Claudien (Edmond Eugène) BRUNEL – 1879-1957

Jubilé d’or brunélien 1er mai
1954.
‘Apéritif Saint Raphaël. C’eût été plus expéditif et, à tout prendre, plus
normal pour l’ange chargé de Tobie de lui remonter le moral avec un tel
apéritif.
Entrée: délices St François. Pour nous comme pour lui l’entrée est donc
pareille ! Les délices pour nous seront comme pour lui: l’Amour du Christ,
l’amour de nos frères et puis: l’hymne à la joie épanouissant ces
merveilles. Poisson. Fruit de nos pêches miraculeuses que ce colin
d’onctueuse saveur soit un modèle aux âmes vertueuses: laissons-nous
prendre aux
filets du Sauveur.

Poulet. Martyr des grils et des broches, St Laurent de nos basses-cours! Tu
nous es un constant reproche de ne pas nous laisser mettre à point chaque
jour.

Pommes de terre. Aliment simple et bon, frites ou rissolées, plat résistant
des pauvres, des ascètes! Ne manque pas aux tables désolées, laisse-toi
mettre à toutes les recettes. Asperges. A la table du
pauvre, à la table des rois, vers l’une et l’autre la leçon converge: bon
caractère et bon goût, ô asperge, de te laisser prendre avec les doigts!
Fromage. 0 roi de nos
banquets simples ou solennels! Toi sans qui le bon vin perdrait de son
arôme, qui
dégages en nous avec ou sans poire le toast chaleureux et l’accent
fraternel…’

Religieux de la Province de Lyon.

En Occident comme en Orient.

Eugène naît le 21 novembre 1879 à Bolbec, une agglomération industrielle sur la route de Rouen (Seine-Maritime). Muni de son certificat d’études, il fréquente un an les écoles parisiennes. En 1892, il entre à l’alumnat de grammaire de Taintegnies (Belgique) . En 1894, il se trouve à Clairmarais (Pas-de-Calais) pour les humanités (1894-1896). A la suite de la retraite d’élection, Eugène opte pour le noviciat installé à Livry: il y prend l’habit le 6 septembre 1896 avec 28 compagnons. Un an plus tard, le 6 septembre 1897, il prononce ses premiers vœux et, le 6 septembre 1898, ses vœux perpétuels. C’est à Jérusalem, de 1898 à 1904, que Eugène, devenu Frère Claudien, se prépare au sacerdoce. Il est ordonné prêtre par Mgr. Picardo, patriarche latin, le 1er mai 1904. Il a eu le loisir de parcourir à pied tous les sanctuaires de Palestine et de prendre goût aux excursions archéologiques. Celle du 4 au 26 juin 1903 en Transjordanie s’est révélée fertile en découvertes: les religieux font la chasse aux inscriptions gravées sur les bornes militaires qui jalonnaient autrefois la route romaine de Damas à Pétra. Un jour, vers midi, sous un soleil ardent, en plein désert, le P. Germer-Durand déchiffre: « Wobalath, fils de Zénobie, reine de Palmyre ». Il faut ensuite plusieurs heures de travail pour dégager la colonne… Le P. Claudien commence son apostolat par une année de professorat au collège de Varna (Bulgarie): 1904-1905. En 1905 lui est confiée à Koum-Kapou la direction de l’école ouverte à toutes les confessions (1905- 1908). Il passe ensuite une année à Kadi-Keui (1908-1909) et devient supérieur de la mission de Brousse (1909-1914), ancienne capitale de l’empire ottoman située au pied du mont Olympe d’Asie. La grande guerre 14-18 ramène le P. Claudien en France:

pendant six mois il rend service à la chapelle de Bordeaux-Caudéran (Gironde), puis il est demandé comme professeur au collège de Nîmes (1915-1919). En même temps, il fait fonction de curé du petit village de Cabrières (Gard) et d’aumônier chez les Petites-Sœurs de l’Assomption. Sitôt l’armistice signé, il retourne à Brousse en Asie Mineure où il tombe en pleine guerre gréco-turque. Les Grecs occupent la ville, le Père Claudien sert d’intermédiaire entre les ennemis. Il est même arrêté à la suite d’une confusion, affronte le peloton d’exécution et, en dernière minute, est libéré. Cet incident est l’occasion de rapports aigres-doux entre le haut commissaire de France à Istanbul et son collègue grec. En 1922, le Père Claudien quitte Brousse pour devenir curé de l’église de Chalcédoine à Kadi-Keuï: il y passe deux ans, le temps de s’attirer l’affection des fidèles et de refaire la façade de l’église. 1924 marque le retour définitif du Père en France après 28 années d’Orient.

Le Chapelain de Notre-Dame de Salut.

Le P. Claudien devient en 1924 le chapelain du sanctuaire parisien de Notre-Dame de Salut, rue François 1er. Il va y rester 33 ans (1924-1957): prédications, confessions, retraites, direction spirituelle. Homme remarquable par l’esprit, le caractère et le cœur, il garde une intelligence ouverte, soucieuse de s’entretenir, toujours cultivée au regard de l’actualité. Homme de discrétion et de tact, il conserve la simplicité et la franchise du jugement direct, mais avec délicatesse. On sait ce qu’il pense mais on est sûr de ne pas être trahi par lui. La santé du P. Claudien inquiète depuis longtemps. Il subit de nombreuses interventions chirurgicales. A la fin de l’année 1956, il doit se résigner à abandonner les longues heures de confessionnal et à regarder la liturgie dominicale du haut de la tribune. Le 19 mars 1937, il reçoit le sacrement des malades. Avec une parfaite conscience, il meurt aux premières heures du mercredi 27 mars 1957. Les obsèques sont célébrées le 30 mars en l’église paroissiale de Saint-Pierre de Chaillot, suivies de l’inhumation au cimetière Montparnasse.

Bibliographies

Bibliographie et documentation: B.O.A. octobre 1958, p. 28. L’Assomption et ses œuvres 1957, n° 514, p. 8-11. Lettre à la Famille, 1957, n° 226, p. 37 et n° 227, p. 45-47. Les archives romaines conservent, outre le dossier personnel du P. Brunel, une partie de son importante correspondance (entre 1905 et 1956), une notice histo- rique sur la chapelle Notre-Dame de Salut, rue François Ier (écrite en 1925), des rapports sur Kadi- Keul (1908-1909) et sur Brousse (1909-1914).