Religieux de la Province de France.
Années d’études.
Louis est né le 19 avril 1906 à Melay, canton de Chemillé (Maine-et-Loire) où il fait ses classes primaires (1911-1918). Il est l’aîné de six enfants. Son arrivée à Saint-Maur en 1918 ne manque pas de pittoresque: il porte dans un panier un cochonnet apprivoisé. Après les alumnats de Saint-Maur (1918-1921), de Vinovo (1921-1922), de Miribel-les-Echelles (1922-1923), il entre au noviciat de Saint- Gérard en Belgique où il fait sa première profession le 1er novembre 1924 sous le nom de Frère Clément-Marie. Suivent 3 années de rhétorique spéciale et de philosophie (1924- 1927), le service militaire à Angers (1927-1928) et 4 années de théologie à Louvain (1928-1932) où il est ordonné prêtre le 14 août 1932. A Louvain on lui confie la charge du matériel. Rien ne résiste à ce génial bricoleur: pierre, ciment, électricité, mécanique et surtout la serrurerie. A côté de la bibliothèque se trouve ‘l’enfer’, réduit des ‘mauvais auteurs’ mis à l’index. Les enragés de lecture, pendant les vacances, mettent au défi le Fr. Clément de forcer cette caverne interdite. Sa peccadille est jugée comme un cas pendable, son ordination est différée de juin à août, d’où son surnom de ‘recalé’.
Un enseignant original et raticide.
Le P. Clément est envoyé à l’école Ste-Barbe de Toulouse, alors rue Deville (1932-1936). Il contrôle les études, se fait aumônier scout et aide un curé de la banlieue. Les locaux sont vétustes et délabrés, la nuit les rats sortent des souterrains et causent des dégâts comparables à ceux que décrit Camus dans La Peste. On se procure un fameux ratier, Dax. La conjonction de maître Brunet, de ratières et de Dax réalise des exploits cynégétiques.
Les prisonniers sont voués à la fournaise. Le même sort échoit au feutre usé du P. Clément, enfourné par des farceurs dans la cuisinière… Le P. Clément passe le baccalauréat et Math. Elem. par correspondance, ce qui lui vaut d’être transféré à l’alumnat de Cavalerie (Dordogne) comme professeur de sciences (1936-1946). Il y utilise, dit-on, une méthode plus intuitive que discursive …
Résistance et maquis.
Non mobilisé en 1939, le P. Clément choisit lors du débarquement du 6 juin 1944 de gagner le maquis. Dès 1940, il est en contact avec le réseau du camouflage du matériel: des stocks d’armements et de munitions sont cachés dans les dépendances de l’alumnat et les bois des alentours. Il met tout cet équipement à la disposition du maquis ‘Mireille’ de Saint-Alvère. Le P. Clément encourt bien des dangers, ses confrères connaissent l’angoisse des poursuites. Sa tête est mise à prix. Le Père Clément est grièvement blessé en juillet 1944 lors d’un engagement. Soigné à l’hôpital de Sartat, il est sauvé d’une fouille d’Allemands par le sang- froid d’une religieuse infirmière à qui il doit la vie. Edmond Michelet lui fait attribuer la Croix de guerre et la Légion d’honneur en août 1946. Il est promu Chevalier en janvier 1948 et la remise des insignes lui est faite par le colonel Guiter dans la cour de Sainte-Barbe en juillet 1948.
Jérusalem: 1948-1970.
Après deux ans d’économat au Bld Duportal (1946-1948), le P. Clément est transféré comme économe à Notre-Dame de France à Jérusalem, remplaçant le P. Pascal Saint-Jean malade. On sait que les guerres entre juifs et Arabes ont laissé les bâtiments en piteux état. C’est là que le P. Clément accomplit un travail titanesque, à la mesure de sa légende, au profit d’ailleurs de nombreuses communautés religieuses. Il y est même victime de son dévouement: une année, la veille des Rameaux, il saute sur une mine au fond du jardin de Notre-Dame de France. Il a le courage de se traîner jusqu’à l’hôpital, portant ses entrailles dans ses mains! Il lui est difficile en 1970 de laisser sa charge et de comprendre que la Congrégation ne peut plus envisager de conserver ce bien et ce lieu historiques. Le P. Brunet se retrouve à Layrac (Lot-et-Garonne) en 1971, peu à peu affaibli par des troubles de mémoire et des incohérences de langage. Le 2 mars 1981, il s’égare en promenade dans les bois de Moirax et passe deux nuits à la belle étoile dans les fourrés. En avril 1981, il doit être hospitalisé à La Candélie, hôpital spécialisé pour les cas pathologiques. Il revient à Layrac le 16 novembre 1982 mais c’est pour y mourir, le 19 novembre à 23 heures. Les obsèques sont célébrées le mardi 22 novembre: le P. Lucien Laurent, son ancien compagnon de Sainte-Barbe à Toulouse en 1935 prononce l’homélie. Le Père Brunet est inhumé à Layrac.
Bibliographies
Bibliographie et documentation: Documents Assomption, Nécrologe (II) 1981-1983, p. 67-69. A Travers la Province (France), déc. 1982, n° 25, p. 13-15. Marie Chalendar, Jérusalem Notre-Dame de France (1882-1970, 1984, éditions Téqui, 109 p. Voulez-Vous? (bulletin de Layrac), 1983, n° 123, p. 17-19. Les archives romaines gardent un lot important de correspondances du P. Brunet, entre 1927 et 1970. La plus grande partie, entre 1948 et 1970, a trait à la si- tuation de Notre-Dame de France à Jérusalem, les événements de la région confrontés aux conflits israélo-arabes (1948, 1956, 1967) et aux activités de l’économe.