Clément SARRAU – 1909-1960

Louvain, 1936.
« Ce n’est point par intérêt personnel que je tiens encore à vous dire ce
qui suit, mais plutôt à cause du bien du scolasticat de Louvain, des âmes
qui s’y préparent immédiatement au sacerdoce, du bien de la Province, de la
Congrégation et de l’Eglise. Depuis deux ans que nous sommes sous
l’obédience du P. Aubain [Colette], il n’a réussi
à faire de nous que de jeunes révoltés. Car éduqués dans une crainte
ininterrompue d’arriver à notre idéal sacerdotal, dans une crainte ambiguë
de la part des supérieurs, blancs aujourd’hui et demain noirs, d’un
supérieur qui met toujours son autorité à couvert sous celle d’un Père
Provincial ou Général, ce qui ne cesse de provoquer des mécontentements de
la part de tout le monde. Aussi comme conséquence, nous avons dans notre
communauté pratiquement trois groupes. le supérieur tout seul, le groupe
des professeurs et celui des autres religieux. Certes il y a des choses qui
laissent à désirer de la part des
étudiants: lever, fumage, silence, régularité, lectures, mais n’y aurait-il
pas là une petite excuse, bien que chacun soit responsable de sa propre
vie, quand on peut s’appuyer sur l’exemple de certains de nos
éducateurs.?..».

Notices Biographiques A.A

Religieux de la Province de Belgique. Formation et ministères. Clément Sarrau est issu d’une famille profondément chrétienne du Limbourg belge. Il est né le 25 mai 1909 à Donck, au diocèse de Liège. Après deux années au collège de Donck (1912-1923), ü entre à l’alumnat de Zepperen où il est scolarisé de 1923 à 1926, puis à celui de Sartles-Moines (1926-1928). Le 30 octobre 1928, il prend l’habit au noviciat de Taintegnies, y prononce ses premiers vœux le ler novembre 1929 et s’en va à la maison d’études de Saint-Gérard pour ses deux années de philosophie (1929-1931). Après un temps de service militaire (1931-1932), il est accueilli à Louvain pour ses études de théologie (1932-1936). Il est admis à la profession perpétuelle, émise à Louvain le ler novembre 1932, et il y est ordonné prêtre le 7 mars 1936. De 1937 à 1945, il est employé comme professeur à l’alumnat de Zepperen. En 1945, il passe à celui de Bure où il enseigne le néerlandais jusqu’à sa mort, le 7 septembre 1960, à l’âge de 51 ans, souffrant depuis octobre 1958 d’un cancer qui mine sa constitution pourtant robuste. Le corps du Père Clément repose à Bure près de ceux du frère Théodore, des PP. Camille Lambert et Sulpice Galloy. Personnalité d’un prêtre-apôtre. « Le travail absorbant de l’enseignement n’a jamais fait oublier au P. Clément que le Christ l’a appelé à participer au sacerdoce pour le ministère des âmes. R est prêtre et apôtre dans son enseignement et dans toute sa tâche d’éducateur. Mais en plus, au moindre signe de la volonté de ses supérieurs, il sait lâcher la correction des devoirs et la préparation de ses classes pour se rendre dans quelque paroisse voisine réclamant sa présence. Conscient que le prêtre doit rayonner la bonté du divin Maître, A.A doué d’autre part d’un tempérament qui le met à l’abri de toute forme de timidité, il est plein d’attention à l’égard des adultes, tout en restant paternel avec les jeunes. A l’image du Christ, il veut passer au milieu des hommes en -faisant le bien. Les deux grandes qualités de sa vie, l’énergie et la délicatesse, nous les retrouvons aussi dans sa mission d’éducateur. Professeur exigeant, il est aimé de ses élèves qui comprennent la nécessité de former et d’orner les caractères par une discipline sans défaillance. Un simple geste, un simple regard suffisent pour rappeler aux élèves le chemin du devoir et il semble qu’il doit bien rarement en venir aux sanctions. Mais cette apparente rigidité laisse filtrer la bonté qui attire et le mobile apostolique qui entraîne les jeunes au-dessus de leurs insouciances et de leurs espiègleries. ‘Le religieux est un soldat qui doit combattre ou se reposer sous les armes, selon la voie que son chef lui impose cette consigne, laissée par le Père d’Alzon à ses fils spirituels, est la force du P. Clément au jour de l’épreuve, quand le médecin lui défend formellement de professer. Avec une soumission admirable à la volonté de Dieu ainsi exprimée, il poursuit dans la solitude de sa cellule à servir selon la mesure de ses forces, en veillant à l’application des documents émanants du Ministère de ‘Instruction Publique. Ne voulant rien laisser au hasard, il s’applique dans les dernières semaines à mettre son successeur au courant des mille et une directives ministérielles dont aucune ne lui est étrangère. Le Père Clément aurait pu dire comme saint Paul s’adressant aux chrétiens de Corinthe: ‘Tous les athlètes s’imposent en tout une dure abstinence. Ils le font pour obtenir une couronne qui se flétrit, nous, au contraire, pour obtenir une couronne qui ne se flétrira jamais. Je frappe mon corps à la face et j’en fais mon esclave, de peur qu’après avoir prêché aux autres, je ne vienne à être éliminé moi-mêrne’. A son départ pour les rivages d’éternité, toute la communauté de Bure a senti que c’était l’un des meilleurs parmi les siens qui s’en allait. Nous ne vous quittons qu’en apparence puisqu’en Dieu vous restez avec nous ». Cité d’après jeunesses, Bure, 1961.

Bibliographies

Bibliographie et documentation: B.O.A. octobre 1961, p. 145. Lettre à la Famille, décembre 1960, no 302, p. 466-467. Contacts, octobre 1960, no 113, p. 1-2. Jeunesses (Bure), 1961, no 1, P. 5-7. Lettre du Père Clément Sarrau au P. Gervais Quenard, Louvain, 1936. Notices Biographiques