déjà le jeune Marcien Murcowitch. Après les expulsions de 1901, les corps des religieux reposant à Livry furent tous transférés au cimetière parisien de Montparnasse.
Bibliographies
Bibliographie et documentation: Souvenirs, 1885, n°198, p. 1-2. Lettre du P. Picard au P. Vanhove, annoncant la mort du frère Chrysostome, le 1.01.1895. Circulaire P. Picard, janvier 1895, n°76 (édition t.II, B.P., p50). Lettre du P. Emmanuel Bailly au noviciat de Livry, le 4 janvier 1905. Notice biographique par le P. Marie-Alexis Gaudefroy. Lettre des alumnistes de Clairmarais au P. Picard, le 3.01.1895.