Claude ALLEZ – 1866-1927

Portrait.

Cet homme très affable, souriant, au tempérament artiste, cache une
détermination sans faille et
une qualité d’observation d’une grande finesse.
Pour animer l’œuvre d’une vie, l’ensemencer avec tant de oeur et la faire
grandir, il lui faut
agir avec un sens apostolique profond, un don d’adaptation constante et une
sagesse organisatrice qui ne doit rien à l’improvisation.
Pourtant le P. Claude sait garder cet abord modeste et toujours candide qui
en fait un délicieux confrère en communauté. On dirait qu’il vit
constamment dans l’enveloppe du mystère de
Noël, mystère d’enfance et de jeunesse, de grâce et de charme, qui convient
à merveille pour résumer sa vie, tant du point de vue humain que du point
de vue spirituel. Il y a en lui tant de simplicité, de fraîcheur et de
délicatesse qu’il se trouve dans son élément au sein du Noël comme dans une
famille d’esprit et de vie, reflétant naturellement son empreinte, L’homme
est spirituel, sa pensée et son influence d’une tenue attrayante et
étudiée.
On peut dire de lui qu’il vit selon cette liberté évangélique qui élève
sans peser.

Religieux français.

Un enfant du Midi devenu parisien.

Claude Allez est né le 1er août 1866 à Bouillargues dans le Gard. Son éducation se fait dans les alumnats du Vigan (1879-1881), d’Alès (1881-1882) et de Clairmarais (1883-1884). Il entre au noviciat sous la direction du P. Alfred Mariage à Paris en septembre 1884 (prise d’habit des mains du P. Picard, à la chapelle de la rue de Lübeck), avant de se rendre à Osma en Espagne où le noviciat est dirigé par le P. Emmanuel Bailly (1884-1886). Il a la joie de faire sa profession perpétuelle à Avila, pendant le fameux pèlerinage des novices le 18 septembre 1886, avant d’entreprendre ses études de philosophie et de théologie à Rome (1886-1890). De ces séjours en pays latins, il garde une bonne connaissance des langues italienne et espagnole. A Rome, à la Minerve, il obtient un doctorat en philosophie et une licence en théologie. Il est ordonné prêtre le 21 septembre 1889 à Livry. Le voilà prêt pour entrer dans la maison de la Bonne Presse (1890), à Paris qu’il ne va plus quitter sa vie durant. Le Père Claude Allez est le neveu d’une des premières Oblates, Sœur Victorine Allez.

Fondateur de publications et de mouvements pour la jeunesse.

C’est tout d’abord dans les services de l’imagerie et des illustrations qu’il s’initie à l’art de la communication populaire où brille déjà son talent pour le dessin. En juin l896 il prend la direction de la revue du Noël, fondée en mars 1895 par le P. Vincent de Paul Bailly qui voulait aussi s’adresser aux enfants: l’investiture a lieu sans cérémonie ou autre préparation. « A partir de demain, vous ferez le Noël! ». On peut dire que ce choix fut des plus heureux: le P. Claude se donne tout entier dès le premier jour à ce qui est non seulement un travail de presse

mais un authentique mouvement clé Formation spirituelle pour la jeunesse. il devient l’âme de ce journal pour enfants, sous l’inspiration et l’idéal de L’Enfant de la crèche. Par humilité, il signe les articles du pseudonyme ‘Nouvelet’, alors que son prédécesseur, l’abbé Chardavoine futur Père Eutrope, avait choisi ‘Noël’ et c’est sous ce patronyme qu’il devient non seulement connu, mais aimé par toute une jeunesse avide de culture, de foi et d’engagement chrétien. Le mouvement noëliste devint très vite d’ailleurs une pépinière de vocations religieuses et un berceau de militantisme apostolique pour la jeunesse féminine. Car de la constellation des revues du Noël, adressées progressivement à des milieux particularisés, naît aussi dans le même esprit une pléiade de mouvements et de foyers de vie qui s’en réclament: comités noëlistes, union noëliste, schola, académie… aux moyens d’action et d’influence les plus divers, mais toujours marqués au coin de cet esprit de jeunesse enthousiaste et généreux que condense le Memento-Noël. Pendant trente et un ans, le P. Claude s’identifie à cette œuvre qui, partie comme le grain de senevé, devient un arbre immense. Souvent il sollicite de ses supérieurs des aides ou collaborateurs, mais aucun ne peut y être engagé à long terme, avant l’arrivée du P. Marie-Etienne Point en 1922 qui prendra la relève après 1927.

Le partage des ‘tribulations’ de la communauté assomptionniste parisienne.

Le P. Claude est associé tout naturellement à l’apostolat de la Communauté rue François 1er: la presse bien sûr, mais aussi l’activité de la chapelle Notre-Dame de Salut pour laquelle il s’ingénie à trouver des fonds lors de sa reconstruction en 1898-1899, l’animation de plusieurs communautés religieuses, la prédication de retraites … Mais le 11 novembre 1899, le gouvernement perquisitionne les locaux de la Communauté et de la Bonne Presse. Condamné au procès des Douze en 1900, le P. Claude doit vivre en isolé et changer plusieurs fois de domicile jusqu’en 1923. Déjà malade en 1916, il décède le 26 décembre 1927 chez les Augustines de la rue de la Santé. Il est inhumé à Paris.

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Lettre à la dispersion n° 252 (1927), p. 329-331; n° 254 (1928), p. 1-5; n° 256, p. 17-24; n° 258, p. 33-48; n° 259, p. 51. Polyeucte Guissard, Portraits Assomptionistes, p. 213- 227. Notice biographique par le P. Marie-Alexis Gaudefroy. L’Assomption et ses œuvres 1928, n° 319, p. 17-20; n° 329, p. 195-199. Geneviève Duhamelet, Nouvelet (le P. Claude Allez) et le mouvement noëliste, B.P., 1937, 230 p. Le P. Claude Allez est l’auteur de plusieurs ouvrages dont le livre Centenaire des Religieuses Augustines du Sacré-Coeur de Marie, Paris, 1927; le Servant de la messe basse, édit. du sanctuaire, 106 p. et Memento-Noël (manuel à l’usage des Noëlistes), B.P., 1915, 208 p. Il a écrit dans les revues suivantes: les Souvenirs (de 1891 à 1900), le Noël, l’Étoile noëliste, l’Echo du Noël, Ma Maison, le Sanctuaire, Bernadette. Article ‘Union noëliste’ dans Catholicisme, 1997, fascicule n° 70, col. 508-511.